Au Canada, on n’a d’yeux que pour les vaccins contre la COVID-19 de Pfizer, de Moderna et plus récemment d’AstraZeneca et de Novavax. Mais sur le reste de la planète, COVID-19 rime avec les vaccins russe Spoutnik V et chinois Sinopharm et Sinovac. Qu’en dit la science ?

91 % pour Spoutnik V

Le vaccin russe Spoutnik V est efficace à 91 % a confirmé, mardi, un article publié dans The Lancet, dont les données ont été révisées par des chercheurs indépendants. « Le développement du vaccin Spoutnik V a été critiqué pour sa hâte et son manque de transparence et accusé d’avoir tourné les coins ronds, écrit dans un commentaire dans le Lancet un biologiste de l’Université de Reading, en Angleterre, Ian Jones. Mais les résultats rapportés ici sont clairs, ce qui signifie qu’un autre vaccin s’ajoute au combat pour réduire l’incidence de la COVID-19. » Contrairement aux pays occidentaux, la Russie avait approuvé le Spoutnik V en août dernier, avant que soit entamée la phase III des essais cliniques, prêtant ainsi le flanc à des accusations.

Spoutnik + AstraZeneca = ?

Donnant encore davantage de visibilité et de crédibilité au Spoutnik V, AstraZeneca a annoncé à la mi-janvier une étude clinique commune de son vaccin et du vaccin russe, qui utilisent tous deux la même approche de « vecteur viral ». Les participants recevront le vaccin d’AstraZeneca en premier et le Spoutnik V quatre semaines plus tard, selon une stratégie appelée « rappel hétérologue ». L’étude clinique sera menée par un fabricant russe de vaccins, R-Pharm, qui produit le vaccin d’AstraZeneca pour le Moyen-Orient, la Russie et les Balkans. Un vaccin à vecteur viral consiste à utiliser un virus inoffensif pour transporter des protéines du SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19, et susciter une réaction immunitaire.

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Le vaccin russe Spoutnik V

L’Argentine et l’Allemagne

Début janvier, l’Allemagne a discuté avec la Russie de la possibilité de produire le Spoutnik V en Allemagne pour pallier ses problèmes de production qui ont mené à des retards de livraison en Amérique latine, l’un des principaux marchés du candidat russe. Puis, mardi, la chancelière allemande Angela Merkel a indiqué envisager à la possibilité d’offrir le vaccin russe à ses compatriotes (une fois approuvé par l’Union européenne), alors que les critiques se multiplient sur la campagne d’inoculation allemande, malmenée par les ratés dans les livraisons des autres vaccins. De son côté, l’Argentine a déjà reçu plus de 800 000 doses de Spoutnik V. La Hongrie est quant à elle devenue, mardi, le premier pays de l’Union européenne à recevoir des fioles du vaccin russe, qu’elle a commandé de son propre chef, même si la formule n’a pas encore reçu l’approbation de l’agence européenne du médicament. Mardi, le Mexique a autorisé l’utilisation en urgence du vaccin russe.

Les vaccins chinois

Deux vaccins chinois, ceux de la société Sinovac et de l’entreprise publique Sinopharm, sont utilisés par une dizaine de pays, dont évidemment l’empire du Milieu. Peu de données sur le nombre de doses livrées existent, mais à la mi-novembre, le gouvernement chinois a indiqué que 1 million de doses avaient déjà été injectées. Sur le plan de l’efficacité, les données varient beaucoup d’une étude et d’un pays à l’autre. Sinovac a d’abord rapporté au Brésil une efficacité de 80 % l’automne dernier, qui a été ramenée à 50 % à la mi-janvier par les chercheurs brésiliens. La Turquie a quant à elle annoncé une efficacité de 91 % pour le vaccin de Sinovac, alors que l’Indonésie rapportait 65 %. Sinopharm a rapporté fin décembre une efficacité de 79 %, mais le gouvernement des Émirats arabes unis, où ce vaccin a été déployé, a annoncé une efficacité supérieure à celle promise par le fabricant, de 86 %.

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Des aînés attendent de recevoir le vaccin chinois Sinovac à Istanbul, en Turquie.

Transmission, cas légers et cas graves

Ces chiffres d’efficacité masquent que les vaccins semblent plus enclins à prévenir les cas graves de COVID-19 que les cas de contamination, tous degrés confondus. Celui de Johnson & Johnson, par exemple, réduit de 66 % les cas, tous symptômes confondus, mais de 85 % les cas graves. Le New York Times a souligné lundi que, parmi les 75 000 participants aux essais cliniques de cinq sociétés (Pfizer, Moderna, AstraZeneca, Novavax et Johnson & Johnson), aucun n’est mort et très peu avaient été hospitalisés. En comparaison, chez un groupe représentatif de 75 000 Américains non vaccinés, 150 sont morts de la COVID-19 et plusieurs centaines ont été hospitalisés depuis mars.