(Québec) Le gouvernement Legault a rejeté formellement une demande du Parti québécois visant à rendre publics les nouveaux critères de santé publique derrière son code de couleurs.

Au Salon bleu mercredi avant-midi, le député péquiste Joël Arseneau a présenté une motion déplorant que le gouvernement n’ait pas déposé un tableau actualisé de son système d’alertes régionales et n’ait pas précisé les critères menant à un changement de palier (de la zone rouge à la zone orange, par exemple).

Avec sa motion, le PQ voulait ainsi que « l’Assemblée nationale demande au gouvernement de faire preuve de transparence et de cohérence en rendant public le tableau actualisé avec les critères de santé publique et les mesures sanitaires associées à chacune des zones de couleur du système d’alertes régionales, soit pour la zone verte, jaune, orange et rouge ».

Or, le gouvernement Legault a refusé le dépôt de cette motion – il faut l’accord des partis pour qu’une motion soit déposée, débattue et ensuite soumise au vote. Le leader parlementaire adjoint du gouvernement, Éric Caire, a signifié que la députation caquiste ne donne pas son consentement au dépôt.

Québec présente sur un site web les différentes mesures qui entreront en vigueur pour les zones orange et rouge à compter du 8 février.

Mais les critères précis pour changer de palier demeurent flous. Quand l’une ou l’autre des 11 régions en zone rouge, où vit 90 % de la population, pourrait-elle passer en zone orange ? « Suivez la situation des hôpitaux », indiquait François Legault mardi. En particulier le pourcentage de délestage des interventions chirurgicales. « C’est ça, le critère qui va être important dans les prochaines semaines », ajoutait-il.

« Important », peut-être, mais pas le facteur le plus déterminant et certainement pas le seul, selon ce que l’on a pu constater.

Dans l’ensemble du Québec, les hôpitaux font en moyenne 34 % d’opérations de moins qu’en temps normal (cela signifie qu’environ 700 personnes par jour sont victimes du délestage). Toutes les régions font du délestage – donc aucune, même parmi celles qui sont passées en zone orange, n’est à 0 %.

Or, des régions qui demeurent en zone rouge font moins de délestage que certaines qui sont maintenant en zone orange. Voici les statistiques que La Presse a pu obtenir :

•Saguenay – Lac-Saint-Jean : 44 %

•Outaouais : 40 %

•Montréal : 31 %

•Bas-Saint-Laurent : 28 %

•Capitale-Nationale : 26 %

Bref, le gouvernement tient compte du délestage dans le changement de palier d’alerte, mais d’autres facteurs doivent manifestement entrer en ligne de compte.

« Il y a le nombre de cas, c’est sûr, il y a le nombre d’éclosions, il y a le nombre de cas déclarés actifs, les capacités hospitalières, et aussi, on ne se le cachera pas, la situation dans les zones limitrophes pour éviter des déplacements pour venir réensemencer des zones qui sont adéquates actuellement », expliquait le DHoracio Arruda.

Il ajoutait : « Il y a aussi une menace qui pourrait émerger, même du Québec ou d'ailleurs, ce sont des nouveaux variants. Donc, les nouveaux variants, on fait une surveillance active actuellement. On a huit cas potentiels de la souche de la Grande-Bretagne et ce nouveau variant, on est à le surveiller de façon intensive. Ça, ça pourrait venir changer la donne. En fonction de l'analyse qui va se passer au cours des prochaines semaines, on verra, à ce moment-là, quelles sont les régions rouges qui pourront redevenir à l'orange ».

De son côté, le ministre Christian Dubé reconnaissait que si, par exemple, Québec affiche une tendance à la baisse, « on n’a peut-être pas eu la stabilité dans l’ensemble des indicateurs qui nous permet de changer » la région de palier.

Les régions qui passeront en zone orange à compter du 8 février sont la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’Abitibi-Témiscamingue et le Nord-du-Québec. Il y a très peu, sinon aucun nouveau cas de COVID-19 dans ces régions depuis quelques jours.

Dans une entrevue au quotidien Le Droit, le ministre responsable de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, a déclaré que la région est « vraiment très près […] de passer au orange » et que « ça pourrait arriver dans les deux prochaines semaines ».

« Certes, le nombre de cas actifs, le nombre de nouveaux cas et les éclosions sont considérés. Mais on regarde aussi la capacité de notre réseau de santé et on regarde l'emplacement géographique, dit-il. On est collés sur Ottawa, [il y a] 1,5 million de personnes au total dans notre grande région, donc on ne peut pas se comparer au Saguenay, ce n'est pas la même chose. On ne s'arrête pas juste aux colonnes de chiffres. Il faut aussi exercer un jugement et c'est ce que la santé publique a fait », a-t-il ajouté.

L’Outaouais compte environ 10 nouveaux cas par jour ces temps-ci. Quatre personnes sont hospitalisées, selon les données diffusées par le CISSS de cette région. Il y a une tendance à la baisse à Ottawa, en Ontario, province où l'on s'inquiète par ailleurs de l'arrivée de variants du coronavirus.