Le Canada compte désormais plus de 20 000 décès liés à la COVID-19.

Le pays a dépassé ce cap à la suite de la publication des bilans de l’Ontario et du Québec qui ont respectivement rapporté dimanche 43 et 31 décès.

Depuis le premier décès en mars dernier, les responsables de la santé dans l’ensemble du pays ont partagé leur sombre bilan des victimes de la pandémie.

Sur cette liste funèbre, on y retrouvait des grands-parents, des parents, des mères célibataires et des enfants. Certains soignaient les malades et d’autres trimaient pour s’assurer que les Canadiens continuent à être approvisionnés en produits essentiels.

Beaucoup de ceux qui sont morts vivaient dans des établissements de soins surpeuplés qui ont été durement frappés par les première et deuxième vagues de la COVID-19.

Certaines victimes étaient des pionnières dans leur domaine.

Ainsi de Thelma Coward-Ince, sans doute la première réserviste noire de la Marine Royale canadienne. Cette femme qui a passé sa vie à briser les barrières raciales avant de devenir un pilier de la communauté noire de Halifax est morte le 17 avril après avoir été déclarée positive à la COVID-19.

Curtis Jonnie, mieux connu sous le nom de Shingoose, a tracé la voie pour plusieurs générations de musiciens autochtones. Un survivant du système des pensionnats, cet Objibway de la Première nation anishinaabe de Roseau River au Manitoba, est devenu un incontournable de la scène de la musique folk. Il a joué un rôle déterminant pour convaincre les organisateurs des prix Juno à créer une catégorie pour la musique autochtone dans les années 1990.

L’homme âgé de 74 vivant dans un établissement de soins de Winnipeg quand il a été déclaré positif à la COVID-19. Il est décédé plus tôt ce mois-ci.

« À cause de sa souffrance et de ses expériences de vie, il a apporté une énorme contribution », avait alors déclaré sa fille, Nahanni Shingoose-Cagal.

Des anges pas épargnés

Le milieu de la santé n’a pas été épargné par la pandémie. Des travailleurs de première ligne ont été victimes de la COVID-19.

Laurence Ménard, une mère célibataire, n’était âgée que de 33 ans lorsqu’elle est décédée en mai. La plupart des gens dont s’occupait cette technicienne en travail social rattachée au CLSC de Drummondville vivaient dans des résidences pour personnes âgées.

« Laurence avait beaucoup de caractère, elle avait du cran. Elle était franche et ne tournait pas autour du pot », raconte sa sœur Virginie Ménard.

Huy Hao Dao était un spécialiste en santé et en médecine préventive. Avant son décès, en avril, ce médecin québécois de 45 ans, connu pour son éternel sourire, parlait aux gens atteints par la COVID-19 pour leur demander comment ils avaient attrapé le coronavirus et chercher avec eux ceux avec qui ils étaient entrés en contact.

Le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada avait rendu hommage à cet ancien professeur de l’Université de Sherbrooke, disant qu’il avait héroïquement servi la profession médicale.

« C’est un rappel surprenant que la menace de la COVID-19 est bien réelle », avait alors déclaré le Collège.

Maureen Ambersley travaillait dans une maison de soins infirmiers à Mississauga, en Ontario, lorsqu’elle a été déclarée positive en décembre. Elle est décédée le 5 janvier.

Cette grand-mère de 57 ans, bien aimée de ses collègues, était une figure maternelle pour bien des gens. Elle aimait cuisiner et tricoter pour ses proches. Elle souhaitait aider les gens autant qu’elle le pouvait.

Des travailleurs

La COVID-19 a également frappé des usines, l’an dernier.

Bon nombre de ces personnes infectées étaient des ouvriers venus au Canada à la recherche d’une vie meilleure.

Benito Quesada travaillait dans un grand abattoir au sud de Calgary. Le Mexicain âgé de 51 ans était délégué syndical à l’usine Cargill de High River.

« Il m’a toujours dit à quel point il était fier d’avoir pu amener sa famille au Canada », a déclaré Michael Hughes de la section locale 401 des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce.

M. Quesada, décrit comme un homme calme, doux et humble, était l’un des deux employés de l’usine à mourir de la COVID-19 lorsque celle a touché près de la moitié des 2200 employés, au printemps dernier.

Hiep Bui y a travaillé pendant 23 ans. La femme de 67 ans a rencontré son mari sur un bateau de réfugiés lorsqu’ils fuyaient la guerre du Vietnam.

« Je veux juste que tout le monde se souvienne de ma femme. C’était une femme merveilleuse, très généreuse et très compatissante », a déclaré à l’époque Nga Nguyen, son mari.