(Ottawa) Après une disette de livraison de doses du vaccin Pfizer-BioNTech, la semaine prochaine, le Canada recevra seulement 79 000 doses la semaine suivante, soit celle du 1er février. À Québec, alors que l’on a terminé la première phase de la vaccination en CHSLD, on prévient avoir plusieurs questions pour le gouvernement Trudeau.

Le major-général Dany Fortin a été porteur de mauvaises nouvelles pour la deuxième fois cette semaine ; mardi dernier, c’était lui qui annonçait qu’on ne recevrait aucune dose du vaccin de Pfizer-BioNTech. Car 79 000 doses, c’est une fraction de ce qui était attendu (367 000).

En conférence de presse à Ottawa, jeudi, il a reconnu qu’il s’agissait là d’une réduction « assez sévère ».

La semaine prochaine, aucune dose de vaccin contre la COVID-19 n’arrivera donc au Canada, les livraisons de l’autre vaccin approuvé par Santé Canada, celui de Moderna, reprenant le 1er février comme prévu — les expéditions des doses de ce vaccin se font aux trois semaines.

Comme pour dorer un peu la pilule, le gouvernement fédéral a dévoilé de nouvelles projections en ce qui a trait à la campagne de vaccination. L’objectif demeure de faire vacciner tous les Canadiens qui le souhaitent d’ici la fin septembre.

Mais en incluant l’arrivée de vaccins qui n’ont pas encore été approuvés, par exemple AstraZeneca et Johnson & Johnson, le pourcentage d’immunisation au deuxième trimestre (entre les mois d’avril et juin) passe de 34 % à 61 %.

TABLEAU FOURNI PAR SANTÉ CANADA

Le major général Fortin a plaidé qu’il s’agissait d’un document de planification visant à permettre aux provinces et aux territoires de « s’aligner » sur les quantités évoquées.

Dans un courriel, le fabricant Pfizer affirme que « bien que le pourcentage précis d’attribution de doses puisse fluctuer, Pfizer Canada reste en bonne voie pour atteindre [les] objectifs trimestriels de livraisons au Canada d’ici la fin du premier trimestre 2021 ».

Des questions pour Trudeau

L’annonce du fédéral est tombée après la conférence de presse habituelle de François Legault sur la progression de la pandémie au Québec. Il n’a donc pas pu réagir à ce nouveau retard, mais il avait déjà une liste de questions pour le premier ministre Trudeau, a-t-il dit. Les premiers ministres des provinces doivent s’entretenir avec ce dernier jeudi en fin de journée.

« [L’approvisionnement], c’est en haut de la liste de la rencontre de cet après-midi », a fait valoir M. Legault. « On a tous été déçus que ce soit Doug Ford [premier ministre de l’Ontario] ou les premiers ministres des différentes provinces de la réduction des livraisons qui étaient prévues. Évidemment, nous, on n’a pas vu les contrats, on ne sait pas s’il peut y avoir des pénalités. Est-ce que c’est possible de poursuivre Pfizer ? Possible de forcer Pfizer à livrer ? Ça fait partie des questions qu’on va poser à M. Trudeau », a-t-il résumé.

Entre-temps, la province se réjouit d’avoir complété la vaccination - la première dose - dans les CHSLD avec la vaccination de 34 766 usagers. « Ça, c’est une très bonne nouvelle », a lancé M. Legault.

Le gouvernement québécois a revu en début de semaine son calendrier de vaccination à cause des retards annoncés par Pfizer vendredi dernier. Pour l’heure, Québec maintient le cap sur ses visées d’administrer quelque 225 000 doses d’ici le 8 février prochain. Mercredi, 11 950 doses de vaccin ont été données au Québec, pour un total de 186 210 jusqu’ici. Dans les sept derniers jours, 70 506 personnes ont été vaccinées, ce qui équivaut à une moyenne de 10 072 personnes au quotidien.

Le Dr Horacio Arruda a par ailleurs affirmé « surveiller de près » la vaccination en Israël où un groupe d’hôpitaux israéliens a dévoilé que seulement 33 % des patients vaccinés étaient immunisés 14 jours après la première dose. « On veut être capable d’avoir les données scientifiquement revues par des pairs », a-t-il prévenu. « Il y a deux courants de pensée : il y a ceux qui disent qu’il faut donner les deux doses [plus rapidement] et ceux qui disent qu’on est mieux de donner [la première dose] à plus de monde possible et que ça va sauver des vies. C’est la position […] au Québec », a-t-il souligné.

Le Dr Arruda a aussi rappelé que les cas en CHSLD d’usagers qui ont contracté la COVID-19 après avoir été vaccinés font toujours l’objet d’une enquête pour déterminer notamment leur degré d’immunité au moment où ils sont tombés malades.