Si Montréal connaît une baisse du nombre de cas de COVID-19 depuis quelques jours, la situation demeure préoccupante dans plusieurs autres régions. C’est le cas de la Montérégie, qui a de nouveau recensé près de 170 infections, dimanche, et du Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui devrait basculer en zone orange sous peu.

« Les cas augmentent partout et dans tous les milieux : travail, écoles, milieux de soins, résidences pour aînés, CHSLD, etc. On demande à tous de limiter leurs contacts », prévient une porte-parole de la Direction régionale de santé publique de la Montérégie, Chantal Vallée.

Cette dernière rappelle que les défis sont grands et surtout multiples. « Les cas et les éclosions se multiplient en Montérégie, car les gens ont beaucoup plus de contacts que pendant la première vague. C’est donc plus difficile de joindre rapidement tous ces gens », avoue Mme Vallée. Elle ajoute qu’il est aussi « plus difficile de recruter des effectifs pour aider à [leurs] enquêtes » depuis quelques semaines. « Nous devons clarifier ces messages », reconnaît également la responsable, en parlant des consignes sanitaires en place « qui ont beaucoup changé à travers le temps » en Montérégie.

Mélanie Gignac est présidente du syndicat représentant des infirmières et des inhalothérapeutes dans l’ouest de la Montérégie. Elle soutient que les craintes sont multiples dans ses équipes, alors que la région enregistre une moyenne de 172 nouveaux cas depuis quatre jours. « Ça va aller en augmentant. Et le plus préoccupant, c’est qu’on trouve maintenant des infections partout sur les étages, au lieu qu’elles soient très concentrées comme lors de la première vague », lance-t-elle.

Nos membres ont très peur, surtout qu’il y a déjà un manque de personnel criant pour s’occuper des patients contaminés.

Mélanie Gignac, présidente de syndicat

Qui dit sous-effectif, dit heures supplémentaires obligatoires en « quantité industrielle », rappelle l’infirmière, qui déplore qu’on épuise actuellement ceux et celles qui restent au combat. « Pendant ce temps, on a encore du personnel qui attend jusqu’à cinq jours pour avoir ses résultats de dépistage », dénonce-t-elle.

Le Saguenay près d’un changement de palier

Avec environ 5,8 cas par 100 000 habitants, le Saguenay–Lac-Saint-Jean s’approche quant à lui du passage en zone orange, qui impliquerait de nouvelles restrictions en matière de rassemblement et de circulation. La région a recensé une moyenne hebdomadaire de 16 nouveaux cas quotidiens, une hausse importante par rapport aux dernières semaines.

« Actuellement, plus de 700 personnes sont placées en isolement préventif. Nous tenons à réitérer l’importance de maintenir des comportements sécuritaires et d’augmenter notre vigilance », lâche Romane Le Gallou, du CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Julie Bouchard, du regroupement régional des professionnelles en soins, abonde dans son sens. « C’est presque certain qu’on va basculer à l’orange. Les cas augmentent assez rapidement. Avant, on avait de un à quatre cas par jour. Là, on fait face à une transmission communautaire », dit-elle.

Elle donne entre autres en exemple le cas « extrêmement préoccupant » de l’hôpital d’Alma, qui fait face à une éclosion de cas de COVID-19 au sein de son personnel. « Un dépistage massif s’y fait. Les prochains jours vont être très critiques, souligne Mme Bouchard. C’est toujours la question des hospitalisations qui préoccupe. On espère vraiment que ça ne monte pas en flèche. Ça mettrait tout le monde en état de grande précarité », ajoute la porte-parole.

Du rouge partout au Québec ?

L’idée de mettre tout le Québec en rouge fait son chemin actuellement. En effet, maints responsables de santé publique militent pour que le gouvernement Legault applique des règles sanitaires « universelles », a rapporté dimanche Radio-Canada. Le but serait d’appliquer les mêmes mesures partout, afin de prévenir l’accélération de la transmission au Québec.

Des régions et des élus conservent toutefois certaines réserves. C’est le cas de Joël Arseneau, député péquiste des Îles-de-la-Madeleine. « Le constat d’échec du plan de lutte contre la deuxième vague de la CAQ se confirme. Ce n’est toutefois pas une raison pour pénaliser toutes les régions », a-t-il martelé. Le virologue Denis Archambault, lui, souligne que l’essentiel sera d’être « très vigilants » lors du déconfinement.

Le pourcentage de la population infectée va représenter entre 5 % et 7 % après la deuxième vague. Il y aura donc encore au moins 90 % de gens non touchés. C’est un beau terrain vierge pour le virus.

Denis Archambault, virologue et professeur à l’UQAM

Québec a rapporté dimanche 942 nouveaux cas de COVID-19 et 3 morts supplémentaires. Pour la première fois en plusieurs jours, le nombre d’hospitalisations a toutefois diminué de sept, pour un total de 437 patients. De ce nombre, 72 sont aux soins intensifs, soit un de moins que la veille.

Au total, 86 133 Québécois ont maintenant été infectés et 5953 personnes sont mortes. À Québec, 153 cas se sont ajoutés dimanche, alors qu’à Montréal, on a recensé 227 cas de plus. Il s’agit d’une baisse des contaminations dans les deux régions.

Dimanche, la Ville de Montréal a d’ailleurs fermé le stationnement du parc du Mont-Royal pour limiter le nombre de visiteurs. « Le long congé est un moment critique, et on espère vraiment que les gens vont suivre les règles », a réitéré la mairesse Valérie Plante en soirée, sur le plateau de Tout le monde en parle.

Les prélèvements réalisés le 9 octobre s’élèvent à 24 503. Ces trois derniers jours, on rapportait des nombres plus élevés de prélèvements, qui oscillaient entre 28 000 et 29 000.

« La comparaison des deux dernières semaines montre bien l’évolution du virus et son effet sur les décès et hospitalisations. Réduisons nos contacts pour casser la deuxième vague. On va y arriver », a dit le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.

– Avec Mayssa Ferah, La Presse