(Ottawa) Le taux de reproduction réel (Rt) des cas de COVID-19 est à la hausse, et les autorités sanitaires canadiennes exhortent les citoyens à être « encore plus vigilants » pour éviter une résurgence de l'épidémie. Et si les Canadiens ne réduisent pas leurs contacts, le nombre d'infections automnales pourrait surpasser celui de la première vague, prévient-on.

Dans sa plus récente modélisation publiée mardi, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) souligne que taux de reproduction réel variable dans le temps (Rt) – qui indique le nombre de personnes infectées par chaque nouveau cas – augmente depuis la mi-août, et que la tendance est de nouveau supérieure à 1.

Lorsque cet indicateur est à la hausse ainsi, l'épidémie progresse, et c'est précisément ce que l'on a observé depuis une ou deux semaines, est-il indiqué dans ce document rendu public au lendemain de l’annonce, par le gouvernement du Québec, qu'une deuxième vague déferle sur la province.

IMAGE FOURNIE PAR L'AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA

On ne peut, du moins pour l'instant, en venir à cette conclusion à l'échelle nationale, a plaidé l'administrateur adjoint de l'ASPC, le Dr Howard Njoo. « C'est difficile de dire si on a [...] une deuxième vague [...] parce que le Canada est un grand pays », a-t-il offert en conférence de presse à Ottawa.

Mais si l'on se retrouve dans une situation où « chaque médecin hygiéniste dans chaque province et territoire, avec leurs connaissances sur le terrain, oui, peut-être que pour le Canada, on pourrait déclarer une deuxième vague », a-il enchaîné au micro.

Et parce que « la présence de la COVID-19 au cours de l’automne et de l’hiver nécessite une vigilance accrue à l’égard des risques et des précautions » et avec « l’augmentation du nombre de cas et le déplacement des activités vers l’intérieur, nous devons être encore plus vigilants », lit-on dans la modélisation.

Gris, orange ou bleu?

Ce qui semble assez clair aux yeux des autorités de santé publique, c'est que si la tendance des derniers jours se maintient, le nombre de cas de COVID-19 sera encore plus important qu'au pic du printemps dernier, alors que l'éclosion de la pandémie avait forcé la mise en place de mesures de restriction strictes.

Les trois scénarios possibles sont présentés dans un diagramme où l'on présente un choix entre la ligne grise, la ligne orange ou la ligne bleue. Dans deux de ces trois scénarios (gris et orange), on peut s'attendre à une augmentation marquée des cas de contraction du virus au pays.

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Il faut viser le bleu, selon la palette de couleurs du fédéral. Cette trajectoire est la seule où l'on parvient à « maîtris[er] de nouveau » l'épidémie « dans la plupart des endroits », et elle suppose que le « taux actuel » des contacts soit diminué.

Le bond important du nombre de cas de COVID-19 n'est pas étranger à l'augmentation du nombre de tests de dépistage, a concédé l'administratrice en chef de l'ASPC, la Dre Theresa Tam. En revanche, on soupçonnait que les cas dépistés dans les mois précédents n'étaient que « la pointe de l'iceberg », a-t-elle argué.

Plus de jeunes, moins de décès et d'hospitalisations

Les jeunes adultes ont largement contribué à cette hausse, confirme-t-on dans le document. Depuis la fin du mois de juin, l'incidence la plus élevée se retrouve chez les 20 à 39 ans. Au printemps, les personnes âgées avaient été frappées de façon disproportionnée.

Par ailleurs, les décès attribuables à la COVID-19 au sein de la population « demeurent faibles » ; quant aux hospitalisations, si elles « n’augmentent pas au même rythme que les cas signalés, elles montrent les premiers signes d’augmentation », ont constaté les autorités sanitaires canadiennes.

La modélisation dévoilée mardi ne comporte pas de projections à long terme en ce qui a trait à l’ampleur des cas ou encore des décès. Tout au plus se contente-t-on de prédire que le 2 octobre, le nombre total de cas prévus est de 150 780 à 155 795, tandis que le nombre total de décès est de 9220 à 9300.

Le bilan national de mardi était de 145 415 cas déclarés et de 9228 décès.

À Québec, l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux (INESSS) doit faire le point mercredi sur l'état de la situation, notamment au chapitre des hospitalisations dans les établissements de soins de santé québécois.

Vaccin : une autre entente

La ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand, a par ailleurs annoncé mardi que le gouvernement fédéral avait signé une autre entente avec une pharmaceutique pour l’accès à des millions de doses d’un potentiel vaccin contre la COVID-19.

L’accord avec Sanofi prévoit l’accès à jusqu’à 72 millions de doses. Cette entente fait passer à 154 millions le nombre minimal de doses d’un possible vaccin disponibles pour les Canadiens, et à jusqu’à 262 millions de doses, a spécifié Mme Anand.