(Toronto) Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a refusé mercredi de dire si la commission nouvellement créée pour examiner les effets de la COVID-19 sur le système de soins de longue durée serait habilitée à formuler des recommandations contraignantes pour le gouvernement.

La commission d’enquête indépendante, qui sera présidée par un juge de la Cour supérieure, doit déterminer pourquoi les foyers de soins de longue durée de l’Ontario ont été si durement touchés par la COVID-19 — et si la province en a fait suffisamment pour prévenir et contenir ces éclosions dévastatrices. Mais des voix s’élèvent pour demander une commission d’enquête publique en bonne et due forme.

« Ils mèneront autant d’entretiens que nécessaire, a répliqué M. Ford. Ils exigeront la production de documents et ils convoqueront autant de personnes que nécessaire, jusqu’à ce que nous allions au fond des choses. Rien ne sera négligé, car nos aînés le méritent. »

Comme au Québec, c’est le secteur des soins de longue durée qui a été le milieu le plus durement touché par le coronavirus en Ontario : 1844 résidents de foyers et huit employés sont morts de la COVID-19 depuis mars — les deux tiers des décès recensés jusqu’ici en Ontario.

M. Ford avait annoncé à la fin de mai qu’il accélérerait la mise sur pied de la commission, après que les soldats déployés dans plusieurs foyers ont témoigné de conditions effroyables. Le gouvernement a ensuite mis en tutelle plusieurs de ces établissements.

M. Ford a promis mercredi de suivre les recommandations de la commission et de « continuer à améliorer le système ». L’opposition néo-démocrate, quant à elle, réclame une commission d’enquête publique, aux pouvoirs et au mandat plus larges.

On a appris mercredi que la commission d’enquête indépendante serait dirigée par Frank Marrocco, juge en chef adjoint de la Cour supérieure de l’Ontario, qui était le procureur principal de la province lors de l’enquête sur la crise de l’eau contaminée à Walkerton en 2000. Il sera appuyé par Angela Coke, ancienne haute fonctionnaire en Ontario, et par le docteur Jack Kitts, ancien directeur de l’Hôpital d’Ottawa. Leur rapport est attendu à la fin avril 2021.

Candace Rennick, secrétaire-trésorière du Syndicat canadien de la fonction publique en Ontario, espérait mercredi que le gouvernement n’utiliserait pas la commission comme excuse pour retarder des changements qui pourraient être apportés dès maintenant. « Les travailleurs de première ligne tirent la sonnette d’alarme depuis plus d’une décennie », a-t-elle dit.

Peu de nouveaux cas

Par ailleurs, on apprenait mercredi que davantage d’entreprises et d’espaces publics pourront rouvrir vendredi, à Toronto et dans le secteur voisin de Peel, alors que ces régions très denses rejoindront la majeure partie de l’Ontario en phase 3 du plan de déconfinement du gouvernement Ford.

Par contre, la région de Windsor-Essex, qui a vu des éclosions de COVID-19 dans certaines de ses fermes, demeurera à la phase 2.

Vingt-quatre des 34 régions administratives de la santé publique ont été autorisées le 17 juillet à passer à la phase 3 et sept autres ont été ajoutées une semaine plus tard. En phase 3, presque tous les espaces publics et lieux de travail peuvent rouvrir, avec des mesures sanitaires en place, et les rassemblements peuvent être plus importants.

L’Ontario a connu mercredi sa plus faible augmentation quotidienne de cas de COVID-19 depuis la fin mars, avec seulement 76 nouveaux cas signalés, dont 30 à Windsor-Essex, la seule région qui restera en phase 2 du déconfinement. La direction régionale de la santé publique a précisé qu’il y avait eu une augmentation des cas à Windsor même, en plus des éclosions connues dans les exploitations agricoles environnantes.

Le député néo-démocrate Taras Natyshak a soutenu mercredi que le premier ministre Ford était responsable de la propagation continue du virus à Windsor-Essex, ainsi que de l’impact financier sur la région.

Deux villes entrées en phase 3, Ottawa et Sudbury, ont vu de nouveaux cas de COVID-19 émerger ces derniers jours, mais M. Ford a déclaré mardi qu’il n’était pas prévu de reculer sur le déconfinement.

Le nombre total de cas en Ontario s’élève maintenant à 38 986, ce qui comprend 34 741 cas considérés comme résolus et 2769 décès. L’Ontario a signalé un nouveau décès mercredi et 174 nouveaux cas résolus. La ministre de la Santé, Christine Elliott, a déclaré que le nombre de personnes hospitalisées, en soins intensifs et sous respirateur avait diminué. Elle a précisé que la province avait pu effectuer plus de 27 000 tests la veille.