Préoccupée par la hausse de près de 500 nouveaux cas par jour observée dans l’ensemble du pays, l’administratrice en chef de la Santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, demande aux citoyens de limiter « leurs contacts sociaux » à l’approche de la longue fin de semaine du 1er août.

Le Canada a enregistré 496 cas confirmés en moyenne par jour durant les sept derniers jours, a indiqué la Dre Tam en point de presse mardi midi. C’est une augmentation par rapport à la moyenne de sept jours mesurée vendredi dernier (487 cas), qui était elle-même en hausse marquée par rapport à la semaine précédente (331 cas). « Un signe préoccupant », a souligné la Dre Tam.

Tout comme les autorités de santé publique locales font de leur mieux pour retrouver rapidement les contacts, « les Canadiens peuvent faire de leur mieux en limitant le nombre de leurs contacts sociaux, et en maintenant la distanciation physique et les pratiques hygiéniques », a souligné la médecin de santé publique.

Limiter le nombre de contacts assure que la tâche de tester et de retrouver les contacts demeure gérable, a-t-elle expliqué. « Si nous surchargeons les ressources de santé publique et perdons cette capacité de tester et tracer effectivement, eh bien… n’allons pas là », a laissé tomber la Dre Tam.

La responsable de la Santé publique fédérale a fait ces mises en garde alors que la majorité du pays se prépare à profiter du long week-end du 1er août. Le lundi 3 août sera en effet férié dans presque toutes les provinces et tous les territoires, sauf au Québec et au Yukon. Les rencontres sociales de la fête du Canada « ont accéléré les cas », a-t-elle fait valoir.

Interrogée à savoir si elle se sentait elle-même à l’aise de boire un verre sur une terrasse ou de manger au restaurant, Mme Tam a avoué n’être pas encore sortie. « Je vais à l’épicerie avec un masque, et très rarement », a-t-elle indiqué. « Je me sentirais probablement plus confortable à l’extérieur en ce moment, parce que l’extérieur est mieux que l’intérieur. »

Les hausses de cas des dernières semaines ont été particulièrement remarquées en Alberta, où la responsable de la Santé publique, la Dre Deena Hinshaw, a déclaré lundi, en conférence de presse, que « la courbe n’[était] plus plate en Alberta ».

Deuxième vague

La hausse constante de la moyenne canadienne annonce-t-elle une deuxième vague ?

« La deuxième vague, ça sera pas du “tout ou rien” », a expliqué le DBrian Conway, directeur médical et spécialiste des maladies infectieuses au Vancouver Infectious Disease Centre, en entrevue téléphonique avec La Presse. « On va pouvoir la voir venir et on a les structures de santé publique en place. »

Il faut cependant que celles-ci soient en mesure de retrouver tous les cas, a-t-il indiqué en notant que les équipes de Vancouver avaient encore de la capacité disponible.

La situation de la Colombie-Britannique, qui avait sonné l’alarme en début de semaine dernière, semble d’ailleurs s’améliorer. La province a annoncé lundi avoir enregistré 81 nouveaux cas dans les 72 dernières heures, contre 102 durant la même période la semaine précédente.

Une nouvelle éclosion s’est cependant déclarée dans une usine d’emballage de fruits d’Abbotsford, où au moins 15 employés ont reçu un test positif.

Si c’est une grosse éclosion à un endroit […], ça m’inquiète moins qu’une transmission communautaire. Ce n’est pas tant le nombre de cas qui m’inquiète, mais la façon dont les cas sont transmis.

Le Dr Brian Conway, directeur médical et spécialiste des maladies infectieuses au Vancouver Infectious Disease Centre

Enquête à l’Auberge aux 3 Pignons

Au Québec, la résidence privée pour aînés Auberge aux 3 Pignons, dans la région de la capitale, a fait l’objet de deux interventions majeures mardi. Une enquête gouvernementale a été déclenchée, et ses soins ainsi que certains services ont été pris en charge par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale.

PHOTO ERICK LABBÉ, LE SOLEIL

La résidence privée pour aînés Auberge aux 3 Pignons, dans la région de la capitale nationale

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a annoncé l’enquête indépendante en point de presse mardi matin.

Et en après-midi, le CIUSSS a fait savoir qu’il prenait en charge les soins et des services de l’établissement.

« La situation était de plus en plus difficile, donc on a convenu avec l’exploitant que c’était préférable qu’on prenne en charge le milieu », a indiqué le PDG adjoint du CIUSSS, Guy Thibodeau, en entrevue téléphonique avec La Presse.

Ces annonces ont été faites après que deux médecins eurent sonné l’alarme la fin de semaine dernière.

La Dre Karyne Cordeau a évoqué des « cas d’étouffement parce que les plateaux de nourriture n’étaient pas vérifiés, des plaies qui se sont dégradées, de la mauvaise gestion de diabète, des chutes répétées qui auraient pu être évitées, des séjours au sol prolongés, des soins d’hygiène négligés » dans une entrevue au quotidien Le Soleil.

Le CIUSSS est intervenu pour la première fois dans l’établissement le 11 juillet après avoir reçu un rapport d’analyse de la Santé publique indiquant qu’un résidant hospitalisé avait reçu un test positif. Le CIUSSS est donc allé tester les résidants et le personnel, et a fourni des gestionnaires et du personnel additionnel pour gérer l’éclosion. L’établissement demeurait responsable du reste des activités, mais le CIUSSS a constaté qu’il n’y arrivait pas.

« Au-delà du volume de personnel, il y a tout l’enjeu de l’évaluation des clientèles, de leur état de santé physique, de leur état de santé psychosocial qui nous préoccupait de plus en plus », a expliqué M. Thibodeau en évoquant un manque de literie et de débarbouillettes, des démissions au service alimentaire, des repas qui ne correspondaient pas aux capacités des résidants et un entretien sanitaire déficient.

L’établissement compte 111 résidants et un effectif habituel de 70 employés, dont 30 sont actuellement non disponibles, indique le CIUSSS.

« Un propriétaire de résidence privée pour aînés, dans sa certification, a l’obligation d’aviser immédiatement le CISSS et le CIUSSS s’il a des difficultés », a souligné la ministre Blais. Elle n’a toutefois pas dit si cette résidence l’avait fait. Le CIUSSS promet de s’assurer que l’exploitant sera en mesure de répondre à ses critères de certification avant de lui redonner les commandes. « S’il n’est pas en mesure, c’est sûr qu’on ne laissera pas la certification », a déclaré son PDG adjoint.

La prise en charge a été décidée lundi après-midi « d’un commun accord » avec l’exploitant, qui a collaboré avec le CIUSSS depuis le début de son intervention, le 11 juillet, a précisé M. Thibodeau.

La résidence privée a obtenu le renouvellement de sa certification l’an dernier puis reçu, comme les autres résidences du territoire, une visite préventive du CIUSSS dans le cadre de la pandémie. Selon son PDG adjoint, « il n’y a aucun enjeu qui nous avait été soulevé à ce moment-là ».

À ce jour, l’établissement privé a enregistré 28 cas positifs (21 résidants et 7 travailleurs) et 3 morts.

Cinquante membres du personnel du CIUSSS ont été affectés en soutien à cette résidence privée, dont des gestionnaires, des médecins et des conseillers cliniques.

Camp de jour Charlot l’escargot

Par ailleurs, le camp de jour Charlot l’escargot, à Boucherville, est fermé pour les 14 prochains jours, a rapporté Radio-Canada mardi.

Les autorités de santé publique de la Montérégie affirment que 28 enfants et membres du personnel ont reçu un test positif, a indiqué le diffuseur en citant une lettre envoyée aux parents.

Les enfants et les employés qui étaient au camp de jour entre le 13 et le 21 juillet doivent s’isoler à la maison pendant au moins 14 jours à partir de la dernière fois qu’ils ont participé au camp, précise Radio-Canada.

Dans l’ensemble de la province, 169 cas et 3 morts se sont ajoutés au bilan publié par le ministère de la Santé et des Services sociaux mardi.

Les hospitalisations ont recommencé à diminuer, avec une baisse de sept patients en 24 heures. Le nombre de malades aux soins intensifs, par contre, a légèrement augmenté, avec un patient de plus que la veille. En tout, 193 malades de la COVID-19 sont encore hospitalisés dans la province, dont 8 aux soins intensifs. Le Québec a enregistré 5670 morts et 58 897 cas depuis le début de la pandémie.