(Ottawa) Le gouvernement fédéral a perdu au moins 439 millions en productivité jusqu’à présent cette année en raison d’une politique qui permet aux fonctionnaires de rester chez eux, avec salaire, lors d’urgences telles que la pandémie de COVID-19, estime le Directeur parlementaire du budget (DPB).

La majeure partie de cette somme est attribuable au fait que les employés de l’Agence du revenu du Canada (ARC) sont restés à la maison, incapables de travailler, entre le 15 mars et le 31 mai, selon le DPB.

Ce seul ministère représentait un peu plus de 311 millions en congés payés, loin devant le deuxième ministère le plus coûteux à ce chapitre, le Service correctionnel du Canada, avec plus de 33,8 millions.

L’ARC a déclaré au DPB que les limitations de travail étaient la raison la plus courante des congés payés, principalement en raison du report des activités de conformité et de recouvrement pendant la pandémie, indique le rapport.

L’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), qui représente la majorité des employés fédéraux, a qualifié ces chiffres de « modestes ».

Le rapport du DPB a été rédigé à la demande de la députée conservatrice d’Edmonton-Ouest Kelly McCauley, qui voulait connaître les répercussions financières de cette politique au sein de la fonction publique fédérale, connue sous le nom de « code de paie 699 ».

La politique permet aux employés fédéraux de prendre des congés payés pour des urgences comme le fait d’être malade de la COVID-19, de devoir se mettre en quarantaine, de ne pas pouvoir accéder à la technologie dont ils ont besoin pour terminer leur travail et de devoir s’occuper de personnes à charge.

Elle n’oblige pas l’employé à utiliser d’abord d’autres formes de congés payés, comme les congés de maladie accumulés, les congés pour les urgences familiales ou les vacances.

« Les données montrent que la grande majorité des employés de la fonction publique ont pu travailler à plein rendement, tandis que seulement le tiers ont été occasionnellement forcés d’utiliser des congés 699 », a déclaré le président national de l’AFPC, Chris Aylward.

Le DPB a également noté que les congés de ce type représentaient environ 1 % du total des salaires versés aux employés du gouvernement fédéral pendant cette période.

« Le prix à payer pour forcer des licenciements et tenter de reconstruire la fonction publique après la pandémie aurait été dix fois plus cher pour les contribuables – sans parler de l’impact négatif sur notre économie », a estimé M. Aylward.

Le DPB a déclaré que les coûts du « code de paie 699 » pourraient en réalité avoisiner les 623 millions, à l’échelle du gouvernement, car le Secrétariat du Conseil du Trésor, qui est responsable de la fonction publique, n’a fourni de l’information que sur 62 des 88 organisations de la fonction publique fédérale, qui représentent environ 70 % des ministères.

Le DPB note qu’il n’a pas trouvé une politique de congés d’une portée similaire dans le secteur privé, bien que certaines provinces aient offert à leurs employés une certaine forme de coussin financier pendant la pandémie.

« De nombreux gouvernements provinciaux ont […] exigé des gestionnaires qu’ils offrent de la flexibilité et permettent aux employés de puiser dans leurs crédits de congé de maladie futurs pendant la pandémie », indique le rapport du DPB.