Les autorités sanitaires du Québec ont accepté l’offre d’Ottawa qui dégagera 1700 fonctionnaires pour contribuer aux opérations de traçage de contamination à la COVID-19 dans la population.

Le directeur national de la santé publique, DHoracia Arruda, a confirmé vendredi après-midi lors du point de presse quotidien du gouvernement du Québec mené à Montréal, par la vice-première ministre Geneviève Guilbault, que son équipe avait communiqué avec Ottawa sur cette question. « On est déjà en train de contacter 500 de ces 1700 personnes. Donc, l’action est en cours », a affirmé le DArruda après avoir reçu un message sur son téléphone pendant le point de presse.

Quelques minutes plus tôt, lui et la vice-première ministre Guilbault affirmaient avoir été mis au courant de l’offre fédérale seulement vendredi matin, mais n’en connaissaient pas les détails. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, venait alors d’annoncer que 1700 employés de Statistique Canada étaient disponibles pour mettre l’épaule à la roue des enquêtes épidémiologiques. Cette proposition a été présentée alors qu’un déconfinement graduel se met en place à travers tout le pays.

Geneviève Guilbault a dit accueillir favorablement cette offre. « On va communiquer et collaborer avec le gouvernement fédéral pour voir comment cette aide peut s’inscrire dans les stratégies de dépistage », a-t-elle indiqué.

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La vice-première ministre Geneviève Guilbault

Le DArruda a rappelé que traçage et dépistage sont deux choses différentes bien qu’elles soient liées. Le dépistage consiste à effectuer des tests dans la population afin de détecter le coronavirus alors que le traçage tel qu’effectué par les équipes de la santé publique, consiste à remonter la chaîne des contacts des personnes infectées à la COVID-19. Cela peut impliquer de faire des tests auprès de ces personnes ou de les inviter à s’isoler à la maison pendant 14 jours pour éviter une propagation de la maladie.

Selon DArruda, la santé publique « arrive à faire le travail », mais doit planifier la suite des choses, notamment les vacances estivales qui risquent de faire pression sur les équipes en place. « Il est clair qu’il faut prévoir l’été, la fatigue des gens. Il faut prévoir potentiellement la prochaine vague. C’est clair qu’on va intégrer toutes autres ressources fédérales qui pourraient être utiles », a affirmé Horacia Arruda.

Son homologue de la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal, Dre Mylène Drouin, qui était à ses côtés, a affirmé qu’à Montréal le travail d’enquête épidémiologique est à jour. « On arrive à faire notre traçage dans les 24 heures à moins que les personnes ne répondent pas au téléphone. Ça implique qu’on doit faire des recherches subséquentes. On a une bonne capacité », a-t-elle indiqué.

Tendance encourageante

Pour ce qui est du dépistage, l’objectif gouvernemental de réaliser 14 000 tests par jour au Québec n’est toujours pas atteint. En date de mercredi dernier, le Québec a effectué 12 654 tests. « Malgré le fait que l’on teste de plus en plus, l’augmentation des nouveaux cas demeure relativement stable, d’où le fait qu’on se permet de qualifier la tendance d’encourageante », a commenté Mme Guilbault.

À travers le Québec, on dénombre jusqu’à maintenant 46 141 cas d’infection, en hausse de 646 cas. Depuis 24 heures, la COVID-19 a fait 65 victimes de plus, pour un total de 3865 morts depuis le début de la crise sanitaire. Dans les hôpitaux, on compte 1479 personnes atteintes de la maladie, dont 171 aux soins intensifs. Il s’agit d’une légère baisse des hospitalisations (25 pour les soins réguliers et 5 pour les soins intensifs).

Geneviève Guilbault a rappelé que la collaboration des Québécois qui présentent des symptômes de la COVID-19 est essentielle. Ils doivent aller se faire tester, a insisté la vice-première ministre. « C’est en testant de plus en plus qu’on va être capable de savoir où sont les personnes infectées, d’avoir un portrait juste de la situation un peu partout au Québec et mieux cibler nos interventions et nos efforts pour contenir la situation », a-t-elle souligné.

La multiplication des tests est l’une des conditions pour un déconfinement réussi et à « une liberté retrouvée », a affirmé Mme Guilbault. « Le meilleur moyen de continuer d’aller de l’avant, c’est de respecter les consignes de santé publique et de ne pas relâcher les efforts malgré la tentation, malgré qu’on s’ennuie, malgré qu’il fait beau », a-t-elle insisté.

Depuis vendredi, les rassemblements de 10 personnes (trois adresses différentes) sont permis. Deux jours auparavant, les randonnées dans les grands parcs ont reçu le feu vert de la santé publique. De plus, le retour quasi normal des activités commerciales se fera à compter de lundi dans le Grand Montréal. La réouverture des services de garde a toutefois été repoussée au 1er juin.

Patience, les campeurs

Le gouvernement du Québec travaille à un plan de réouverture des terrains de camping de concert avec la santé publique. « Ça s’en vient », a tenté de rassurer la vice-première ministre Geneviève Guilbault vendredi.

Consciente de l’impatience des campeurs, Mme Guilbault a plaidé pour une stratégie par étape, rappelant qu’« on ne peut pas tout rouvrir en même temps » sans risquer de donner un second souffle à la pandémie de COVID-19. « On est encore dans l’installation de nouvelles normes sociales où on doit s’habituer à être moins proches et où on doit porter un couvre-visage », a-t-elle dit en soulignant de « faire attention à l’excès d’enthousiasme ».

Un calendrier de réouverture des terrains de camping ainsi que le retour des activités de divertissement et du tourisme en général, sont présentement sous analyse avec les autorités sanitaires. Aucune date n’a été dévoilée.

« On vous entend et on va trouver une solution pour que les gens puissent profiter de la nature cet été », a affirmé Mme Guilbault lors du point de presse gouvernemental tenu à Montréal.