(Ottawa) Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, estime que les inquiétudes soulevées par le gouvernement de Justin Trudeau quant au plan de déconfinement du Québec constituent une forme d’ingérence fédérale.

Lors de sa conférence de presse quotidienne, samedi, le premier ministre canadien s’est dit « très inquiet » pour les Montréalais, comme pour les citoyens à travers le pays, en insistant sur le fait que leur santé et leur sécurité doivent primer sur la relance économique.

Le ministre fédéral des Services aux Autochtones, qui représente une circonscription du centre-ville de Montréal, n’a pas non plus caché ses préoccupations relativement à la situation dans la métropole. « Un déconfinement hâtif pourrait mettre en danger la vie des gens », a soutenu le ministre Marc Miller, en pesant ses mots.

À ses côtés, le sous-administrateur en chef de la santé publique, le docteur Howard Njoo, a pour sa part souligné la faible « marge de manœuvre » dont disposent les hôpitaux de la région, alors qu’ils devraient, selon lui, être prêts à composer avec une éventuelle deuxième ou même troisième vague d’infections si un assouplissement des restrictions est envisagé.

Yves-François Blanchet estime que le fait de soulever de tels doutes – de manière aussi publique – « crée de la confusion », en plus de faire affront aux compétences et aux expertises du Québec.

Il souligne que le gouvernement provincial est en « première ligne » dans la gestion de la crise sanitaire, de par ses compétences en matière de santé et d’éducation, entre autres.

« C’est Québec qui prend tous les risques et responsabilités, et arrive Ottawa qui, sous prétexte qu’il est allé chercher une marge de crédit de 300 milliards, veut dire à tout le monde ce qu’il devrait faire », dénonce-t-il, en faisant référence à l’aide financière fédérale.

M. Blanchet soutient que la réponse initiale du gouvernement de Justin Trudeau se limitait à juste titre à des programmes plus larges et proches à ses compétences, comme la Prestation canadienne d’urgence, liée à l’assurance-emploi.

Cela a commencé de façon tout à fait correcte à mon avis, puis, tranquillement pas vite, il y a une certaine arrogance qui a commencé à se manifester du côté fédéral.

Yves-François Blanchet

Tandis que le Québec compte plus de la moitié des infections enregistrées à l’échelle du Canada, des commerces ont pu rouvrir leurs portes à l’extérieur de Montréal. Les écoles primaires et les garderies doivent faire de même dès lundi.

Du côté de la région métropolitaine, épicentre de la pandémie dans la province, le déconfinement a cependant été repoussé à deux reprises au cours de la dernière semaine. Il est dorénavant prévu le 25 mai. Advenant ce scénario, un modèle pessimiste de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) projette jusqu’à 150 morts sur une base quotidienne en juillet dans le Grand Montréal, et ce, sans même tenir compte des cas en CHSLD.

Le chef bloquiste refuse de se prononcer sur les assouplissements annoncés par le gouvernement de François Legault.

« Quand les experts québécois soulèvent des inquiétudes, le gouvernement du Québec va en prendre acte », maintient M. Blanchet.

Du côté de ministère québécois de la Santé et des Services sociaux, on refuse de réagir aux propos des ministres et experts fédéraux.

« Toutefois, nous vous rappelons que les assouplissements des règles de confinement annoncées par le gouvernement du Québec ont été soigneusement étudiés par les experts de la Santé publique du Québec », a souligné le service des communications du ministère, dans un courriel transmis à La Presse canadienne.