(Toronto) Le spectre de tests faussement positifs ne devrait pas ébranler la confiance du public des efforts pour dépister la COVID-19, soutiennent des observateurs.

Malgré de récents exemples, dont certains au Nunavut, plusieurs experts insistent pour rappeler que le phénomène demeure rare par rapport à la quantité de tests effectués dans tout le pays, qui a atteint le million la semaine dernière.

Tous les tests ont certains défauts, a noté la chef de la direction de la Société canadienne de science de laboratoire médical, Christine Nielsen.

« C’est horrible à dire, mais aucun test n’est parfait, a dit Mme Nielsen. Même si la précision était de 99,99 %, un chiffre fantastique, cela signifie quand même que certains tests méritent un suivi supplémentaire. »

La précision d’un test médical est mesurée de deux façons : à quelle fréquence il détermine correctement qu’une personne est touchée par la maladie et à quelle fréquence il détermine correctement qu’une personne n’est pas touchée.

Plusieurs facteurs influencent le résultat, dont la qualité de l’échantillon, les outils utilisés pour l’obtenir et l’évaluer, ainsi que l’étape où est rendue l’infection quand l’échantillon est obtenu. Le médecin en chef du Nunavut, Michael Patterson, a noté que ces variables rendaient difficile de définir le taux de précision des tests.

Dans le cas de la COVID-19, le virus qui provoque la maladie — SARS-CoV-2 — est détecté via un test de réaction de polymérisation en chaîne par transcription inverse.

Il fonctionne en détectant l’acide ribonucléique du virus dans l’échantillon du patient, habituellement prélevé dans la gorge ou la voie nasopharyngée.

Le prélèvement peut provoquer un inconfort chez les personnes testées, a noté Timothy Sly, professeur émérite de l’École de Santé au travail et santé publique à l’Université Ryerson, ajoutant que l’outil de prélèvement était long et flexible et devait entrer loin dans la voie nasopharyngée pour obtenir suffisamment de matériel.

« Si on ne fait que tapoter une fois, on n’aura pas l’occasion d’amasser autant de virus que si on touche la membrane et la frotte quelques fois, a-t-il dit. Il va y avoir des variations selon l’identité de la personne prenant l’échantillon. »

Mme Nielsen a aussi reconnu que le test utilisé était « très minutieux ».

« Disons qu’il y a 100 étapes dans le processus. Si on fait une erreur dès la première étape, l’erreur sera amplifiée, a dit Mme Nielsen. C’est là où les normes dans les procédures opérationnelles et dans le fonctionnement des laboratoires — faire la même chose chaque fois — sont très importantes. »

Et s’il est possible d’obtenir des tests faussement négatifs et faussement positifs, Mme Nielsen a noté qu’un résultat faussement positif était beaucoup moins dangereux pour la santé publique.

« Au moins, vous allez vous placer en quarantaine », a-t-elle indiqué, ajoutant que l’autre résultat pouvait mener à la propagation dans la communauté.

Malgré tout, Mme Nielsen a aussi rappelé que l’impact sur la personne peut être tout aussi élevé, surtout si la personne en quarantaine ne peut travailler ou s’occuper d’une personne dépendante d’elle.

Ajoutez à ça les risques sur le plan de la santé mentale associés à l’isolement et un diagnostic à la COVID-19 et l’impact peut être considérable.

Des cas faussement positifs peuvent aussi engranger des coûts pour la santé publique, puisque le personnel doit retrouver les personnes ayant eu des contacts avec le résultat positif et s’assurer qu’elles ne sont pas infectées.

En détaillant ce qui a cloché au Nunavut, M. Patterson a rappelé que les tests de dépistage ne sont « qu’une pièce d’un ensemble de mesures pour contrer la COVID-19 ».