(Québec) Le lien de confiance qui existait entre Marguerite Blais et la population est en train de s’effriter, ont soutenu vendredi les partis d’opposition au terme d’un débat virtuel de deux heures.

« À chaque fois qu’elle dit que ce n’est pas de sa faute, ça commence à irriter beaucoup de monde, même ceux qui l’aimaient », a déclaré le député péquiste Harold LeBel.

« Les gens la voyaient un peu comme la défenderesse des aînés, […] et là on s’aperçoit qu’elle a perdu tout le contrôle. Quand ce n’est pas sa faute, c’est la santé publique qui a pris la décision », a-t-il renchéri.

La COVID-19 a fauché la vie de 2725 Québécois, la grande majorité des aînés en CHSLD ou en résidence. Le Québec est l’endroit au Canada où il y a le plus de décès liés au coronavirus.

La semaine dernière, Mme Blais, une ancienne animatrice de télévision, a fait une tournée des médias pour défendre sa gestion de la crise.

Elle a d’abord rejeté tout blâme concernant la situation dans les CHSLD, pour finalement admettre mardi sa « part de responsabilité » en ajoutant toutefois qu’elle avait « les mains liées ».

Vendredi, questionnée à savoir si elle aurait pu en faire davantage pour protéger les aînés de la COVID-19, Mme Blais a de nouveau jeté le blâme sur son ancien gouvernement libéral.

Elle a expliqué que ce n’était pas sa faute si des personnes asymptomatiques avaient contaminé des aînés, et si des employés continuaient à ce jour de passer des zones chaudes aux zones froides.

C’est l’ancien gouvernement libéral qui a centralisé la gouvernance dans le réseau de la santé en créant des CISSS et des CIUSSS et qui a coupé des postes de cliniciens experts en infection, a-t-elle martelé.

Marguerite Blais a été ministre responsable des Aînés pendant cinq ans sous Jean Charest, avant d’être exclue du conseil des ministres lors de la prise de pouvoir de Philippe Couillard.

Elle a continué de siéger comme députée libérale jusqu’en 2015, annonçant son départ de la vie politique quelques mois après la mort de son mari. En 2018, elle a repris son rôle de ministre des Aînés dans le gouvernement Legault.

Vendredi, elle a indiqué qu’elle avait dû à l’époque « se rallier » à son ancien caucus libéral.

« Les aînés vivent dans le système Marguerite Blais », a asséné la députée Catherine Dorion, de Québec solidaire.

Elle a déploré que la ministre ne se soit pas attaquée aux ratios préposés-patients, tandis que M. LeBel a accusé le gouvernement Legault d’avoir « gagné du temps sur le dos des aînés et des préposés » en choisissant d’attendre pour hausser les salaires, une « stratégie de négociation », a-t-il dit.

Plus tard en mêlée de presse, Mme Dorion a parlé d’une confiance qui avait été « trahie ».