(Ottawa) Alors que plusieurs pays déploient des efforts sans précédent pour trouver un vaccin contre la COVID-19, le Canada n’a pas l’intention de se contenter d’un rôle d’observateur. À l’instar des États-Unis, par exemple, il mobilise ses meilleurs chercheurs et scientifiques dans cette course pour dénicher le traitement qui permettra de guérir le nouveau coronavirus qui a fauché la vie à plus de 3600 Canadiens jusqu’ici.

« Nos meilleurs chercheurs et scientifiques sont mobilisés pour lutter contre la COVID-19 et trouver un traitement et même un vaccin », affirme le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, Navdeep Bains, dans un entretien avec La Presse.

Et le gouvernement Trudeau n’hésite pas à délier les cordons de la bourse pour soutenir cet effort. Dimanche, le ministre Bains a annoncé une contribution de 175,6 millions de dollars à AbCellera Biologics, une entreprise de biotechnologie de Vancouver qui mène des travaux de recherche et développement sur les anticorps dans le but de produire des médicaments pouvant servir à combattre les infections et les maladies.

Au cours des dernières semaines seulement, AbCellera a réussi à répertorier plus de 500 anticorps à partir de patients rétablis de la COVID-19. L’entreprise vise, en effectuant des recherches et des analyses à partir d’échantillons de sang prélevés sur ces patients, à trouver rapidement des anticorps produits naturellement qui pourraient être utilisés dans la lutte contre le nouveau coronavirus ou la prévention d’autres infections virales.

Financement « crucial »

Le financement que lui versera Ottawa est considéré comme « crucial » pour que l’entreprise fondée en 2012 puisse accélérer les essais cliniques, qui devraient d’ailleurs commencer en juillet ou peut-être même avant. Signe que l’entreprise nourrit de grands espoirs que ses recherches soient couronnées de succès, elle a déjà conclu un partenariat avec la société biopharmaceutique internationale Eli Lilly en vue de produire et de distribuer rapidement un traitement.

Les anticorps découverts au cours des travaux de recherche d’AbCellera pourraient également être utilisés pour créer des tests de dépistage de la COVID-19. À ce sujet, l’entreprise travaille de concert avec plusieurs organisations mondiales afin de soutenir le développement de nouveaux outils diagnostiques qui permettront de suivre la maladie.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Navdeep Bains, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada

Si nous arrivons à trouver un médicament ou encore un vaccin, nous voulons avoir la capacité manufacturière pour en faire une production de masse.

Le ministre Navdeep Bains en entrevue téléphonique avec La Presse

Il y a six semaines, le gouvernement Trudeau a lancé un appel à la mobilisation des entreprises, des chercheurs et des scientifiques afin de contrer la pandémie de COVID-19. L’objectif était d’augmenter la production canadienne d’équipements médicaux, d’améliorer les tests de dépistage et d’intensifier la recherche pour trouver un vaccin, entre autres choses. Les investissements totaux d’Ottawa à cet égard devraient friser 1,3 milliard de dollars.

« Le Canada possède déjà une riche histoire en matière de découverte de vaccins », a poursuivi M. Bains. Il a donné en exemple la découverte en 2014 au Canada d’un vaccin contre le virus Ebola qui a fait plus de 11 000 morts en Afrique de l’Ouest de 2013 à 2016.

Le vaccin, le VSV-EBOV, a été mis au point par des chercheurs du Laboratoire national de microbiologie de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC). En octobre 2014, le gouvernement du Canada a fait don de son vaccin à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Au printemps 2018, le gouvernement de la République démocratique du Congo a procédé à un essai du vaccin contre le virus Ebola pour tenter d’enrayer l’éclosion qui frappait ce pays. Depuis, plus de 300 000 personnes ont été vaccinées, et le pays a déclaré la fin de l’épidémie le mois dernier.

M. Bains a aussi rappelé que Génome Canada avait réussi à établir le séquençage du génome du virus SRAS en 2003. Génome Canada a reçu un financement de 40 millions de dollars il y a deux semaines pour mener les mêmes recherches sur la COVID-19.

240 millions pour des soins de santé en ligne

Conscient que la pandémie de COVID-19 risque d’avoir de lourdes conséquences pour de nombreux Canadiens en raison de la longue période de confinement, le gouvernement Trudeau a annoncé dimanche un investissement supplémentaire de 240,5 millions de dollars pour augmenter les services en matière de santé. Cette somme servira notamment à créer des plateformes et des applications numériques, à améliorer l’accès à des services de soutien virtuels en matière de santé mentale et à augmenter la capacité de prestation de soins de santé en ligne.

L’allocation canadienne pour enfants bonifiée

Le premier ministre Justin Trudeau a profité de sa conférence de presse à Rideau Cottage dimanche pour rappeler que les familles canadiennes auront droit à une bonification de l’allocation canadienne pour enfants de 300 $ par enfant en mai. Cette hausse s’applique seulement pour un mois. Elle avait été annoncée en mars dans le cadre d’un train de mesures visant à soutenir les familles durant la pandémie de COVID-19. « Si vous êtes un parent, on met plus d’argent dans vos poches ce mois-ci. […] Vous allez recevoir 300 $ de plus par enfant. C’est 600 $ de plus pour deux enfants, 900 $ de plus pour trois enfants et ainsi de suite pour subvenir à vos besoins, que ce soit pour le tutorat en ligne ou l’épicerie », a indiqué le premier ministre.