(Montréal) Alors que débute le Mois du patrimoine asiatique, un récent rapport de Moonshot CVE, une entreprise britannique spécialisée dans l’analyse de l’extrémisme en ligne, rapporte que la COVID-19 a entrainé une hausse significative des messages haineux envers la Chine et les Chinois.

Le Québec n’y échappe pas et des personnes d’origine asiatique ont décidé de se regrouper en ligne pour dénoncer le racisme, mais aussi pour partager des ressources afin d’y faire face.

Moonshot CVE, qui collabore parfois avec le gouvernement du Canada pour traquer les extrémistes en ligne, affirme avoir noté en une seule semaine au cours du mois de mars une augmentation de 300 % de l’utilisation de mots-clics sur Twitter qui soutiennent ou encouragent la violence contre la Chine et les Chinois.

Parmi les mots-clics les plus populaires figuraient #NukeChina (lâcher une bombe nucléaire sur la Chine), #BombChina (lâcher une bombe sur la Chine), et #DeathtoChina (mort à la Chine).

En constatant le déferlement de messages racistes sur les réseaux sociaux depuis le début de la pandémie, mais aussi en raison de l’attitude de certaines personnes envers les Asiatiques dans les lieux publics, la Montréalaise Laura Luu a décidé de créer la page Facebook « Groupe d’Entraide contre le racisme envers les asiatiques au Québec » qui compte près de 4000 membres.

Le racisme en ligne ajoute de l’angoisse à « une situation, la quarantaine, qui est déjà très angoissante », a expliqué Laura Luu à La Presse canadienne.

« Je trouvais important de créer un site pour les gens comme moi, nés ici, qui se sentent Québécois, mais qui se font dire qu’ils ne sont plus les bienvenus », a raconté cette mère de 37 ans d’origine vietnamienne ajoutant que « c’est notre identité québécoise qui est touchée et c’est blessant ».

De l’intimidation sur l’internet, mais aussi à l’épicerie

Le groupe qu’elle a créé a notamment pour mission de dénoncer les actes racistes, mais aussi d’outiller ceux qui en sont victimes.

« À Montréal, c’est moins pire que ce qu’on voit aux États-Unis, mais dans le groupe que j’ai formé, il y des témoignages de gens qui se sont fait insulter à l’épicerie ou à la pharmacie, il y a aussi des gens qui m’écrivent personnellement pour me dire qu’ils ont peur ou d’autres qui ont subi du vandalisme chez eux ».

Le « Groupe d’Entraide contre le racisme envers les Asiatiques au Québec » a reçu l’appui du Centre de Recherche Action sur les Relations Raciales qui offre à ses membres, des conseils, notamment juridiques, pour faire face à la situation.

Des membres du groupe qui ont fait part de leur anxiété et de leur « peur de sortir faire l’épicerie » ont demandé à Laura Luu d’obtenir des ressources de la part de professionnels.

Madame Luu a donc demandé à des intervenants du milieu de la santé de faire des interventions sur la page Facebook.

« Dans la culture asiatique, la maladie mentale est encore plus tabou que dans la culture québécoise. Le but “d’exposer” en Facebook Live un psychologue au groupe est de briser cette barrière pour inviter des gens à consulter au besoin » a expliqué Laura Luu, qui fait toutes ces démarches avec l’aide d’autres bénévoles.

Le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) a également publié différentes recommandations sur la page Facebook du groupe.

Aider les élèves pour le retour en classe

Laura Luu voudrait maintenant mettre sur pieds un « coffre à outils » pour les parents d’enfants asiatiques qui pourraient être victimes d’intimidation à leur retour en classe.

« J’anticipe la rentrée des classes, d’autres enfants auront vu des choses sur les réseaux sociaux ou auront entendu leurs parents dire des choses et il y aura de l’intimidation ».

La Montréalaise a confié qu’elle était à la recherche de partenaires pour fignoler ce projet.