Une préposée aux bénéficiaires du CHSLD de Cartierville qui travaillait auprès de gens atteints de la COVID-19 et qui présentait des symptômes de la maladie est morte mercredi soir à Montréal.

« C’est avec tristesse que je vous annonce le décès d’une préposée aux bénéficiaires du CHSLD de Cartierville de notre CIUSSS. À l’heure actuelle, nous ne pouvons pas confirmer la cause de son décès. Elle avait été testée négative à la COVID-19 le 27 avril », écrit le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal dans un communiqué.

Hubert Forcier, conseiller syndical à l’information à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), souligne que ce décès « soulève pas mal plus de questions qu’il apporte de réponses ».

La travailleuse était en isolement volontaire, et ses symptômes persistaient, de sorte qu’elle devait passer un second test ce vendredi.

« Elle ne passera jamais ce test, malheureusement », note M. Forcier.

Il est trop tôt pour savoir si c’est la COVID-19 qui a emporté la travailleuse, dit-il.

Une personne qui travaillait avec la défunte et qui désire garder l’anonymat, car la direction n’autorise pas les employés à s’exprimer publiquement, explique être « dévastée » par la perte de son amie.

« Elle était franche, directe, tellement humaine… Souvent, les gens vont idéaliser quelqu’un après son décès, mais elle, c’était un véritable rayon de soleil. Elle avait toujours un bon mot pour chacun, un sourire, une joie de vivre contagieuse. C’était un bonheur de travailler avec elle. »

Selon cette personne, plusieurs résidants du CHSLD de Cartierville ont d’abord eu un premier test négatif, suivi d’un deuxième test positif 24 ou 48 heures plus tard.

« C’est assez déroutant pour tous. La seule chose que je peux confirmer, c’est que nous avons une éclosion de COVID-19, et ce, dans presque toutes les unités. Nous n’arrivons même pas à avoir l’information exacte concernant les unités contaminées et le nombre de patients atteints à l’interne… Au début de la crise, il semblait y avoir une certaine transparence de notre direction, mais ça semble avoir changé depuis que nous avons eu les premiers cas confirmés, vers le 15 avril dernier. »

Les employés des CHSLD doivent parfois travailler dans des conditions qui peuvent mettre leur santé en péril, notamment lorsqu’ils n’ont pas le temps de changer de vêtements de protection quand ils se déplacent dans l’édifice.

L’employée qui est morte travaillait dans la zone où sont soignées les personnes infectées à la COVID-19.

Jeudi, le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal a souligné « le travail exemplaire et le courage » de cette employée.

« Depuis 12 ans, elle dédiait sa vie au bien-être des autres. Elle était appréciée de ses collègues et reconnue pour son dévouement. »

Il s’agit de la troisième préposée travaillant auprès de personnes infectées à perdre la vie au Québec depuis le début de la crise de la COVID-19.

Lundi, Stéphanie Tessier, une préposée aux bénéficiaires dans la trentaine qui travaillait dans un CHSLD de Saint-Jérôme, est morte après avoir contracté la COVID-19, a confirmé le CISSS des Laurentides. Au moins dix résidants et huit employés étaient contaminés dans le CHSLD Lucien-G.-Rolland, où elle travaillait. Une enquête de la Direction de santé publique est en cours pour déterminer si Mme Tessier a été contaminée sur son lieu de travail.

Le 18 avril, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a annoncé qu’une préposée aux bénéficiaires qui travaillait au CHSLD Grace Dart, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, était morte des suites de la COVID-19. L’employée avait 25 ans d’expérience et travaillait d’arrache-pied dans la « zone rouge » de l’établissement, où sont soignés les patients infectés. Au moment de sa mort, 62 résidants étaient infectés à la COVID-19 dans cet établissement.