(Ottawa) Limiter l'impact d'éventuelles nouvelles vagues de la COVID-19. Il s'agit là de l'un des principaux objectifs sous-jacents au plan national dévoilé mardi, alors que provinces et territoires voguent vers une réouverture économique au pays après des semaines de confinement.

« Jusqu’à ce qu’un vaccin ou un traitement efficace contre la COVID-19 soit au point, il est nécessaire que des mesures vigoureuses soient en place dans le cadre de notre nouvelle cohabitation avec la COVID-19, afin de limiter d’éventuelles nouvelles vagues ou éclosions et de protéger les Canadiens ainsi que l’économie partout au pays », lit-on dans un communiqué conjoint fédéral-provincial-territorial.

La levée des restrictions, y prévient-on d'emblée, « sera différente d’une région à l’autre », mais les premiers ministres s'entendent sur « l’importance de relancer l’économie» de façon graduelle, et pour ce faire, ils ont accouché d'un plan fondé sur l’expérience de pays en Asie, en Europe et ailleurs dans le monde », où l'approche préconisée en matière de déconfinement a entraîné des résultats positifs.

La relance de l'économie se fera en suivant un ensemble de critères. La propagation de la COVID-19 est-elle maîtrisée ? Les organismes de santé publique disposent-ils d’une capacité suffisante pour dépister, retracer et isoler tous les cas ? Les systèmes de santé sont-ils en mesure de répondre à tous les besoins et de prendre en charge toute nouvelle éclosion ? A-t-on élaboré des mesures de soutien et de suivi des protocoles pour prévenir l’introduction et la propagation de la COVID-19 en milieu de travail ?

Telles sont quelques-uns des éléments sur lesquels les autorités gouvernementales devront se pencher afin de déterminer jusqu'à quel point elles peuvent ouvrir les vannes, est-il énuméré dans la déclaration. Et alors que les frontières du pays demeurent fermées aux voyageurs étrangers, le gouvernement fédéral et les administrations provinciales conviennent qu'il vaudrait mieux garder le cap pour encore un moment, histoire d'« éviter les risques d’importation ».

« La réouverture des frontières internationales et l’accès au Canada pour les non-résidents pourraient n’être autorisés qu’à des étapes ultérieures, en tenant compte de la propagation du virus à l’extérieur du Canada», prévoit le plan. En ce qui a trait aux frontières interprovinciales, le communiqué mentionne que «les restrictions imposées aux voyages domestiques non essentiels devraient être assouplies et gérées de manière concertée ».

« On n'est pas sorti du bois »

Quelques heures avant la divulgation des lignes directrices, Justin Trudeau a relancé un message à la prudence: « Dans bien des régions du pays, le virus a ralenti sa progression, mais on n’est pas sorti du bois », a-t-il soutenu lors de sa conférence de presse quotidienne à Rideau Cottage, mardi.

Il a également plaidé que les tests de dépistage seraient un élément crucial du déconfinement. « Les capacités en matière de dépistage et de suivi de la COVID-19 doivent être suffisantes pour nous permettre de contrôler la propagation, et c’est pourquoi on intensifie le dépistage et on met en place les outils nécessaires le plus rapidement possible », a-t-il illustré.

Mais Ottawa n'a pas voulu dicter les règles du jeu. « Des communautés pourraient décider de tester tout le monde ; des endroits de travail pourraient vouloir tester 50 % des gens [...] Nous, notre responsabilité en tant que gouvernement fédéral, c'est d'assurer une capacité énormément accrue [de matériel de dépistage] », a expliqué le premier ministre canadien.

Les écoles et le vaccin

Au cours de son allocution, Justin Trudeau a esquivé les questions entourant la stratégie québécoise de réouverture des établissements scolaires. Même si la question lui a été posée à deux reprises, il a refusé de dire clairement s'il serait à l'aise de renvoyer ses enfants en classe.

Il n'a pas non plus voulu dire si un éventuel vaccin contre la COVID-19 pourrait être obligatoire au Canada, alors qu'un sondage mené en ligne par la maison Léger auprès de 1504 répondants révèle que 60 % d’entre eux favorisent la contrainte.

« Mais c'est toujours possible qu'on n'ait pas de vaccination, a-t-il fait remarquer. Ça fait plus que 10 ans qu'on cherche de façon très agressive un vaccin contre le VIH, et on n'en a pas encore, mais il y a des traitements qui permettent de gérer beaucoup mieux cette maladie. »

Le bilinguisme écorché

La pandémie de la COVID-19 a fait une victime collatérale: dans un avis publié lundi, Santé Canada a décrété une nouvelle exemption à l'obligation réglementaire de l'étiquetage bilingue pour les produits d'entretien, «devant la demande sans précédent et le besoin urgent».

« La mesure provisoire sera appliquée uniquement pendant la pandémie. Après la pandémie, Santé Canada appliquera de nouveau toutes les exigences auxquelles ces produits doivent satisfaire », a spécifié le ministère par voie de communiqué.

Le premier ministre Trudeau a endossé la mesure, mardi. Car « dans une situation extrême comme celle dans laquelle on est maintenant, il faut équilibrer différentes vulnérabilités et nous sommes prêts à permettre un étiquetage unilingue », a-t-il argué en conférence de presse.

Les Communes virtuelles

Les députés fédéraux ont par ailleurs tenu, pour une première fois, une réunion virtuelle de la Chambre. Comme d'habitude, la première question est allée au chef de l'opposition, Andrew Scheer, qui a interrogé son vis-à-vis Justin Trudeau sur divers éléments liés à la COVID-19.

Une délégation de députés siègera en personne, mercredi, pour débattre du projet de loi visant entre autres à mettre en oeuvre la prestation canadienne d’urgence aux étudiants de 1250 $ pendant quatre mois, de mai à août.

La facture rattachée à cette mesure et aux autres dédiées aux jeunes qui l’accompagnent est évaluée à environ 9 milliards de dollars. Les partis d’opposition en ont obtenu copie au courant de la fin de semaine afin d’arriver avec des questions et demandes concrètes.