(Montréal) La Ligue des droits et libertés (LDL) craint que le gouvernement ne teste pas suffisamment les prisonniers pour détecter la COVID-19 dans les prisons provinciales et s’inquiète également que les mesures de prévention ne soient pas respectées. Mais selon le ministère de la Sécurité publique, toutes les mesures sont en place pour assurer la sécurité des détenus et des employés.

Alors que 177 détenus ont été déclarés positifs à la COVID-19 dans les prisons fédérales, aucune infection n’a été diagnostiquée parmi les détenus provinciaux, selon le ministère de la Sécurité publique.

« En date du 21 avril 2020, il n’y a aucun cas confirmé de COVID-19 chez les personnes incarcérées, six cas diagnostiqués chez le personnel agent des services correctionnels et un cas chez le personnel d’encadrement, et ce, pour l’ensemble du réseau des établissements de détention », peut-on lire dans un courriel transmis à La Presse canadienne par la direction des communications du ministère.

Mais La Ligue des droits et libertés s’inquiète et affirme recevoir, depuis le début de la crise, des informations qui laissent croire que la situation n’est peut-être pas « sous contrôle » dans les prisons provinciales.

La Ligue affirme que selon plusieurs appels de personnes incarcérées ou de leurs proches, « les détenus ne semblent pas être testés ; les protocoles de mesures sanitaires ne semblent pas exister ou ne sont pas toujours suivis et certains gardiens ne porteraient pas de masques ou des gants pour effectuer les fouilles ».

De son côté, le ministère de la Sécurité publique maintient que du « matériel de protection personnel est fourni aux employés dont les tâches le requièrent et que des masques de procédure sont mis à la disposition des agents des services correctionnels qui sont en contact avec les personnes incarcérées ».

Également, les détenus à risque d’être atteints de la COVID-19 ou qui présentent des symptômes sont immédiatement isolés, selon le ministère.

Transferts d’un lieu à un autre

La Ligue des droits et libertés allègue que des transferts d’un lieu de détention à un autre, tant de détenus que de membres du personnel, auraient encore lieu.

« En ce moment, un poste en soins infirmiers à l’Établissement Leclerc est ouvert et il est prévu que cette personne fasse le va-et-vient entre la prison et le CLSC », a soutenu la LDL dans un communiqué.

La LDL demande que le ministère soit plus transparent et qu’il divulgue certaines informations que son équivalent fédéral, le Service correctionnel du Canada, rend publiques, telles que les directives de prévention transmises aux équipes de direction, la quantité d’équipements de prévention fournie, le nombre de détenus et de membres du personnel ayant subi un test de dépistage ainsi que leurs résultats, la fréquence des transferts et le tout, pour chaque établissement.

« Comment s’assurer que les mesures sanitaires sont suffisantes pour éviter une contamination possiblement fulgurante, comme c’est le cas dans certains pénitenciers, notamment particulièrement ceux situés au Québec ? », se demande Lucie Lemonde, porte-parole de la LDL.

Le Service correctionnel du Canada (SCC) est d’ailleurs visé par une demande d’action collective : les détenus des pénitenciers du Québec lui reprochent d’avoir compromis leur santé et leur sécurité pendant la pandémie.

Le Service correctionnel a agi « trop peu et trop tard », est-il allégué.

Cette inaction a favorisé l’éclosion de COVID-19 dans plusieurs pénitenciers fédéraux du Québec, peut-on lire dans la procédure, par laquelle il est demandé à la Cour d’autoriser une action collective.

En date de lundi, 114 personnes incarcérées dans des pénitenciers au Québec ont contracté la maladie. Le Québec est de loin la province où il y a le plus de cas, selon les chiffres du SCC.