(Ottawa) Ottawa évitera désormais de détruire du matériel médical de ses précieuses réserves nationales en s’assurant qu’il soit distribué avant la date limite d’utilisation, a promis le premier ministre Justin Trudeau.

M. Trudeau a déclaré devant la Chambre des communes qu’il avait été à la fois surpris et consterné d’apprendre que deux millions de masques respiratoires de type N95 et plus de 400 000 paires de gants médicaux avaient dû être jetés l’an dernier parce qu’ils étaient périmés depuis 2014.

« Nous avons été très troublés par cette histoire », a-t-il déclaré, en réponse à une question du chef conservateur Andrew Scheer, lors du retour aux Communes lundi.

M. Scheer a aussi reproché au gouvernement d’avoir coupé le financement pour la préparation en cas de pandémie, le faisant passer de 73 millions en 2014 à 51 millions en 2019.

Le premier ministre a promis que les protocoles seront revus afin que le matériel soit désormais distribué avant de dépasser sa durée de conservation et que les stocks soient ensuite regarnis.

La ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, a récemment reconnu que les réserves n’étaient pas suffisantes pour répondre aux besoins actuels.

Elle a toutefois souligné lundi que les stocks avaient permis de répondre aux 33 demandes reçues de la part des provinces en matière d’équipement de protection individuelle.

La « Réserve nationale stratégique d’urgence » du Canada a été créée en 1952. Elle est devenue une source d’approvisionnement en fournitures d’urgence pour aider les provinces et les territoires en cas de force majeure. Elle contient notamment des masques et des gants médicaux, des couvertures et des lits portatifs, de même que des médicaments comme des antiviraux et des antidotes contre les armes chimiques et biologiques.

L’Agence de la santé publique du Canada affirme que ses stocks ont été sollicités à plusieurs reprises au cours des dix dernières années, notamment lors de l’éclosion de H1N1 en 2009, en cas d’inondations et d’incendies de forêt et au moment de l’éclosion de tuberculose à Salluit, au Québec, en 2018.

Dans le cadre de la présente pandémie, l’approvisionnement en équipement de protection médical pour assurer la sécurité des travailleurs de première ligne a représenté l’un des plus grands défis du gouvernement.

Les masques de type N95 sont particulièrement rechechés puisqu’ils constituent l’un des seuls dispositifs véritablement efficaces pour filtrer les particules en suspension dans l’air et donc prémunir ceux qui les portent contre le virus.

La ministre fédérale des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand, avait indiqué la semaine dernière que le Canada avait commandé environ 145 millions de nouveaux masques N95 en provenance de Chine. Elle avait dit s’attendre à ce qu’environ deux millions de ces masques puissent être distribués dans des centres hospitaliers d’ici la fin de la semaine dernière.

Andrew Scheer a interrogé Justin Trudeau à deux reprises lundi par rapport à des informations selon lesquelles trois avions affrétés par le Canada pour aller récupérer le matériel en Chine étaient revenus vides dimanche.

Justin Trudeau n’a pas réfuté ces affirmations, faisant valoir que la concurrence entre les pays est « féroce » pour mettre la main sur ces précieuses fournitures médicales.

Une porte-parole de la ministre Anand a toutefois indiqué à la Presse canadienne que quatre avions en provenance de Chine sont arrivés comme prévu au cours du week-end avec des masques N95 et des masques chirurgicaux, des combinaisons de protection et un composant clé du réactif nécessaire aux tests de dépistage de la COVID-19. Mais l’un des vols nolisés est effectivement revenu vide en raison de l’achalandage à l’aéroport de Shanghai, qui a empêché la cargaison de se rendre à l’avion avant son décollage, a expliqué la porte-parole Cecely Roy.

Le gouvernement prend des mesures pour éviter que cela ne se reproduise, a-t-elle ajouté.