(Ottawa) Les pénitenciers du Canada doivent améliorer leurs mesures sanitaires et effectuer plus de tests de dépistage de la COVID-19 afin d’éviter la propagation de masse au sein de la population carcérale, en plus de permettre la libération de certains détenus, ont affirmé de nombreux groupes, samedi.

Le nombre de cas de la COVID-19 est à la hausse dans de nombreux pénitenciers.

« La situation est urgente et requiert une réaction rapide », a affirmé l’Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry dans un communiqué, samedi, souhaitant « sonner l’alarme » concernant le nombre d’infections à l’Établissement Joliette pour femmes au Québec, à Joliette.

Cinquante cas confirmés ont été enregistrés à ce pénitencier de Lanaudière, selon le groupe – une hausse de 40 depuis le 7 avril. Cela représente 60 % de la population carcérale dans cet établissement. Le nombre de cas pourrait être encore plus élevé, car d’autres résultats de tests sont attendus.

« L’exemple que Joliette démontre malheureusement qu’en raison de la nature même des prisons (un manque d’environnement propre, impossibilité de distanciation physique), une fois que la COVID-19 pénètre la prison, il est extrêmement difficile – voire impossible – de freiner une propagation rapide, a dit le groupe. Cela place une population déjà vulnérable encore plus à risque. »

À Joliette, des unités d’isolement sont utilisées pour tenir les détenues malades à part, selon le groupe – une mesure qu’il qualifie que cruelle, punitive, qui manque d’humanité et inefficace pour contenir le virus.

D’autres pénitenciers pour femmes vivent la même situation, notamment en Ontario et en Colombie-Britannique.

« Les autres institutions pourraient bientôt se retrouver dans la même situation qu’à Joliette », a souligné le groupe, dont les six équipes régionales et le bureau national reçoivent des dizaines d’appels chaque jour de femmes détenues souhaitant obtenir de l’aide.

Les détenues ont mentionné à l’association que dans la majorité des cas, seulement les personnes présentant des symptômes sont testées.

« Nous devons agir maintenant et libérer autant de personnes que possible. »

Le Congrès des peuples autochtones a fait écho à cette demande, affirmant dans un communiqué publié vendredi qu’il demandait depuis plus d’un mois au gouvernement fédéral d’agir.

Il soutient que les détenus décrivaient notamment des conditions qui empêchaient les mesures de distanciation sociale et un manque d’accès aux produits sanitaires.

Le congrès a réitéré son « appel pour des actions immédiates concernant la surpopulation et les conditions insalubres des pénitenciers fédéraux, et pour la libération immédiate des délinquants à faible risque ou détenus à la suite de crimes non violents, des détenus dont la peine achève et de ceux souffrant de problèmes chroniques de santé. »

Une coalition de groupes de droits de la Colombie-Britannique a fait vendredi la même demande à la suite du décès d’un détenu à l’Établissement de Mission, plus tôt cette semaine. On rapportait jeudi 54 détenus et six agents correctionnels ayant été déclarés positifs pour le virus dans ce pénitencier à sécurité moyenne.