Faut-il privilégier la crémation des victimes de la COVID-19 ? Au Québec, le choix appartient aux familles, assure l’Institut national de santé publique.

« L’inhumation en soi ne pose pas de risque supérieur à la crémation en termes de risque à la santé publique, explique dans un courriel le Dr Richard J. Côté, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Par contre, l’inhumation est souvent associée à plus de cérémonies et de rassemblements et demande plus de ressources humaines dont les brancardiers qui porteront le cercueil jusqu’à la fosse. »

Questionné sur une phrase mentionnant que « la crémation par le feu est préférable », sur le site de l’INSPQ – alors que l’inhumation est permise – , il a expliqué qu’elle devait être retirée sous peu.

Des protocoles stricts ont été mis en place un peu partout dans le monde pour disposer des dépouilles de gens infectés par le virus.

Dès le début du mois de février, les autorités chinoises ont ordonné la crémation rapide des victimes de la COVID-19, au crématorium le plus près. Les funérailles et les enterrements ont été interdits.

Suivre les directives

Avant même l’arrivée du nouveau coronavirus, les Chinois préféraient l’incinération, moins coûteuse, à l’enterrement des corps. Mais pour ceux qui auraient opté pour l’inhumation, ce n’était plus une possibilité.

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Transport d'une dépouille à Wuhan, en Chine

Aux États-Unis, l’État du Nevada a d’abord annoncé qu’il faudrait incinérer les morts du coronavirus, avant de se rétracter pour laisser le choix aux familles.

« L’incinération est plus sécuritaire du point de vue de la biosécurité et du risque d’exposition au coronavirus, estime Levon Abrahamyan, professeur de virologie à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Mais, pour certaines personnes, ce type de funérailles n’est pas acceptable en raison de leurs croyances et traditions. »

Le professeur étudie les coronavirus depuis des années. Il souligne qu’on connaît encore très mal la COVID-19, mais il se base sur des données concernant le SRAS pour faire des hypothèses. « J’estime que le virus peut rester infectieux pendant de trois à sept jours [après la mort], probablement », dit-il. La propagation se ferait alors par des liquides biologiques – comme des microgouttelettes sur le corps.

D’où l’importance, explique-t-il, des directives de santé publique dans la manipulation des dépouilles. L’INSPQ recommande aussi une exposition à cercueil fermé.

Respecter les valeurs

Les rites entourant la mort gardent leur importance, note Mélanie Vachon, professeure au département de psychologie de l’UQAM. « Ils sont là surtout pour les gens qui restent, pour les proches », souligne-t-elle.

Forcer un rituel plutôt qu’un autre peut avoir des impacts sur les endeuillés. Au Sri Lanka, par exemple, la crémation forcée de victimes musulmanes de la COVID-19 a soulevé un tollé, puisque cette religion ne le permet pas. « Ça dépend à quel point ça heurte la personne dans ses valeurs profondes », nuance-t-elle.

Au Québec, la majorité des gens optent pour l’incinération de façon générale, explique Alain Leclerc, directeur général de la Fédération des coopératives funéraires du Québec.

Il n’y a pas non plus de considération de manque d’espace, note le secrétaire-trésorier de l’Association des cimetières chrétiens du Québec, Alain Chartier.

« Même dans les scénarios les plus négatifs, il n’y a pas de craintes par rapport à la capacité des cimetières québécois », rappelle-t-il.