(Québec) Des milliers de travailleurs du secteur collégial pourraient être forcés par le gouvernement Legault d’aller travailler dans les hôpitaux et les CHSLD.

C’est l’estimation dressée par la Confédération des syndicats nationaux (CSN) à la suite d’un arrêté ministériel publié tout récemment.

Selon cet arrêté signé par la ministre de la Santé, Danielle McCann, le gouvernement peut redéployer des enseignants du collégial sur la ligne de front dans la lutte au coronavirus.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Danielle McCann

Par exemple des professeurs en soins infirmiers, en travail social ou en analyses biomédicales pourraient être contraints d’aller œuvrer dans le réseau de la santé, où les besoins sont criants.

Selon des données obtenues par La Presse canadienne, près de 3700 travailleurs du collégial pourraient être conscrits, selon une hypothèse large.

En grande majorité, il s’agit de professeurs en soins infirmiers (1797), mais il y a aussi des professeurs de biologie (549), de technique d’éducation à l’enfance (448), de travail social (229), de radiologie (119).

Un nombre plus élevé de personnes pourrait être touché en fait : il s’agit d’un calcul fondé sur des postes « équivalent temps complet », c’est-à-dire autant des enseignants à plein temps que de plusieurs postes à mi-temps qui sont additionnés pour faire un plein temps.

La CSN s’inquiète des règles de mise en œuvre de l’arrêté ministériel, contenues dans un guide d’application qui devrait être rendu public mardi. Le syndicat demande ce qui adviendrait, par exemple, des enseignants qui refuseraient d’être affectés dans un centre hospitalier.

« On met la charrue avant les bœufs, a déclaré Caroline Quesnel, la présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ), affiliée à la CSN. Est-ce que ça va être obligatoire ou du volontariat ? Ça jette une certaine confusion, déjà qu’on n’en manquait pas. »

L’enseignement à distance fait partie de la liste des services essentiels, donc le personnel enseignant dans le domaine de la santé est en train de finir l’année scolaire à former des cohortes d’étudiants. Il y a donc un dilemme qui se pose.

« Qui va être requis (à aller travailler dans le réseau) à court terme ? Va-t-on considérer ceux qui sont à mi-temps avant ceux qui sont à plein temps ? Par ordre de priorité ? D’ancienneté ? Par ordre alphabétique ? On n’en sait rien. »