Des Montréalais confinés chez eux pendant la crise sanitaire de la COVID-19 profitent du temps dont ils disposent pour préparer des milliers de sandwichs et de portions de chili distribuées aux personnes en situation d’itinérance du Square Cabot.

En annonçant diverses mesures pour venir en aide à la population itinérante sur son territoire, la Ville de Montréal a mentionné l’aménagement d’un centre de jour au Square Cabot. L’endroit composé de tentes et d’installations sanitaires est géré par l’organisme Résilience Montréal.

Le coordonnateur David Chapman explique que son équipe a pris la décision de fermer les portes du local devenu trop petit pour s’établir directement dans l’espace public et servir toutes les personnes dans le besoin.

Quand l’épidémie a atteint la métropole, de nombreuses ressources communautaires ont dû fermer leurs portes ou réduire leur offre de services pour se conformer aux règles de prévention de la santé publique. Ce qui a eu pour effet d’augmenter la population au Square Cabot.

« Soudainement, on s’est retrouvé avec beaucoup trop de monde et on ne pouvait plus opérer. Alors, on a décidé de sortir et de s’installer dehors pour ne pas être obligé d’exclure des gens », rapporte M. Chapman.

Résilience Montréal sert environ 500 repas par jour, soit trois services, sept jours par semaine, directement dans le parc situé à l’angle des rues Atwater et Sainte-Catherine Ouest. On y distribue aussi des vêtements, des chaussures et du matériel d’hygiène en plus de fournir de l’information sur le virus et sur les refuges d’urgence.

Des sandwichs et des portions de chili sont préparés en grande quantité par des citoyens qui apportent leur contribution chez Résilience Montréal afin que l’organisme redistribue la nourriture aux bénéficiaires.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Résilience Montréal sert environ 500 repas par jour, soit trois services, sept jours par semaine, directement dans le parc situé à l’angle des rues Atwater et Sainte-Catherine Ouest.

Le local qui servait auparavant à accueillir la clientèle a été transformé en cuisine pour produire encore plus de repas.

En ce mois d’avril froid et pluvieux, les jours ne sont pas faciles au grand air. Surtout que les tentes du Square Cabot n’ont qu’un toit et pas de murs.

« Quand il pleut, on se fait mouiller et il fait froid, mais on s’équipe avec des vêtements chauds, on distribue des manteaux de pluie, des couvertures pour garder tout le monde au chaud », décrit le coordonnateur qui se réjouit de pouvoir compter sur un solide noyau de personnes dévouées.

Chaque jour, une dizaine de bénévoles distribuent de la nourriture et des vêtements non seulement au Square Cabot, mais aussi dans le métro et ailleurs où se trouvent des grappes de personnes sans-abris.

240 sandwichs et 80 portions de chili

Tous les bénévoles intéressés à préparer de grandes quantités de chili à la maison sont invités à apporter leur contribution directement chez Résilience Montréal.

Sur la page Facebook de l’organisme, on suggère aux cuistots d’opter pour une recette douce, pas trop épicée.

Mélanie Alasie Napartuk, étudiante à la maîtrise en nutrition et nutritionniste au CHU Sainte-Justine, a saisi l’occasion d’être forcée au télétravail pour apporter son soutien.

Elle a d’abord préparé 240 sandwichs, puis en faisant appel aux réseaux sociaux, elle a amassé 1350 $ pour pousser la démarche à un autre niveau et produire des litres de chili.

« Ça me coûte environ deux dollars par portion. Je vais en faire jusqu’à ce que j’aie épuisé tout l’argent que j’ai reçu », promet celle qui travaille comme nutritionniste sur un projet de recherche en oncologie auprès des enfants.

« Le nerf de la guerre, c’est l’approvisionnement à l’épicerie et ma capacité de stockage », poursuit la jeune femme qui a un lien bien personnel avec le Square Cabot.

Une bonne part de la population en situation d’itinérance de l’endroit est composée d’Autochtones et principalement d’Inuits.

« C’est bien connu chez les Inuks, plusieurs personnes de ma famille ont fréquenté le square à des moments de leur vie, ma mère allait voir des amies, là, mentionne-t-elle. Ce n’est pas seulement un endroit pour les personnes en situation d’itinérance, mais aussi un endroit où les gens se rassemblent. »

On estime qu’environ 250 personnes vont et viennent tous les jours au Square Cabot.