(Ottawa) Lorsqu’une quarantaine de Rangers canadiens ont été déployés dans le nord du Québec plus tôt cette semaine pour ériger des tentes chauffées pour le dépistage de la COVID-19 et d’autres tâches en lien avec la lutte des communautés locales contre la pandémie, ils représentaient l’intervention militaire la plus tangible depuis le début de la crise.

Les Rangers ont été déployés à la suite d’une requête du gouvernement du Québec, la première à être acheminée au gouvernement fédéral en raison de la COVID-19. Des milliers d’autres militaires canadiens sont sur un pied d’alerte, en attente d’autres requêtes du genre.

Cependant, que peuvent faire les Forces armées canadiennes pour lutter contre une pandémie ? Et comment l’état-major déploiera les militaires si certains d’entre eux sont infectés, mis en quarantaine, ou carrément retirés du terrain ?

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a annoncé le mois dernier que l’état-major avait mobilisé environ 24 000 soldats afin de répondre à la menace de la COVID-19, des crues printanières et des incendies de forêt qui sont devenus monnaie courante au cours des dernières années.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan

L’équipement a été acheminé aux principales bases militaires canadiennes, comme celle de Borden, en Ontario, mais la plupart des soldats ont jusqu’ici reçu la directive de s’isoler, afin d’éviter de contracter la COVID-19 — ils doivent demeurer en santé, afin de ne pas infecter ceux qui pourraient avoir besoin de leur aide.

Des navires de la Marine royale canadienne ont aussi reçu la directive de demeurer au large des côtes jusqu’à ce que leur aide soit demandée pour la même raison : l’équipage de ces navires doit à tout prix éviter d’être infecté par le coronavirus. Entre-temps, seuls les membres essentiels des forces aériennes continuent de transporter de l’équipement et des denrées aux quatre coins du pays, ainsi qu’à l’étranger.

Les Forces armées canadiennes devraient surtout jouer un rôle de soutien contre le coronavirus. Elles pourraient servir à assurer que la quarantaine est respectée par la population, mais devraient surtout s’occuper de la logistique sur le terrain ; assurer le transport, l’érection de bâtiments et d’abris, les communications ainsi que le soutien médical.

« Nous sommes limités sur le plan médical, a convenu le lieutenant-général à la retraite Guy Thibault. Le matériel des Forces armées canadiennes est conçu pour les Forces armées canadiennes. Il n’est pas conçu pour augmenter la capacité du système médical du pays. »

Pour l’instant, on ignore combien de soldats canadiens seront déployés sur le terrain pour lutter contre la COVID-19. M. Sajjan a indiqué la semaine dernière que l’ampleur du soutien dépendra des requêtes individuelles formulées par les provinces et les territoires du pays.

Selon le lieutenant-général à la retraite et ex-député libéral Andrew Leslie, la situation actuelle est très similaire à celle d’une guerre — l’état-major devra composer avec un certain nombre de pertes humaines qui affecteront la capacité de certaines unités à effectuer des opérations sur le terrain.

« C’est la guerre, a martelé M. Leslie. Ce n’est pas une blague. C’est une guerre. Il y a, là-bas, un ennemi invisible, silencieux, qui tente de nous tuer. Et il faut garder la tête froide ; il faut qu’on soit prêt à y répondre. »