Tandis que les cours se poursuivent à distance dans la plupart des universités malgré les appels pour une reconnaissance des crédits, des établissements d’enseignement supérieur proposent une aide financière d’appoint pour les étudiants précarisés par la crise sanitaire au point de songer à abandonner leurs études.

L’Université du Québec à Montréal (UQAM) a annoncé vendredi la création d’un fonds d’aide d’urgence d’un montant initial de 300 000 $, à l’intention des étudiants dont la nouvelle situation financière « met en péril » la poursuite de leurs cours.

Cette aide « ponctuelle et temporaire » est destinée aux étudiants à temps plein, plus particulièrement ceux qui sont parents ou qui proviennent de l’étranger et qui ne bénéficient pas déjà de prêts et bourses.

Le fonds, auquel ont contribué plusieurs syndicats et associations de l’UQAM, doit seulement répondre aux besoins « immédiats et de première nécessité », c’est-à-dire pour se nourrir, pour couvrir des frais médicaux et pour se doter de la connexion internet nécessaire pour suivre les cours en ligne, précise-t-on.

Le montant alloué sera évalué « sur la base des besoins et des responsabilités de chacun », ajoute l’administration, qui lance un appel aux dons pour bonifier cette aide d’urgence.

L’Université du Québec à Rimouski (UQAR) – qui fait bande à part en considérant les cours comme terminés si une évaluation a déjà eu lieu – a tout de même amassé plus de 436 000 $ pour son propre fonds d’urgence.

Des pétitions circulent pour demander aux établissements universitaires de suivre l’exemple de l’UQAR, où les apprentissages se poursuivent sans exigences. Plusieurs dénoncent des cours remaniés à la hâte, dans un contexte déjà hautement anxiogène pour bien des étudiants, qui doivent composer avec des enfants à la maison, des mises à pied, une santé mentale fragilisée, une connexion internet qui laisse à désirer ou encore un emploi plus demandant que jamais dans les services essentiels.

Les fonds d’urgence se multiplient

L’Université Laval a pour sa part lancé il y a plus d’une semaine un fonds d’urgence pour les étudiants « ayant un déficit budgétaire actuel les empêchant d’assumer leurs besoins de première nécessité, qui se retrouvent temporairement dans une situation où il n’est plus possible de réduire davantage leurs dépenses, ni d’augmenter leurs revenus, et pour qui la poursuite des études peut être compromise ». Un montant de jusqu’à 1500 $ est alloué au cas par cas, en tenant également compte des prestations gouvernementales accordées.

Selon son site web, 500 000 $ ont d’abord été réunis et en date du 1er avril, près de 200 000 $ ont déjà été distribués. Des dons toutefois continuent de regarnir le fonds, tandis que le Bureau des bourses et de l’aide financière rapportait vendredi avoir reçu plus de 1850 demandes d’aide d’étudiants.

Depuis le 30 mars, l’Université de Sherbrooke accepte également les demandes d’aide financière d’urgence d’étudiants ayant perdu un emploi ou un stage dont ils dépendaient pour financer leurs études. Selon son site web, plus de 675 000 $ ont été recueillis jusqu’à présent, sur un objectif d’un million et demi.

L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) a réuni plus tôt cette semaine 330 000 $ en soutien financier « de dernier recours » pour les étudiants dont les difficultés financières les empêchent de subvenir à leurs besoins de première nécessité. Les responsables du fonds rapportent avoir reçu plus de 1000 demandes en moins de 24 heures après son déploiement.

À l’Université du Québec à Chicoutimi, l’administration et l’association étudiante offrent une aide d’urgence aux membres qui ont perdu une ressource financière à cause de la COVID-19 et éprouvent dorénavant de la difficulté à combler leurs besoins essentiels. On rapporte que 350 000 $ ont été amassés à cette fin, et que 220 étudiants ont déjà pu en bénéficier.

L’Université Concordia a elle aussi sollicité ses donateurs la semaine dernière en vue de créer un fonds d’urgence de 500 000 $, à l’intention des étudiants dont les besoins financiers « immédiats et nécessaires » soulevés par la pandémie ne peuvent pas être comblés par des formes d’aide gouvernementale. Les étudiants pourront soumettre leur demande en ligne à compter de lundi.

L’Université McGill invite pour sa part les étudiants ayant des « préoccupations financières immédiates » par rapport à des « frais de déplacement ou de subsistance » à soumettre une demande à son service d’aide financière habituel.

L’Université du Québec en Outaouais (UQO) et son association étudiante offrent également une aide d’urgence, distribuée en bonne partie « sous forme de bons d’achats ».

Du côté de l’Université de Montréal, une annonce est attendue à ce sujet au cours de la prochaine semaine et les demandes pourront être déposées à partir de mercredi.