Pour la première fois, le portrait de l’origine des cas de COVID-19 au pays se précise. Un survol épidémiologique mené sur les 337 premiers cas signalés au gouvernement du Canada révèle que 20 % d’entre eux sont issus d’une contamination dite communautaire, et ce, en dépit du fait que des provinces, comme le Québec, offrent le test de dépistage uniquement aux voyageurs et leurs contacts étroits.

Les 337 cas analysés par Ottawa dans ce premier « résumé épidémiologique » de la COVID-19 révèlent que 58 % des personnes atteintes ont contracté le virus à l’étranger et que 11 % ont contracté le virus à la suite d’un contact étroit avec un voyageur. Le reste, soit 11 % des cas, est pour l’instant indéterminé.

Environ un tiers (31 %) des cas au Canada sont des personnes âgées de 60 ans et plus. Concernant la gravité des cas : environ 11 % des personnes ont été hospitalisées, dont 3 % ont dû être admis aux soins intensifs.

Les symptômes les plus souvent observés chez les patients sont la toux (dans 80 % des cas), la fièvre (dans 55 % des cas) et l’essoufflement (dans 26 % des cas).

Cette analyse ne présente toutefois qu’une vue partielle du phénomène au Canada puisque seuls les cas pour lesquels les formulaires ont été transmis à l’Agence de la santé publique du Canada par les provinces ont été comptabilisés.

En milieu de journée vendredi, on dénombrait officiellement 925 cas d’infection à la COVID-19 dans les 10 provinces canadiennes et 12 morts. Près de 66 000 personnes avaient été testées dans l’ensemble du pays.

« C’est plus de 10 000 personnes de plus que la veille », s’est réjouie la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique au Canada, lors de son point de presse quotidien. « Nos collègues des agences de santé publique continuent d’étudier les cas qui ne sont pas reliés à d’autres afin de découvrir des chaînes cachées de contamination au pays », a-t-elle ajouté.

Qu’en est-il au Québec ?

Le ministère de la Santé du Québec affirmait encore hier que, officiellement, il n’y avait toujours pas de cas de contamination communautaire dans la province. À l’heure actuelle, on ne recense que des cas de transmission de « première » ou de « deuxième génération ».

« On dit qu’il y a transmission communautaire d’un virus lorsqu’une personne contracte la maladie d’une troisième génération de transmission. Un cas de première génération est une personne qui a contracté le virus en voyage dans une zone endémique. Celle qui a contracté le virus par contact étroit avec une personne diagnostiquée est la deuxième génération. La troisième génération l’a attrapé de la deuxième », a expliqué Robert Maranda, de la direction de communications du ministère de la Santé. « Effectivement, pour le moment, car la situation change rapidement, il n’y a pas de transmission de troisième génération parmi les cas confirmés. »

Cette situation pourrait bientôt changer. Jeudi, La Presse a révélé qu’à la suite de la mort d’une femme de 82 ans atteinte de la COVID-19 qui vivait dans un foyer pour personnes âgées de Lavaltrie, quatre autres résidants symptomatiques ont été mis sous investigation.

Dépistage : Québec élargit ses critères

Malgré les données publiées hier par Ottawa, Québec continuera d’offrir uniquement le test de dépistage aux voyageurs, à leurs contacts étroits et aux proches des personnes atteintes de la COVID-19.

Deux catégories viendront toutefois s’ajouter à compter de maintenant. Le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, a indiqué hier que les patients hospitalisés qui présentent des symptômes ressemblant à ceux de la COVID-19 subiront désormais aussi des tests, tout comme les professionnels de la santé ayant des symptômes.

« C’est un phénomène très dynamique. Et ces choix-là sont faits en fonction de l’utilité pour traiter les patients, puis pour connaître ce qui est en train de se passer dans la population », a déclaré le Dr Arruda lors du point de presse quotidien du gouvernement Legault au sujet des stratégies de dépistage.

De son côté, la Dre Theresa Tam a véhiculé hier exactement le même message. Elle a aussi expliqué que les travailleurs de la santé symptomatiques devraient désormais être testés même s’ils n’ont pas voyagé pour éviter qu’ils propagent la maladie dans les milieux de soins.

Elle a ajouté que les personnes vivant en CHSLD ou les patients hospitalisés présentant des symptômes devraient être priorisés dans les tests de dépistage même s’ils ne sont pas allés à l’étranger. « C’est un aspect clé parce que c’est comme cela que l’on va pouvoir déterminer si nous avons des propagations qui ne sont pas liées aux voyages », a-t-elle expliqué.