Des conseils bien avisés contre la COVID-19 mêlés à un flot d’informations inexactes et farfelues : voici ce que contient un message qui circule abondamment sur les réseaux sociaux et par des chaînes de courriels. Cette liste de conseils a supposément été écrite par « un chercheur collaborant avec le groupe de travail qui lutte contre l’épidémie de coronavirus », sans référence plus précise. Plusieurs lecteurs nous l'ont fait parvenir, intrigués. Nous l’avons analysée pour séparer le vrai du faux.

« La taille du virus est assez grande (diamètre d’environ 400-500 nanomètres), donc n’importe quel type de masque peut l’arrêter : dans la vie normale, les masques spéciaux ne sont pas nécessaires, des masques simples suffisent. »

INEXACT.

La taille des coronavirus se situe entre 80 et 120 nanomètres. De toute façon, souligne la Dre Anne Gatignol, professeure-chercheuse en microbiologie au département de médecine de l’Université McGill, c’est la taille des gouttelettes qui contiennent le virus qu’on doit prendre en compte, et non celle du virus lui-même. Quant à savoir s’il est utile de porter un masque, la question divise les spécialistes. Gaston De Serres, médecin épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), rappelle que l’Organisation mondiale de la santé ne le recommande pas pour les gens en santé. « C’est parce qu’ils ont peur de manquer de masques », réplique la Dre Gatignol, qui considère qu’un masque constitue une certaine « barrière physique » contre les gouttelettes. Il faut toutefois savoir que cette barrière n’est pas étanche si le masque n’est pas parfaitement ajusté, qu’il ne faut jamais toucher le devant du masque une fois qu’il est utilisé et qu’il ne doit pas servir à développer un faux sentiment de sécurité. Soulignons aussi que si chacun utilise chaque jour un masque jetable, les pénuries se feront rapidement sentir et les gens qui en ont vraiment besoin viendront peut-être à en manquer.

« La transmission du virus se fait surtout par contact direct, en touchant des tissus ou des matériaux sur lesquels le virus est présent : il est essentiel de se laver les mains fréquemment. »

INEXACT.

« Pour l’instant, les connaissances montrent que le principal mode de transmission n’est pas le contact avec les surfaces, mais bien les gouttelettes éjectées par les gens contaminés qui toussent, qui éternuent ou qui parlent », dit le DGaston De Serres. Des chercheurs américains ont montré récemment que le virus peut survivre quatre heures sur du cuivre, 24 heures sur du carton et jusqu’à trois jours sur le plastique et l’acier inoxydable. Il n’est pas prouvé que le virus peut se transmettre en touchant de telles surfaces contaminées, mais la Dre Anne Gatignol juge cela probable. Dans tous les cas, oui : lavez-vous les mains souvent et consciencieusement.

« Vous pouvez vous gargariser avec une solution désinfectante qui élimine ou minimise la quantité de virus qui pourrait entrer dans votre gorge, ainsi vous l’éliminez avant qu’il ne descende dans la trachée puis dans les poumons. »

FAUX.

Cette méthode ne figure nulle part sur la liste des recommandations des agences comme Santé Canada, l’Organisation mondiale de la santé ou les CDC américains.

« La COVID-19 peut ne pas présenter de signes d’infection pendant de nombreux jours, pendant lesquels on ne peut pas savoir si une personne est infectée ou pas. »

VRAI.

Les modèles les plus récents estiment la période d’incubation médiane à 5,1 jours, mais elle pourrait aller jusqu’à 14 jours. Rappelons aussi que 80 % des gens infectés ont des symptômes légers, et une portion d'entre eux sont asymptomatiques.

« Prenez une grande respiration et retenez votre souffle pendant plus de 10 secondes. Si vous y parvenez sans tousser, sans sentiment d’oppression, etc., cela montre qu’il n’y a pas de fibrose dans les poumons, ce qui indique essentiellement l’absence d’infection. »

FAUX.

« Il n’y a rien là-dedans qui soit basé sur la science », tranche Gaston De Serres. Seul un test reconnu permet de diagnostiquer la COVID-19.

« Buvez quelques gorgées d’eau au moins toutes les 15 à 20 minutes. […] Même si le virus pénètre dans votre bouche, l’eau ou d’autres liquides l’emporteront par l’œsophage et dans l’estomac. »

FAUX.

Encore une fois, cette recommandation n’est basée sur aucune étude scientifique et ne tient pas la route aux yeux des experts consultés. Le Dr Gaston De Serres rappelle par ailleurs que la COVID-19 peut parfois provoquer un mal de gorge, mais que les symptômes les plus fréquents sont la fièvre, la toux sèche et les difficultés respiratoires. « Il ne faudrait pas que tout le monde qui a mal à la gorge aujourd’hui se précipite dans les hôpitaux », souligne-t-il.

« Le virus ne résiste pas à la chaleur et meurt s’il est exposé à des températures de 26-27 degrés : il faut donc souvent consommer des boissons chaudes comme du thé, de la tisane ou de la soupe pendant la journée, ou simplement de l’eau chaude. »

FAUX.

La Dre Anne Gatignol voit un grand nombre de problèmes avec cette affirmation. D’abord, parions que votre thé est plus chaud que 26 degrés Celsius. Mais même si c’est le cas, l’experte souligne qu’il faudrait une exposition prolongée à environ 60 degrés Celsius pour tuer le virus. « Et encore là, il faut se rappeler que le virus infiltre nos cellules. Pour l’éliminer, il faut donc tuer les cellules, et ce n’est pas un thé qui va faire ça », souligne-t-elle.

« Et pour ceux qui peuvent le faire, exposez-vous au soleil ! »

FAUX.

Si vous êtes infecté, le soleil ne vous guérira pas. Et si vous ne l’êtes pas, il ne vous immunisera pas. Il n’y a rien de mal à prendre l’air, mais rappelez-vous que tout contact à moins d’un mètre d’une autre personne entraîne un risque de transmission.

Dans une première version de ce texte, nous écrivions que 80 % des gens touchés par la COVID-19 ne présentent aucun symptôme. Il aurait fallu écrire que 80 % des gens ont des symptômes relativement peu sérieux, dont une portion d’entre eux sont asymptomatiques.