Trois mois après la fermeture partielle du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, l’administration Plante s’inquiète de la « circulation de transit grandissante » engendrée par le mégachantier dans certains quartiers. Outre les mesures d’apaisement de la circulation, Montréal réclame notamment de multiplier rapidement les radars photo, une idée à laquelle promet de s’attaquer bientôt la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

« Dans le Centre-Sud, dans Sainte-Marie, mais aussi dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, on voit malheureusement que, malgré nos efforts, il y a une circulation de transit grandissante dans les quartiers. C’est lié au tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, mais c’est aussi l’illustration du fait qu’on arrive à un niveau de saturation de notre réseau, ce qui rend la cohabitation beaucoup plus difficile », affirme la responsable de la mobilité à la Ville de Montréal, Sophie Mauzerolle.

L’administration Plante affirme avoir déjà implanté « plusieurs interdictions de virage à droite et dos d’âne » dans les secteurs les plus critiques. « Cela dit, c’est très difficile de prévoir les changements de comportements des automobilistes. En tout cas, l’énorme recrudescence des collisions nous montre clairement qu’on a trop de voitures sur les routes, que ça roule trop vite. Et qu’il faut accélérer les projets de transport collectif », poursuit Mme Mauzerolle.

Trois tronçons de rue deviendront à sens unique d’ici septembre dans le Centre-Sud, dont celui où s’est produit l’accident mortel ayant coûté la vie à la petite Mariia, à la mi-décembre.

« Ce n’est que le début pour le quartier », a dit la mairesse Valérie Plante, la semaine dernière, disant vouloir « sécuriser l’ensemble du Centre-Sud ».

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Le 13 décembre dernier, un accident suivi d’un délit de fuite a entraîné la mort de Mariia Legenkovska, 7 ans, au coin Parthenais et De Rouen, à Montréal.

Mais Montréal insiste : il faudra en faire beaucoup plus. L’une des options privilégiées : augmenter la présence de radars photo, surtout près des zones scolaires, où la vitesse des automobilistes surpasse « trop souvent » la limite permise. « On voit la performance de ces outils-là : ça fonctionne, ça engendre un changement de comportement. On en veut plus, proche des écoles, sur le réseau artériel », dit Sophie Mauzerolle, en appelant Québec à multiplier leur nombre dans les prochains mois.

La Presse a rapporté lundi que la Ville de Montréal a soumis un projet au ministère des Transports (MTQ) pour implanter des radars photo dans des quartiers densément peuplés. À l’heure actuelle, une municipalité doit obtenir l’approbation du Ministère pour utiliser un radar photo à l’extérieur d’une zone scolaire.

Guilbault veut davantage de radars photo

Pour l’instant, au Québec, on compte 54 radars photo, dont 30 sont « fixes » et 24 sont « mobiles », pouvant ainsi être déplacés sur le territoire au besoin. C’est en soi beaucoup moins qu’ailleurs. À titre comparatif, on en trouvera bientôt 75 à Toronto, où un projet pilote déploie aussi 120 radars photo mobiles faisant une rotation dans différentes zones scolaires. Vancouver en compte 35 à lui seul, tandis qu’Ottawa en a déjà installé 17, qui ont d’ailleurs capté plus de 106 000 conducteurs fautifs en 2022.

Cette semaine, la ministre Geneviève Guilbault a promis de déposer un « plan d’action renforcé » en matière de sécurité routière qui fera une « place importante » aux radars photo, en réaction aux parents qui se mobilisent pour exiger une meilleure sécurité dans les déplacements actifs autour des écoles.

En entrevue, la ministre confirme « évaluer la possibilité d’ajouter plus de radars photo », sans toutefois s’avancer sur un chiffre précis.

« C’est une mesure qui est efficace. On regarde différentes technologies à travers le monde. Ici, on est habitués à nos radars mobiles, mais en France, dans certaines communes, ils testent de nouvelles sortes de radars qu’ils viennent d’installer. On veut vraiment avoir ce qui pourrait être le plus efficace », dit-elle néanmoins, en évoquant aussi la possibilité de revoir au passage la gouvernance derrière ces appareils, qui pour l’instant « mobilisent beaucoup de ressources policières et judiciaires ».

« Ça doit venir avec plusieurs autres mesures. Il y a aussi beaucoup de sensibilisation et de prévention à faire », poursuit Mme Guilbault, qui s’inquiète notamment que dans 30 % des collisions enregistrées par la Sûreté du Québec (SQ) l’an dernier, les gens ne portaient pas de ceinture. « Il y a peut-être des rappels à faire sur des choses qu’on considère comme acquises », soutient l’élue.

Elle dit qu’il est essentiel de « trouver un équilibre entre la sécurité autour des écoles » et sa « volonté que les jeunes bougent, puissent se rendre à pied ou en vélo à l’école de façon sécuritaire ». « J’en ai parlé avec ma collègue [la ministre responsable du Sport et du Loisir] Isabelle Charest. On regarde plusieurs options », indique Mme Guilbault.

Une rencontre est prévue prochainement entre Valérie Plante et Geneviève Guilbault, à Montréal. L’enjeu de la sécurité routière devrait être au sommet des priorités.