En pleine COP15 sur la protection de la biodiversité, la dernière semaine a été marquée par des appels multipliés à l’aide dans le transport collectif, dont l’industrie anticipe des pertes gigantesques de 900 millions d’ici 2027 si le modèle de financement gouvernemental ne change pas.

« C’est gigantesque comme travail, ce qu’on a devant nous », a dit le président de l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ), Marc Denault, en entrevue avec La Presse mercredi dernier. Son groupe, qui représente la quasi-totalité des sociétés de transport au Québec, évalue à 560 millions la valeur du trou budgétaire des sociétés de transport l’an prochain.

À l’instar de nombreux autres observateurs, l’ATUQ réclame un changement du modèle de financement. Si rien n’est fait, le déficit bondira à 650 millions en 2024. Puis, le trou budgétaire atteindrait 800 millions en 2025, 860 millions en 2026 et 900 millions en 2027. « On n’a plus le choix : il faut trouver des solutions. Ça prend un cadre financier solide pour les cinq prochaines années », affirme M. Denault.

Et il n’est pas le seul. En commission municipale lundi, le président du conseil d’administration de la STM, Éric Alan Caldwell, a aussi imploré Québec et Ottawa de s’impliquer davantage. « Il faut vraiment travailler sur le financement de l’opération du transport collectif. C’est un fardeau qu’on partage tous. Il devra y avoir des solutions. Le système actuel n’est pas viable à court, à moyen et à long terme », a-t-il martelé.

Pour plusieurs, le problème est que le financement gouvernemental répond trop souvent à des crises. Durant la pandémie, Québec a allongé 1,4 milliard en aides d’urgence, mais à ce jour, aucune aide récurrente n’est en place dans l’industrie du transport collectif. La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, n’offre à ce stade aucune garantie sur la refonte du modèle de financement. « Il faut plus d’argent. Il faut que les gouvernements supérieurs soient au rendez-vous. Sans ça, fatalement, on ne pourra plus se payer cette offre de service », a clairement évoqué M. Caldwell.

À Québec, le Réseau de transport de la capitale (RTC), qui a déposé mercredi un budget équilibré de 256 millions entre autres grâce aux aides gouvernementales, s’attend d’ailleurs à devoir faire face à plusieurs défis l’an prochain, car le soutien d’urgence d’Ottawa et de Québec ne sera justement plus disponible. « Notre collaboration avec les divers paliers sera essentielle pour la suite », a avoué la présidente du réseau de transport, Maude Mercier Larouche.

En chute dans le tunnel

Plus tôt, lundi, le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) a révélé que l’achalandage automobile est en chute dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, un mois après le lancement du mégachantier forçant la fermeture de trois voies sur six. Moins de 60 000 véhicules empruntent dorénavant cette infrastructure majeure sur une base quotidienne.

Avant le début des travaux, en juillet 2020, 120 000 véhicules roulaient dans le tunnel chaque jour. Puis, en septembre 2022, quelques semaines avant le lancement du chantier, il n’y en avait plus que 85 000. Au début du mois de décembre, ce chiffre n’était plus que de 58 000.

Chaque jour, le mois dernier, un peu plus de 1300 personnes ont utilisé les navettes gratuites du gouvernement, alors qu’avant le 31 octobre, c’était 533 pour une journée type, soit une hausse de 147 %. Cela dit, la cible des 3000 usagers dans le transport collectif que les autorités s’étaient donnée est encore loin d’être atteinte.

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  • 20-30 %
    On estime qu’entre 20 et 30 % des policiers montréalais sont absents de leur poste à cause d’un congé de maladie ou d’une blessure. C’est l’une des raisons qui expliquent que les heures supplémentaires soient toujours aussi fréquentes au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
    SPVM