Le métier, les médias, la salle de rédaction de La Presse, et vous.

On sent bien qu’on retourne chaque jour un peu plus à la normale après trois années marquées par la COVID, le masque et le confinement.

On revient ainsi tranquillement à ce qu’on a connu… mais sans que ce soit tout à fait ce qu’on a connu, on le voit bien.

Nos habitudes sociales ne sont plus tout à fait les mêmes. Nous sommes plus télé que cinéma, plus souper à la maison qu’au restaurant. Nous sommes plus « pantouflards », pour reprendre le titre du dernier essai de Pascal Bruckner.

Nous sommes aussi un peu plus « à boutte », il me semble. Nous sommes plus impatients, irritables, intolérants à l’autre. Peut-être par perte d’habitude sociale ? Ou en raison de la pénurie de main-d’œuvre qui met notre patience à rude épreuve au téléphone avec le service à la clientèle ou en file pour acheter notre café ?

Et que dire du travail devenu télétravail, qui bouscule notre routine, notre vie à la maison, nos déplacements… et notre façon de suivre l’actualité au jour le jour ?

Vous ne lisez probablement plus vos nouvelles de la même manière depuis trois ans. Et il y a de fortes chances que les gens autour de vous ne consomment plus l’information radio et télé comme ils le faisaient avant.

Mais cette fois, pas de grand responsable, comme la montée des réseaux sociaux ou le remplacement du papier par la tablette et le mobile.

C’est plutôt comme si une bombe sanitaire était tombée sur nos routines quotidiennes. Comme si on tentait de se forger de nouveaux repères au moment où la vie reprend. Comme si la tolérance aux mauvaises nouvelles n’était plus tout à fait la même.

Le nombre de lecteurs a beau avoir augmenté en flèche au plus fort de la crise sanitaire, alors que beaucoup cherchaient le plus d’informations possible, d’autres ont plutôt saisi l’occasion pour décrocher de l’actualité et ne plus y revenir.

Certains se surprennent à lire moins de nouvelles parce que Facebook a tourné le dos aux grands médias, ou parce qu’ils n’apprécient guère le virage TikTok d’Instagram. Ou encore parce qu’ils ont quitté Twitter (et Elon Musk).

Alors que d’autres réalisent qu’ils lisent plus de nouvelles qu’avant, soit parce qu’ils sont plus à la maison, qu’ils ont toujours leur tablette à portée de main à la maison ou qu’ils passent plus de temps concentrés sans interruption.

Je me suis amusé à poser la question lors d’un souper entre amis : et vous, comment se porte votre consommation d’actu ?

Les réponses étaient fascinantes. L’une m’a dit avoir sacrifié l’actualité de sa routine depuis que la vie a repris, parce qu’elle a l’impression de courir avec le retour à une vie active post-confinement.

Une autre a soutenu être devenue une avide lectrice de nouvelles les lundi, jeudi et vendredi… jours de travail à la maison et de lunch solo !

L’un d’eux a cité le « vortex TikTok » pour justifier une consommation de nouvelles en baisse. Et un autre a avoué être accro aux alertes et notifications au point d’être constamment à l’affût d’informations qu’il dévore sur son cellulaire.

Et je ne vous le cacherai pas : il a aussi été question d’« évitement actif ». Vous connaissez ? C’est cette tendance à se désintéresser de l’actualité parce qu’elle est trop souvent négative. Un phénomène que l’on constate partout en Occident, et qui proviendrait de la tempête parfaite que nous avons dû traverser tous ensemble, celle de la quadruple crise climat-inflation-COVID-Ukraine.

Alors que certains font une pause d’alcool en janvier, d’autres vivent ainsi une pause d’actualité, plus ou moins longue.

Fait intéressant : les recherches les plus récentes montrent que l’évitement actif est plus présent chez les jeunes.

De la même manière qu’il existe une « écoanxiété » liée au climat, il y aurait ainsi une anxiété croissante liée à l’actualité (actuanxiété ?).

Les chercheurs citent l’épuisement, le sentiment d’impuissance et le fait que les plus jeunes ont davantage tendance à percevoir les débats politiques comme de la « chicane ». Mais la raison la plus souvent citée est la lourdeur des sujets traités.

Une amie est d’ailleurs allée voir la dernière exposition OASIS Immersion, qui porte notamment sur le deuil. Elle en est revenue bouleversée, réalisant que sa tolérance aux sujets lourds et difficiles avait baissé depuis le confinement, et que cela l’incitait à moins lire de nouvelles.

Ce qui m’amène à vous poser la question à vous, lecteurs de La Presse sur la tablette, le web ou le mobile : vous aussi, vous avez changé vos habitudes ?

Vous lisez moins ou plus ? Et pourquoi ?

Êtes-vous dans l’évitement actif (auquel cas, je me sens privilégié d’avoir conservé votre intérêt jusqu’ici !) ou, au contraire, dans la consommation boulimique de nouvelles sur votre cell ?

Avez-vous l’impression de passer plus vite sur les sujets lourds, ou carrément de les éviter ? Ou cherchez-vous avidement les nouvelles qui vous informent sur les grandes crises, climatiques, sanitaires ou économiques ?

Cherchez-vous les histoires inspirantes ? Les sujets plus légers ? Ou plutôt les textes qui vous donnent réponses et conseils sur l’inflation, la circulation et autres problèmes du quotidien ?

Je serais très curieux de vous lire à ce propos, car clairement, les habitudes de consommation sont en plein bouleversement. Et on commence à peine, je crois bien, à en saisir l’ampleur.

Appel à tous

Avez-vous changé vos habitudes de consommation des nouvelles depuis la pandémie ? Lisez-vous plus de textes d’actualité, ou moins, et pourquoi ? Passez-vous plus vite sur les sujets lourds ? Ou cherchez-vous plutôt les nouvelles qui vous informent sur les grandes crises, climatiques, sanitaires ou économiques ?

Écrivez à François Cardinal