Quand la construction va, tout va. Quand la construction s’en va, tous s’en vont.

Le début des vacances de la construction, c’est aussi le début des vacances d’une grande majorité de Québécois qui ne savent pas tenir un marteau. Les routes vers l’évasion seront bondées durant les prochaines heures de gens fuyant la multitude pour la retrouver ailleurs.

Le terme vacances vient du fait qu’au XIXe siècle, les bourgeois quittaient leur demeure principale, la laissant vacante, pour aller occuper leur résidence secondaire. Aujourd’hui encore, ce sont nos maisons qui sont vacantes, pas les lieux visités. Tant et si bien, que durant les 15 prochains jours, l’endroit le plus paisible de la planète, cette oasis tant recherchée, sera notre appartement délaissé.

Ce n’est pas la seule absurdité de cette période de l’année. Dans le dictionnaire, vacances est synonyme de repos. Dans la réalité, c’est tout sauf ça.

Les vacances, c’est d’la job !

D’abord, il faut les planifier. Trouver la destination, réserver le transport pour s’y rendre et le gîte pour y demeurer. Comme on prend nos vacances tous en même temps, c’est loin d’être évident. Aller vivre une semaine ou deux ailleurs que chez soi, c’est comme un petit déménagement. Il faut pouvoir retrouver tous les éléments essentiels à notre routine quotidienne, ajouter nos vêtements de base, plus ceux pour la plage, plus ceux plus habillés pour entrer au restaurant, plus un coupe-vent en cas de pluie, plus une petite laine en cas de soirées fraîches, les casquettes, les souliers, les sandales, des livres, une trousse de premiers soins et l’ordinateur. Le tout doit pouvoir se compresser dans un bagage à main.

Pour réussir, ça prend un doctorat en origami. Les valises sont à peine bouclées, vos vacances vous ont déjà épuisé.

Il fut un temps où l’horaire de la vacuité était simple : se faire bronzer, aller dans l’eau, se faire bronzer, boire, aller dans l’eau, se faire bronzer, manger, aller dans l’eau, se faire bronzer, boire et manger. Ce programme est complètement dépassé. Le plaisancier se faisant toaster court un plus grand danger que celui en train de se baigner. Voilà pourquoi, si les sauveteurs veulent vraiment nous sauver, ils devraient être plus occupés à nous enduire de crème qu’à surveiller les flots.

Avant, plus on revenait bronzé de ses jours de congé, plus on avait passé un bel été. Maintenant, le teint n’est garant de rien. C’est la musculation qui est la mesure de votre succès. Si votre mollet s’est développé à force de parcourir la Gaspésie à vélo, si vos biceps ont grossi à force de traîner votre sac à dos, vous avez profité de la belle saison.

L’immobilité n’est plus la position recherchée. Aujourd’hui, il faut bouger. S’activer. Take un kayak, un deltaplane ou une fusée. Ne rien faire n’est plus la chose à faire.

Avant, les vacances, c’était le farniente, aujourd’hui, c’est le Tour de France ! Plus notre montre indique de kilomètres parcourus à pied, de rythmes cardiaques emballés et de calories brûlées, plus on est satisfait de nos journées de congé.

Calmos ! Apprenez à relaxer. Quittez le mode course, adoptez le mode balade.

Dans deux semaines, bien des gens retourneront au boulot, complètement claqués. En lâchant la fameuse réflexion, digne de Yogi Berra : « J’aurais besoin de vacances pour me remettre de mes vacances. » Ne faites pas comme les compagnies aériennes, n’overbookez pas votre calendrier. Laissez-vous du temps pour respirer. Ce n’est pas grave si vos amis Facebook ont l’air de plus s’amuser que vous. La réussite de vos vacances, ce n’est pas qu’elles soient likées par les autres, mais par vous-même. Et parfois, ce qui peut paraître plate pour autrui est juste parfait pour celui qui est en train de le vivre. Le plat étant plus confortable que l’accidenté.

Les vacances de la construction, ce sont les vacances de sa reconstruction. Rebâtir sa charpente effondrée par le poids du travail. Alors, n’augmentez pas votre fardeau de tâches. Allégez ! Allégez !

Je sais, ma chronique est un peu plus courte que d’habitude. C’est pour vous laisser tranquille plus tôt !

Cela dit, si votre seule façon de vous reposer l’esprit, c’est en vous fatiguant le corps, fatiguez-vous, fatiguez-vous !

Bonnes vacances, reposantes ou non !