Comme promis lors de la campagne électorale, l’administration Plante lance un vaste chantier pour venir à la rescousse du centre-ville de Montréal. En fait, il faudrait plutôt parler d’une opération visant à fortifier le soutien déjà mis en place depuis quelques années.

La teneur de ce plan appelé Vers une stratégie centre-ville renouvelée 2022-2030 a été annoncée en octobre dernier. Lundi, on a présenté une liste d’orientations ciblées au cours de la dernière année par des gens provenant de divers milieux.

Je vous invite à aller jeter un coup d’œil au document, même si, pour le moment, tout cela demeure très vague et relève d’un vocabulaire platement bureaucratique. On compte mener des consultations en avril pour arriver à un plan d’action plus précis en juin.

C’est Luc Rabouin, responsable du développement économique et commercial au sein du comité exécutif, qui est chargé de diriger ce projet. Celui qui est aussi maire du Plateau-Mont-Royal fait grand usage du mot « verdissement » quand il évoque ce plan.

On veut embellir et verdir le centre-ville. On le veut bien, mais encore ?

Je me suis entretenu avec lui lundi, en fin de journée. Je lui ai d’abord demandé à quoi allait servir le milliard de dollars qu’on accole pompeusement à ce plan ambitieux. Il m’a finalement expliqué que cette somme sert déjà au projet de réaménagement de la rue Sainte-Catherine, de l’avenue McGill College et de la rue Peel.

« Le milliard, c’est essentiellement pour ça », m’a-t-il dit.

Si, comme moi, vous avez cru que cet argent, qui faisait partie des promesses électorales, allait servir à de nouveaux projets, sachez que ce n’est pas tout à fait le cas.

Parmi les idées qui circulent, il est question d’un projet d’agrandissement du Palais des congrès, de changement de vocation d’édifices de bureaux, d’aménagement de places publiques, de réaménagement de grandes artères, de développement de nouveaux quartiers et de création de parcs et d’écoles.

Pour réaliser toutes ces idées, il faudra donc aller chercher de l’argent supplémentaire d’Ottawa et de Québec. L’administration Plante souhaite d’ailleurs obtenir dans un premier temps 125 millions de dollars du gouvernement du Québec pour l’aider à réaliser quelques-uns de ces projets.

On comprend que les consultations du mois d’avril serviront à aller chercher la collaboration et l’engagement du milieu des affaires et des gouvernements (ça sert à ça, les consultations publiques…).

Maintenant que l’on voit plus clair, il faut voir ce que l’administration Plante fera concrètement avec cet objectif de maintenir en vie un centre-ville qui, à l’instar d’autres au Canada et dans le monde, continue (et continuera) de subir les effets des nouvelles réalités qui nous assaillent.

Je pense au télétravail, au phénomène des vidéoconférences, à l’enseignement à distance, à l’essor du commerce électronique et à celui de l’étalement urbain.

Rappelons que le centre-ville de Montréal est un vaste territoire qui s’élance du canal de Lachine jusqu’au versant sud du mont Royal, puis qui va de la rue Atateken jusqu’à l’avenue Atwater. Cette zone, qui rassemble trois arrondissements (Ville-Marie, Plateau-Mont-Royal, Sud-Ouest), est faite d’une grande mixité sociale et d’activités commerciales aussi nombreuses que diversifiées.

Dans ce contexte, je trouve que la réflexion qui portera sur la transformation de bureaux, de plus en plus désertés, en unités résidentielles ou en bureaux adaptés aux besoins des PME est très intéressante.

Si les grandes tours de catégorie A n’ont pas de problème d’occupation, les immeubles de catégories B ou C auraient intérêt à ce qu’on leur permette de changer de vocation. Les propriétaires qui le souhaitent pourraient créer des espaces résidentiels ou vendre leurs immeubles à des promoteurs ou à la Ville, qui effectueraient cette transformation.

Mais attention, la Ville de Montréal a bien l’intention de jouer au chien de garde dans cette mutation en exigeant une mixité ou en se réservant le droit de faire l’acquisition de certains immeubles.

« Il y a des immeubles du centre-ville qui ont été négligés, soutient Luc Rabouin. C’est une occasion pour les propriétaires de s’en départir. Ça pourrait nous fournir la possibilité de les acquérir. Et ce que la Ville vise, c’est une mixité d’usages dans le même immeuble. On imagine, par exemple, du commercial au rez-de-chaussée, des bureaux à l’étage et du résidentiel plus haut. »

J’ai très hâte de voir ce qui sera décidé au terme des consultations du mois d’avril et avec quel type de plan on se retrouvera. Car si les grands chantiers en cours sont issus d’une période prépandémie, il faut souligner la souplesse de l’administration en place, qui n’hésite pas à revoir son plan d’action en fonction de ce que l’on vit.

Traitez-moi de naïf ou de romantique, mais je fais partie de ceux qui croient que tout n’est pas perdu pour le centre-ville de Montréal et qu’il saura s’adapter à cette période de turbulences.

Je crois même qu’il s’apprête à vivre l’un des plus beaux étés de son existence.

Consultez En route vers une stratégie renouvelée pour le centre-ville 2022-2030