Les mesures sanitaires tombent les unes après les autres. Ça tombe à l’échelle provinciale, nationale et internationale. Ne va-t-on pas trop vite ? Ou, au contraire, maintient-on inutilement certaines mesures ?

Je pense notamment aux tests que l’on impose aux voyageurs avant qu’ils ne s’envolent vers le Canada. Mardi, le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a annoncé qu’à compter du 28 février, les voyageurs adéquatement vaccinés n’auraient plus à présenter un résultat négatif provenant d’un test de dépistage PCR.

Les autorités accepteront maintenant un test antigénique effectué dans un laboratoire approuvé par le pays où le voyageur l’aura reçu. Les personnes devront faire ce test 24 heures avant leur date de vol ou leur arrivée à la frontière terrestre.

Fort bien. Mais à part la différence de prix, cet allègement change-t-il quelque chose ? En d’autres mots, rendus là, devrions-nous laisser tomber tous les tests comme c’est le cas en Autriche, en Espagne, en France, en Irlande, au Mexique, au Portugal et au Royaume-Uni ?

En exigeant uniquement un test antigénique, nous imitons l’Allemagne, l’Australie, la Belgique, le Brésil, l’Italie, les Pays-Bas et les États-Unis.

Les tests PCR continuent d’être toutefois obligatoires en Argentine, au Chili, en Chine, au Japon et au Nicaragua.

Moi qui, depuis deux ans, répète qu’il faut cesser de comparer la situation des pays, voilà où j’en suis. Je sais fort bien que chaque pays a ses particularités et ses outils pour combattre la pandémie. L’extrême fragilité de notre système de santé est un bon exemple : beaucoup de mesures mises en place l’ont été en fonction de cela.

Mais bon, je me demande quand même si le maintien des tests antigéniques est une mesure réellement solide ou s’il s’agit d’une idée mise de l’avant pour procurer une forme d’impression de sécurité.

Des entrevues avec deux spécialistes m’ont convaincu que cette modification n’avait pas été faite que pour la forme. Et que le retrait du PCR facilitera finalement notre vie.

« Le test PCR est sensible et détecte davantage d’infections à des niveaux plus faibles que le test antigénique », m’a expliqué le DAlex Carignan, microbiologiste-infectiologue au CIUSSS de l’Estrie-CHUS. « Ce qui arrive, c’est que parmi le grand nombre de personnes qui ont eu le variant Omicron en décembre ou en janvier, il y a un pourcentage de gens qui ont guéri de l’infection, qui n’ont plus de symptômes et qui ne sont plus contagieux. Mais ces gens peuvent demeurer positifs avec un PCR. S’ils prenaient l’avion, ils pourraient se voir refuser l’accès. Dans ce contexte, c’est une bonne nouvelle. »

L’avantage pour les voyageurs, il est là. On retire un test plus sensible que les autres et qui pouvait parfois compliquer la vie de certaines personnes afin de n’utiliser qu’un seul test qui demeure quand même efficace. Alex Carignan croit que le maintien du test antigénique est une bonne décision.

« C’est raisonnable de le maintenir. Au Québec, il y a encore un taux de 10 % de positivité ; il y a donc une transmission significative. Les tests antigéniques vont chercher les gens plus contagieux. Cette approche permet de réduire de façon importante les risques de contagion, entre autres, dans les avions. Ça sécurise l’étape du transport. »

Son collègue le DMichel Roger, microbiologiste-infectiologue au CHUM, est aussi d’avis qu’il est sage de maintenir le test antigénique pour les voyageurs. « On n’est plus dans la même situation qu’au début de la pandémie, où il fallait attraper chacune des infections pour bloquer la transmission. On est dans une autre fenêtre. On met de côté le test PCR pour s’en remettre à l’antigénique, qui est plus facile à faire. Il faut dire que les laboratoires qui analysent les tests PCR sont débordés. C’est vers cela qu’on s’en va, et je n’y vois pas d’inconvénient. »

Les explications de ces deux experts sont rassurantes. Tout en demeurant prudents et lucides, ils tiennent des propos qui font également voir la fameuse « lueur au bout du tunnel » tant promise par nos dirigeants.

« On va entrer dans une période endémique et on va apprendre à vivre avec ce virus pendant plusieurs années, a ajouté le DMichel Roger. On va vivre avec ce virus comme avec l’influenza. Il y en aura chaque année, mais ce ne sera plus des pics d’éclosion comme on en a vu. On n’est pas encore là, mais on se dirige vers ça. »

On laisse également tomber le dépistage systématique dans les aéroports. On va toutefois continuer de sélectionner aléatoirement certains voyageurs. Mais ceux-ci n’auront plus à s’isoler en attendant les résultats.

Oui, les mesures sanitaires tombent les unes après les autres. De nombreuses personnes crient délivrance. Pour ma part, ne plus présenter mon passeport vaccinal à la SAQ ou passer un test antigénique plutôt qu’un PCR a peu d’effet sur mon humeur.

En revanche, tout ce qui touche les contacts humains, les salles de spectacles, les restaurants, les soupers entre amis ou en famille me procure un bonheur immense.

Quant au port du masque, le jour où on le laissera tomber, je vous jure que j’exécuterai une chorégraphie tirée du Sacre du printemps tout nu autour d’un feu !