La fin de semaine dernière, Valérie Plante pensait pouvoir décrocher en effectuant avec son conjoint des travaux de rénovation chez l’une de ses trois locataires. Comme elle a l’habitude de le faire, elle a décidé d’immortaliser ce moment intime en publiant une photo intitulée « mairesse et poseuse de céramique » sur les réseaux sociaux.

On peut y voir la mairesse devant un mur à demi couvert d’une nouvelle céramique.

Résultat : ce qui devait être un moment de détente s’est transformé en tempête. La mairesse de Montréal s’est enfoncée dans un bourbier aussi épais que du ciment-colle à céramique.

« Vous vous imaginez bien que je n’ai pas fait de travaux avant de m’assurer si ça correspondait aux codes du bâtiment et aussi avec l’arrondissement, a-t-elle dit à Patrick Lagacé, lundi, sur les ondes du FM 98,5. Comme ce sont des travaux en bas de 20 000 $, on a la possibilité comme propriétaires de faire des rénovations. Somme toute, je suis fière d’entretenir les logements pour mes locataires. »

CAPTURE D’ÉCRAN D’UNE STORY DE VALÉRIE PLANTE

Mardi, Mélanie Malenfant, porte-parole de la Commission de la construction du Québec (CCQ), est venue contredire la mairesse et dire à Paul Arcand que les règlements sont « complexes ». C’est le moins que l’on puisse dire.

Il faut retenir que dans notre propriété, on est libre de faire ce que l’on veut. Mais dans un espace locatif, dont on est propriétaire, on doit s’en tenir à des travaux « d’entretien et de réparation ».

Mais qu’est-ce qui différencie des travaux de « rénovation » de travaux de « réparation » ? me demandez-vous, perspicaces lecteurs.

En refaisant les murs de sa salle de bains, est-ce que la mairesse et son conjoint « rénovent » ou « réparent » ? Il arrive très souvent qu’on fasse des travaux parce que l’état des murs, des planchers ou des plafonds s’est dégradé.

Dans ce cas, on répare ou on rénove ?

Mélanie Malenfant a donné comme exemple de travaux d’entretien le sablage d’un plancher, le changement d’un comptoir ou la peinture d’un mur. Au-delà de cela, on tombe dans la rénovation.

J’ai voulu démêler cela avec MPhilippe Farley, qui a publié le long message sur Facebook à l’origine de ce tintamarre. Spécialisé dans le domaine de la construction, l’avocat m’a fait plonger avec lui dans les innombrables articles et règlements dont disposent la Régie du bâtiment (Loi sur le bâtiment) et la CCQ (loi R-20).

Au bout de cinq minutes, j’avais mal à la tête.

Je retiens de cela que la mairesse a en partie raison. Sur le site de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), on peut lire que « le constructeur-propriétaire n’a pas l’obligation de détenir une licence si les travaux qu’il projette exécuter ou faire exécuter concernent uniquement la rénovation, la réparation ou l’entretien de sa propriété et qu’ils sont estimés à moins de 20 000 $ ».

Mais pour le reste, rien n’est moins sûr.

Valérie Plante a le droit de faire des travaux sur sa propriété, mais pour la CCQ, elle doit les faire exécuter. Selon la loi R-20, « pour le propriétaire-occupant d’un duplex, triplex ou quadruplex, seuls les travaux bénévoles d’entretien ou de réparation sont permis dans l’immeuble (ne pas confondre avec rénovation) ».

Je vous invite à aller sur le site de la RBQ pour y voir les règlements et à ensuite consulter la loi R-20 (prévoyez des Tylenol). De nombreux entrepreneurs (nombreux à réagir à la publication de MFarley) ne s’y retrouvent pas.

Cette affaire a toutefois un aspect positif, celui de justement mettre en lumière cet incroyable bordel et d’en débattre. Car s’il y a un sujet qui anime les Québécois, c’est bien les fameux travaux de rénovation.

Une énorme opération de clarté s’impose. Je veux bien croire qu’on s’est doté de centaines de règles après des décennies de corruption et de commissions, mais force est d’admettre que ce sont les petits, une fois de plus, qui en font les frais.

Mais au-delà de tout cela, cette affaire nous ramène à la question de l’utilisation des réseaux sociaux par les personnalités politiques. Valérie Plante a tendance à pincer très souvent la corde de l’intimité pour séduire le public.

Ce jeu est dangereux et nous en avons la preuve. Un cliché de trop et paf ! c’est le dérapage.

J’ai pensé à la même chose l’autre jour quand j’ai vu cette vidéo du maire de Québec, Bruno Marchand, qui y va d’une chorégraphie dans son bureau sur la chanson Jump des Pointer Sisters. Au départ, j’ai trouvé ça drôle et charmant.

Mais lorsque j’ai revu cette vidéo alors que Québec s’apprêtait à être assiégé par des camionneurs, l’effet n’était plus le même.

C’est payant de danser dans son bureau ou de se montrer sur les réseaux sociaux en train de coller de la céramique. Mais il ne faut pas oublier qu’une tuile peut aussi nous tomber dessus au même moment.

À quand la patinoire Tranquille ?

Le 26 janvier dernier, j’ai demandé à l’équipe des communications de Valérie Plante de me dire à quel moment la patinoire de l’esplanade Tranquille allait enfin être ouverte au public. J’ai eu droit à un long silence radio.

Je rappelle que l’endroit a été officiellement inauguré le 30 août dernier. Cette patinoire réfrigérée, qui doit en principe prolonger la saison de patinage, devrait donc être opérationnelle depuis un bon moment.

Or, nous sommes le 9 février et la glace est toujours déserte.

J’ai donc insisté auprès de l’équipe des communications de la mairesse. Et là, comme par magie, un communiqué de presse est tombé dimanche. On nous annonce une ouverture officielle le 21 février (mais les patineurs pourront commencer à tester la glace dès le 14).

P. S. Lorsque j’ai visité pour la première fois les installations de l’esplanade Tranquille, l’été dernier, j’ai nommé les principaux collaborateurs de ce projet sauf les architectes paysagistes Fauteux & Associés dont nous avons très hâte de voir le travail final au printemps.