C’est reparti ! La flamme olympique est allumée, elle va briller pendant les 15 prochains jours. Contre toute attente. S’il y a un évènement dont on était certains qu’il n’aurait pas lieu, en 2022, ce sont bien les Jeux ! En pleine cinquième vague de la pandémie, toé !

Le Tournoi de hockey pee-wee de Québec, qui devait se mettre en branle le 9 février, a été reporté, mais pas le rendez-vous mondial des athlètes de la planète. Un vrai buffet à volonté pour les variants du monde entier. En Chine, par-dessus le marché ! Je sais, je sais, je ne porterai aucun jugement sanitaire sur l’empire du Milieu. Loin de moi l’idée d’être un chroniqueur d’humeur qui joue les scientifiques. Mais admettez qu’on associe plus le coronavirus à la Chine qu’à Tulum. Quoiqu’on s’y protège beaucoup mieux.

Cela dit, les relations diplomatiques entre la Chine et les pays occidentaux sont au plus mal. Jusqu’à la dernière minute, on a cru à un boycottage des Jeux de Pékin. Finalement, les États-Unis et le Canada ont décidé de ne pas envoyer leurs dignitaires, mais d’envoyer leurs athlètes. Méchant moyen de pression ! Le gouvernement chinois doit être bouleversé de ne pas avoir à nourrir sur le bras notre délégation d’officiels. Justin Trudeau ne pourra pas mettre sa chemise à col Mao.

La question est de savoir pourquoi le CIO a accordé les Jeux à un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme, encore moins ceux de la femme et pas du tout ceux des non-binaires. Réponse des barons : les Jeux sont au-dessus de la politique. Mettons. Façon distinguée d’affirmer que le cash est au-dessus de tout. Mais le malaise est partout. Tellement que les commanditaires associés à l’évènement ne s’en vantent pas trop. Ils se font discrets. Pour que des entreprises ayant dépensé 1 milliard la jouent profil bas, c’est que ça ne va pas.

De toute façon, peu importe l’endroit, la tenue même des JO est remise en question. L’entreprise au complet est d’une autre époque.

Les scandales abondent autour de leur attribution. Et de moins en moins de villes aspirent à les obtenir. Leur coût exorbitant n’est plus justifiable, en ces temps où les logements sociaux et les soins de santé sont les priorités.

Ajoutez à cela l’utilisation de drogues érigée en système, à un point tel que la Russie participe aux Jeux d’hiver sans son nom ni son drapeau, en punition. Sans oublier le climat malsain qui règne dans plusieurs fédérations sportives de plein de pays, mettant en péril la santé mentale et l’intégrité physique de toute une jeunesse.

Non, les Jeux n’en valent pas la chandelle. Mais ils en valent la flamme.

Il y a mille raisons de les éteindre, une seule de les allumer. C’est la meilleure : les humains. Regarder des humains offrir l’œuvre de leur vie. Ce pour quoi ils ont tout investi, ils ont tout sacrifié, pour acquérir une telle maîtrise de leur passion. Un tel niveau d’excellence, c’est plus que du sport, c’est de l’art, c’est du spart. Ce sont des spartistes, ce sont des Spartiates.

Des rendez-vous planétaires, il y en a trop peu. Et c’est toujours pour des désastres. Des guerres, des attentats, des catastrophes naturelles. Les Olympiques sont le seul moment où les regards de tous les Terriens convergent vers le même endroit, en même temps, pour être témoins du bonheur. Le bonheur de celles et ceux qui viennent de tout donner. Il n’y en a pas de plus beau. Il n’y en a pas de plus grand.

D’accord, il y a un autre moment de splendeur qui nous rassemble ; quand nous allons sur la Lune. Mais on n’y est pas allés depuis 53 ans. Les Jeux, c’est aller sur une étoile tous les deux ans.

Bien sûr, il faut assainir tout ce qui entoure la tenue de ce trop grand spectacle. Mais il ne faut pas s’en priver. S’en priver, ce serait faire gagner tous les losers qui en abusent. Toute création humaine est une maison. Il ne faut jamais cesser de la nettoyer. Aussitôt le ménage terminé, il faut le recommencer. On ne s’en sort pas. C’est le propre de l’Homme de salir. Mais c’est aussi son génie d’embellir.

Encore une fois, il y aura plein d’exploits, à nous faire oublier la pandémie, la dictature, la tricherie et la corruption. Il y aura des milliers de jours pour s’en souvenir, pour s’y attaquer. Profitons de la seconde, de la minute d’extase qui nous propulse vers plus haut, qui nous propulse vers plus fort.

Bons Jeux olympiques, tout le monde !

Pour une fois que lorsque l’on dit tout le monde, c’est vraiment tout le monde !