C’est le dernier jour de 2021. Les médias ont fait leurs rétrospectives annuelles. Des noms, des évènements ont défilé dans ces rétrospectives. Je peux me tromper, mais un nom manque dans ces palmarès. Celui de Francine Boyer.

Ce nom vous dit-il quelque chose ?

Vous n’avez pas le droit de googler…

Francine Boyer a marqué l’actualité à sa façon, malgré elle. Bien malgré elle.

Mme Boyer, 54 ans, de Saint-Rémi, est morte de complications après avoir reçu le vaccin contre la COVID-19. Les complications mortelles à la suite de l’administration d’un vaccin sont extrêmement rares. Mme Boyer a développé une thrombose dans les jours qui ont suivi l’injection, le 9 avril.

Elle avait été vaccinée avec son conjoint, Alain Serres. Ce dernier n’a pas développé de complications. Mme Boyer, si. Elle est devenue la première personne à mourir au Canada de complications liées à un vaccin contre la COVID-19.

Tous les vaccins peuvent entraîner des complications, complications qui forment un spectre allant de symptômes de léger malaise (courbatures, fièvre) jusqu’à la mort, extrêmement rare. Le constat, brutal, de la science est généralisé : malgré les complications chez certains individus, la vaccination demeure un immense avantage pour la majorité des gens. Et pour la population.

Mais parfois, le sort frappe. Et le 27 avril, il a frappé la famille Boyer-Serres. Francine Boyer est morte au CUSM.

C’était fin avril. La nouvelle avait causé un choc, bien sûr. La campagne de vaccination prenait son élan.

Qu’a fait la famille Boyer-Serres ?

Eh bien, les gens de cette famille ont été exemplaires de retenue et de dignité. Je pense que ce fait est passé sous le radar de l’actualité. Je pense qu’il faut le souligner, au dernier jour de l’année 2021.

Les membres de la famille Boyer-Serres ont fait paraître un communiqué de presse où ils réclamaient le respect de leur intimité en invitant les gens qui se font vacciner à rester alertes aux symptômes et à communiquer avec le 811, en cas de doute. Ils ont aussi invité la population et les médias à communiquer avec la Santé publique ou avec l’Institut-hôpital neurologique de Montréal pour obtenir des renseignements sur les réactions post-vaccins.

Je pense que quand on perd un être cher, on a droit à toutes les colères. Ça ne se discute pas. La famille Boyer-Serres aurait très bien pu exprimer sa colère, mettre en doute la sûreté du vaccin.

On a beau dire que les risques sont microscopiques, quand ces risques tuent votre femme, tuent votre mère, il y a peut-être de quoi se fâcher…

Mais au pire moment de sa vie, M. Alain Serres a choisi de ne pas aller là. Sa famille aussi.

Je dis : c’est tout à leur honneur.

Au début de cette campagne de vaccination, alors qu’il était normal d’avoir des appréhensions face aux vaccins anti-COVID-19, si la famille de Francine Boyer était sortie sur la place publique pour saper la confiance envers ces vaccins, Dieu seul sait quel effet cela aurait eu sur la campagne de vaccination, qui a été un succès en 2021, qui a protégé des millions de Québécois du virus, d’une part, et des complications liées à une potentielle infection, d’autre part.

Cette retenue et cette dignité, ce refus de céder à la colère, cette confiance que les membres de la famille Boyer-Serres ont accordée aux experts, au pire moment de leur vie, au pire du choc et au début du deuil, sont admirables. Ça mérite d’être souligné dans le palmarès des évènements importants de l’année, au Québec.

Je tenais à le souligner, en ce dernier jour de 2021. Je crois ne pas être le seul à avoir une pensée solidaire pour Mme Boyer, ainsi que pour son mari, M. Serres, et leurs fils Julien et Marc-Antoine en cette fin d’année où ils ont été si durement éprouvés.