En 2021, la planète a choisi la couleur de notre avenir réchauffé, l’épouvantail de notre temps est un mot qui commence par W, le Canadien de Montréal nous a donné la plus belle des nuits et on a découvert que la désinformation pouvait tuer des êtres humains et ébranler les colonnes de la démocratie.

La couleur de l’année

Le rouge

PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Feu ravageant la région de Lytton, en Colombie-Britannique, en juillet dernier

L’été fut chaud, ce fut même l’été le plus chaud. Un village canadien a été rasé, quelques heures après avoir battu le record de chaleur dans ce pays. Les photoreporters ont tiré des incendies de forêt qui ont frappé la planète des images saisissantes, dont plusieurs semblaient avoir été traitées avec un filtre rouge. Ce n’était pas un filtre. C’était le réel.

L’épouvantail de l’année

Les woke, la cancel culture

Tout ça existe, bien sûr. Mais l’hystérie entourant chaque manifestation de « wokisme » me rappelle les heures les plus risibles de la paranoïa anticommuniste. Et sous le couvert de ne pas céder au « wokisme », des récriminations tout à fait légitimes sont décrédibilisées. Pratique. Notez que bien souvent, les voix qui s’émeuvent du « wokisme » s’émeuvent pas mal moins fort de la tentative de coup d’État du Capitole, le 6 janvier. On a les dangers qu’on peut.

La nuit la plus magique 

Le 24 juin 2021

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

La fête dans les rues de Montréal, le 24 juin dernier

Le CH triomphe des Golden Knights de Vegas en demi-finale, gagnant son ticket pour la finale. La ville a exulté en cris et en klaxons, c’est la victoire dont cette ville, dont cette société avait besoin après ces longs mois de privation : un triomphe joyeux qui annonçait un été de liberté. Puis, comme une mise en abyme cruelle, quelques mois plus tard, le CH et le Québec sont au diapason : au plus mal.

Le fiasco de l’année

L’arrestation de Mamadi III Fara Camara

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Mamadi III Fara Camara accompagné de ses proches à sa sortie du palais de justice de Montréal après l’annonce de la levée de toutes les accusations portées contre lui.

Oublions la COVID-19. Le fiasco de l’année est l’arrestation de Mamadi III Fara Camara, en janvier, à Montréal. Désigné par erreur comme l’agresseur par le policier qui a subi une tentative de meurtre, M. Camara a été sauvé par le même service de police qui l’a arrêté. Plusieurs ont crié au profilage racial. C’était, a conclu le juge Louis Dionne qui a enquêté, une bête erreur policière sans égard à la couleur de peau de ce pauvre M. Camara. Et même si la police a agi avec les informations dont elle disposait dans ces minutes frénétiques où elle cherchait le suspect d’une tentative de meurtre, ça n’en demeure pas moins un fiasco… carabiné.

La désinformation tue

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Bernard Lachance en spectacle en 2009

Tombé dans la marmite de la désinformation, Bernard Lachance a stoppé ses traitements anti-VIH, puis s’est mis à se soigner avec des traitements « naturels » totalement inefficaces suggérés par des figures incontournables du conspi-négationnisme sanitaire. Lui-même niait la pandémie de coronavirus. La désinformation, oui, tue.

L’objet de l’année, à Montréal

L’arme de poing, bien entendu

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Armes saisies en septembre dernier à Montréal par le SPVM

C’est l’année où Montréal a pleinement pris conscience que la prolifération des armes sur son territoire est un problème sérieux. La ville demeure sécuritaire, mais plus on trouvera des armes, plus le sentiment de sécurité en sera affecté. Thomas Trudel et Meriem Boundaoui, deux adolescents tués au début et à la fin de l’année 2021, sont les visages de ce problème qui a des effets bien réels.

Un mot qui dérange

Féminicide

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Marche en hommage à Romane Bonnier, à Montréal, le 30 octobre dernier

C’est un mot qui me vaut des leçons d’étymologie appliquée chaque fois que je l’utilise. Il sied pourtant bien au crime en question : tuer une femme parce qu’elle est une femme. Une épouse, une travailleuse du sexe, une blonde, une ex… Qui n’auraient pas été tuées si elles avaient été des hommes. J’écris ces mots et je pense à Romane Bonnier, victime d’un féminicide présumé en octobre, devant chez elle. Une parmi 18, en 2021 (au moment d’écrire ces lignes).

Les champions de la désinformation

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Manifestation contre les mesures sanitaires à Montréal, le 19 décembre dernier

De Maxime Bernier à Éric Duhaime en passant par Ezra Levant, Jeff Fillion et Dominic Maurais, sans oublier Alexis Cossette-Trudel, Mel Goyer et Jean-Jacques Crèvecœur, l’année 2021 a été faste pour les désinformateurs qui transforment la crédulité en dollars. La question à 1000 $ : sont-ils le symptôme du paysage à venir ou des charlatans qui vont disparaître avec le virus ?