C’est peut-être la conférence de presse de 13 h la plus déprimante de mémoire récente. Et la plus inquiétante.

Les cas augmentent. Sans crier gare, petit à petit, on flirte désormais avec les 2000 cas quotidiens. Les hospitalisations augmentent aussi : 25 de plus, mardi. Et le variant Omicron, a dit le ministre Christian Dubé, serait sous-estimé au Québec. L’horizon s’ennuage.

Le ministre a dit que nous allions assister à une hausse des cas, prochainement. « Et les scénarios d’hospitalisations prévoient une montée après les Fêtes. »

D’où la décision d’accélérer l’administration des troisièmes doses, d’élargir les populations admissibles. Et l’appel pour recruter 500 vaccinateurs de plus.

D’où la demande faite aux employeurs de prioriser le retour au télétravail.

D’où l’annonce qu’on met à la disposition de la population québécoise des tests rapides gratuits, jusqu’à cinq tests par période de 30 jours, par l’entremise du réseau des pharmacies.

Quelques observations, là-dessus…

Un, le miracle dans le contexte actuel, c’est que les vaccins nous protègent bien contre le virus et très bien contre les complications menant aux hospitalisations.

Sans vaccins, nos hôpitaux seraient actuellement des champs de ruines.

Deux, sur les tests rapides : il était temps. Depuis l’apparition de ces tests à s’administrer soi-même, Québec a toujours été réticent à en généraliser l’utilisation. J’ignore qui a une dent contre les tests rapides, au gouvernement. Mais il était temps qu’ils soient adoubés par Québec.

Trois, sur les tests rapides, encore : le responsable de la vaccination, Daniel Paré, a sonné les cloches du fédéral, mardi, pressant Ottawa de lui envoyer rapidement des tests. Soulignons cependant que le Québec aurait pu faire des provisions en achetant ces tests rapides et en les utilisant il y a longtemps. Il ne l’a pas fait.

Le fédéral a bien des défauts, mais il a une immense qualité pour Québec : c’est un bouc émissaire bien pratique.

Quatrième observation, sur les rassemblements de Noël, dès le 23 décembre. Québec a déjà indiqué qu’on pourrait se rassembler jusqu’à un maximum de 20 personnes pour célébrer. Mardi, le directeur national de santé publique a confirmé que Québec maintient le cap : maximum de 20 personnes, vaccinées, pour manger de la dinde et jouer des rigodons.

Est-ce une bonne idée ?

La Santé publique fédérale l’a dit avec beaucoup de diplomatie, en début de semaine : ce n’est pas l’idée du siècle⁠1.

Personnellement, quand on voit la montée des cas d’infection, quand on mesure le flou sur l’ampleur de la menace Omicron, quand je relis mes notes de la conférence de presse de M. Dubé, mardi : non, ce n’est pas une bonne idée.

Mardi, le ministre de la Santé avait le ton juste pour annoncer les nuages qui s’accumulent dans nos horizons pandémiques : ferme, mais lucide.

Fort bien.

Sauf qu’il y a une contradiction grosse comme le CHUM à demander aux gens d’être prudents, à les préparer à une hausse des hospitalisations, à chercher 500 vaccinateurs de plus, à demander aux employeurs de favoriser le télétravail…

Et à maintenir la barre du nombre de convives pour les partys privés des Fêtes à 20.

Car oui, le gouvernement maintient le cap : on pourra se faire de moyens partys, entre vaccinés, dès le 23 décembre. Malgré les nouvelles inquiétantes annoncées mardi.

Peut-être que le gouvernement reculera. Peut-être pas.

Si le passé est garant de l’avenir, le gouvernement va reculer. Mais alors que le cap des deux ans de pandémie approche – dans trois mois –, je pense qu’il faut aussi se gouverner soi-même, comme individus, comme citoyens.

Traduction : à 10 jours de Noël, la situation étant ce qu’elle est, je n’ai personnellement pas besoin de l’État pour me dire combien de personnes je peux, ou pas, recevoir à la maison. La réponse est simple : le moins possible.

Pas zéro. Mais le moins possible.

On ouvre les fenêtres, on aère, on fait deux petits partys plutôt qu’un moyen-gros ; trois plutôt que deux. Bref, on aplatit soi-même la courbe des risques, nonobstant les directives de l’État.

Même si Horacio Arruda m’assurait qu’on « peut » recevoir 25 ou 30 personnes, je m’en fiche : ce sera beaucoup moins. Il n’y a aucun scénario où, en ce 15 décembre 2021, je pense me retrouver dans un party à 20 personnes prochainement.

C’est juste le gros, gros bon sens.

1. Lisez l’article « Rassemblements de 20 personnes : “Ce n’est pas une bonne idée”, dit le DHoward Njoo »