La collecte des matières résiduelles et leur transport coûtent cher aux Montréalais. Près de 200 millions sont alloués chaque année à cette vaste opération. Cela représente 3,5 % du budget de la métropole.

Il y a les coûts, mais il y a aussi l’impact sur l’environnement. Les nombreux véhicules qui circulent dans les rues de la ville (les activités d’enlèvement des ordures représentent 7,5 millions de kilomètres) avant de finir leur course dans les centres d’enfouissement qui, une fois rendus au maximum de leur capacité, doivent être multipliés.

Il faut revoir notre façon de gérer les déchets que nous produisons.

Cette révolution doit notamment passer par une réduction des collectes de déchets, un virage emprunté par plusieurs municipalités québécoises, mais que Montréal tarde à prendre pour diverses raisons.

Dans plusieurs villes de la province (Saguenay, Lévis, Saint-Lambert, Pointe-Claire, Longueuil, Shawinigan, etc.), le principe des collectes toutes les deux semaines est devenu une norme, une habitude.

Mais à Montréal, on traîne la patte. Un projet-pilote devait avoir lieu dans deux districts de Verdun cet automne, mais il a été repoussé.

Vous me direz que la réalité de la métropole, riche en triplex et en quintuplex, vient compliquer les choses (les 2 millions de personnes de l’agglomération de Montréal habitent dans un total de 954 683 logements répartis dans 304 317 immeubles – 63 % des logements constituent des immeubles de 8 logements et moins, un fait unique en Amérique du Nord).

En revoyant sa fréquence de cueillette et de transport des déchets, la métropole économiserait des dizaines de millions de dollars.

Mais surtout, elle ajouterait un solide maillon au vaste projet de transition écologique qu’elle a amorcé.

Les maires des municipalités qui ont adopté cette approche remarquent que moins il y a de collectes, plus les gens sont portés à composter et à recycler – précisons que plus de 50 % des matières résiduelles que nous retrouvons dans les déchets sont des matières organiques.

C’est exactement ce qu’on a observé dans l’arrondissement de Saint-Laurent où, à partir de 2004, on s’est doté d’un important plan environnemental. Cela a culminé, en 2016, par une collecte des déchets domestiques toutes les deux semaines pour les immeubles de huit logements et moins.

Pourquoi procéder à un projet-pilote quand on peut profiter de l’expérience de Saint-Laurent ? Alan DeSousa, maire de l’arrondissement, n’est pas peu fier de parler de son expérience qui a commencé par une distribution de bacs à ordures ménagères gratuits.

« C’est sûr qu’il y a eu une période d’ajustement, m’a-t-il confié. Il n’y a rien de plus personnel que des déchets domestiques. Mais il y a eu un accompagnement et les citoyens ont fini par embarquer. »

Résultat : entre 2005 et 2020, l’arrondissement de Saint-Laurent est passé de 32 000 tonnes d’ordures ménagères à 23 000.

« Et ce qui est formidable, c’est que cette diminution a coïncidé avec l’incroyable boum démographique que nous avons connu ces dernières années », ajoute M. DeSousa.

Dans ce contexte, l’arrondissement souhaite maintenant offrir la cueillette de déchets organiques aux immeubles de neuf logements et plus afin de procéder à une collecte bimensuelle des ordures ménagères.

Bien sûr que ces changements ne se font pas toujours dans la joie et l’harmonie. Dans les villes qui ont réduit leurs collectes, des citoyens expriment leur mécontentement, particulièrement durant la saison estivale où les grandes chaleurs favorisent les odeurs nauséabondes et la prolifération de mouches ou de vers.

Pour que Montréal atteigne cet objectif, il faut donc une réelle volonté, un désir profond de changer ses habitudes. Il faut aussi procéder à une réorganisation de son quotidien.

Si cette manière amène plus de citoyens à vouloir contourner les règles, comme cette femme que j’ai aperçue l’autre jour déposer son petit sac d’ordures ménagères dans une poubelle municipale (ce qui a pour effet de la remplir en deux temps, trois mouvements), on n’est guère plus avancé.

Qu’est-ce que l’administration Plante, fière d’un second mandat, fera pour faire avancer ce dossier qui est en lien direct avec son plan directeur Montréal, objectif zéro déchet présenté en 2019 ?

Parler de gestion des déchets est sans doute la chose la moins sexy qui soit. Mais pourtant, il est primordial d’aborder ce sujet, car il a un impact majeur sur les mesures que nous adoptons en pièces détachées pour assurer la survie de notre planète.

Selon divers sondages, les Montréalais sont très satisfaits de la gestion des déchets à Montréal. Prendra-t-on le risque de les décevoir ? Osera-t-on changer leurs bonnes vieilles habitudes et réduire le fameux jour des poubelles ?

Cela m’apparaît incontournable.