Si vous avez circulé dans les rues du Plateau Mont-Royal ces derniers jours, vous avez peut-être remarqué les pancartes de la candidate indépendante Juliette Côté-Turcotte. Avec l’audace de ses 21 printemps, la jeune femme a décidé de sauter à pieds joints dans cet univers qui laisse de marbre la plupart des jeunes de sa génération.

« Je suis tannée de la chicane à laquelle on assiste entre les deux principaux partis », me raconte-t-elle dans le café où elle m’a donné rendez-vous, en plein cœur de De Lorimier, le district où elle tente d’obtenir un poste de conseillère de ville. « On n’entend que des phrases du genre “votre projet est de la merde”. Un projet ne peut pas être totalement de la merde. On ne s’écoute plus. »

Selon Juliette Côté-Turcotte, le concept des partis politiques au municipal crée en ce moment une situation contraignante pour les électeurs. C’est pour cette raison qu’elle a tenu à se présenter en tant qu’indépendante alors qu’elle aurait pu être une candidate de choix pour Projet Montréal, dont les idées et les valeurs ressemblent hautement aux siennes.

« Cette liberté me permet d’aller plus loin, dit-elle. Je peux apporter plus de nuances. Les deux partis disent qu’ils veulent changer les choses sur le plan de la sécurité, mais personne n’ose dire que le problème, c’est la direction du SPVM. Elle est faible. Il faut des leaders avec une vision claire. En ce qui a trait à la place de la voiture, on ne va pas au fond des choses. Il faut établir un plan en fonction de la réalité de chacun. Il faut penser aux personnes âgées. En tout cas, moi, j’en tiens compte. »

Si elle est élue, Juliette Côté-Turcotte se fera un devoir de sensibiliser l’administration municipale à la réalité des Montréalaises. « On peut agir dans plein de domaines. Je ne comprends pas qu’il n’y ait toujours pas de distributrices de tampons gratuits dans les lieux publics. Savez-vous qu’il y a des jeunes filles défavorisées qui ne vont pas à l’école les jours de leurs menstruations ? Elles n’ont pas les moyens de s’offrir ça. »

Un coup d’œil au programme de cette candidate nous permet de voir que ses idées n’ont pas été plaquées en quelques minutes. Les mesures proposées sont cohérentes et prennent leur source dans une philosophie de base : la réduction des inégalités sociales.

« Tout part de là. Quand on accepte de travailler là-dessus, cela nous permet d’améliorer plusieurs sphères de la vie urbaine. Et pour y arriver, cela doit passer par une démocratie participative. »

Idéaliste, Juliette Côté-Turcotte ? Sans aucun doute. Mais que serait la jeunesse sans le droit de rêver à un monde meilleur ?

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Pancarte de Juliette Côté-Turcotte, dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal

Pour arriver là où elle est rendue, Juliette Côté-Turcotte, originaire du Plateau Mont-Royal, a travaillé avec une équipe de jeunes camarades qui croient que la politique demeure le meilleur moyen de transformer notre milieu. « Le problème, c’est que tout le monde est retourné à l’université, dit-elle. Je suis pas mal toute seule en ce moment. »

L’étudiante en sciences politiques de l’UQAM a mis en veilleuse ses études, le temps de mener sa campagne. Elle reprendra le tout en janvier. « J’ai plus appris en quatre mois qu’au cours de mes quatre dernières années d’études en sciences politiques », lâche-t-elle.

Comment une étudiante a-t-elle pu parvenir à cette étape, produire une plateforme, créer un site web, publier des pancartes et des cartons qu’elle distribue à la volée ? D’ailleurs, en attendant nos lattés, elle a demandé au propriétaire du Café des Bois si elle pouvait laisser une pile de fiches.

Juliette Côté-Turcotte affronte Olivia Pulcheria Kowalski, d’Ensemble Montréal, et Marianne Giguère, une figure importante de Projet Montréal. J’ai tenté de savoir ce qu’elle pensait de ses adversaires. Elle est demeurée évasive, préférant mettre de l’avant ses idées.

Sa victoire, elle tente de l’obtenir en misant sur la proximité avec les citoyens. Elle fait du porte-à-porte en prenant le temps de parler avec les gens et de les écouter. Elle exploite bien évidemment les réseaux sociaux.

Pour mener cette campagne, Juliette Côté-Turcotte et les membres de son équipe ont organisé une campagne de sociofinancement. Avec la somme de 1000 $ que la candidate avait le droit d’injecter, ils ont réussi à amasser un total de 4000 $. « Les pancartes ont coûté 1700 $ », explique celle qui est retournée vivre chez ses parents pour la durée de la campagne. « Contrairement aux grands partis, je n’ai pas les moyens de les remplacer lorsqu’elles sont vandalisées. »

Au début de la campagne, j’ai écrit une chronique où je disais observer un nombre important de jeunes candidates et candidats dans les présentes élections municipales. Si plus de jeunes s’intéressent à la politique active, il reste que faire bouger les jeunes électeurs le jour du scrutin demeure un défi majeur.

« Les jeunes s’impliquent moins, car ils ne se sentent pas concernés, dit-elle. Tant mieux si je peux contribuer à changer cette tendance. »

Souhaitons que la présence de jeunes candidates et candidats comme Juliette Côté-Turcotte amènera les jeunes à croire que la politique municipale, ce n’est pas juste une affaire de vieux. Car on le voit bien, s’il y a une particularité à cette campagne, c’est de voir que les enjeux qui touchent la métropole concernent toutes les générations.

Alors, d’ici au 7 novembre, faisons bouger notre popotin. Qu’il soit jeune ou vieux.

Consultez le programme de Juliette Côté-Turcotte