Je ne veux surtout pas lancer de fausses informations, il y en a déjà beaucoup trop qui circulent autour de nous, aussi plutôt que d’y aller d’une solide affirmation, je vais prudemment poser une timide question : se pourrait-il que nous soyons en campagne électorale fédérale ?

Ne vous emportez pas ! N’allez pas rire de moi ! Je sais, cette hypothèse est complètement absurde. Si on était en campagne, ça se saurait. Les gens en parleraient. On en débattrait entre voisins. Ça soulèverait des passions. Ça ferait les manchettes, au moins autant que le facteur humidex. Or, ce n’est pas le cas.

Et puis, il n’y a vraiment aucune raison de déclencher des élections fédérales, en ce moment. Le pays est toujours en pleine pandémie. Les variants se propagent en moins de temps qu’il n’en faut pour pirater un passeport vaccinal. De plus, le Canada doit sauver nos complices et ressortissants pris dans le bourbier afghan. Il y a tellement mieux à faire que de lancer un appel aux votes, surtout que le gouvernement minoritaire libéral n’est aucunement menacé, l’opposition lui laissant les coudées franches pour diriger.

Malgré tout, quelques indices laissent tout de même croire qu’il se brasse quelque chose. Permettez-moi de les vérifier avec vous. Ne trouvez-vous pas que l’on voit abondamment Justin Trudeau sur nos écrans ? Vous me direz que ça fait un an et demi qu’on le voit quotidiennement sur nos écrans, ce serait difficile de le voir davantage. Vrai. Mais ce ne sont plus les mêmes images. Depuis mars 2020, on le voyait solitaire, sérieux, toujours devant chez lui, avec sa barbe de prof de philo, tandis que depuis quelques semaines, on le voit entouré, souriant, jamais au même endroit, avec sa baby face de Justin Bieber.

Il y a les autres chefs, aussi, que l’on ne voyait pas, et qui soudainement montrent le bout du nez.

Le nouveau leader du Parti conservateur… C’est quoi son nom déjà ? Il a un nom de chaîne de restaurants-bars. Barbies ? Non. Scores ? Non. O’Toole ? Oui, c’est ça, O’Toole ! Erin O’Toole ! Ben là, on commence à savoir c’est qui. On se rend même compte qu’il est capable de parler en français. Bien, à part ça. On comprend même ce qu’il dit. Bon, il ne dit pas la même chose en français qu’en anglais, mais ça, tous les politiciens bilingues au fédéral s’expriment ainsi. Sauf Yves-François Blanchet, qui lui dit toujours la même chose, que ce soit en français ou en français. Sauf quand il est question du troisième lien.

Jagmeet Singh, lui, a compris que l’important, ce n’est pas tant ce qu’on a à dire, l’important, c’est de sourire. On le voit, de plus en plus, comme un bon Jack.

La seule qu’on ne voit pas plus qu’avant, c’est la chef du Parti vert, Annamie Paul. Mais ça, c’est conséquent avec son programme : zéro émission.

Autre signe que nous serions, peut-être, en campagne électorale, ce sont les pancartes sur les poteaux. Quoique, pour la plupart, on n’a aucune idée de qui il s’agit. Ça peut être autant un agent d’immeuble qu’une personne disparue. Allez savoir.

Si on était en campagne, à défaut de connaître les idées des partis, on connaîtrait au moins leurs slogans. Savez-vous un slogan d’au moins un parti ? Soyez honnête !

Selon la rumeur, le slogan des libéraux serait : « Avançons ensemble ». Celui des conservateurs : « Agir pour le Québec » (probablement pas dans le reste du Canada). Celui du NPD : « Oser ensemble ». Celui du Bloc : « Québécois ». Et celui des verts : « Il faut de l’audace ». Bref : « Agir et oser ensemble pour le Québec des Québécois. » Du pareil au même. Heureusement qu’on n’est pas encore vraiment en élections, ils ont le temps de refaire leur devoir. À moins que nous le soyons ???

Si c’est le cas, faut croire que le désintérêt ambiant est à ce point généralisé qu’il nous fait douter de la tenue même de cette campagne électorale. Faudrait peut-être commencer à la regarder de plus près, parce que si l’exercice nous ennuie, le résultat pourrait nous causer de sérieux ennuis. Pour les quatre prochaines années ou un peu moins.

Si tu ne t’occupes pas de la politique, la politique s’occupe de toi. C’est quand, déjà, le premier débat ?