L’ancien député bloquiste et ancien maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve Réal Ménard se joint de nouveau à l’équipe de Denis Coderre.

Le chef du parti Ensemble Montréal en fera l’annonce ce lundi au cours d’un point de presse où il dévoilera le nom de nouveaux candidats, dont trois « vedettes ». La porte-parole du parti, Elizabeth Lemay, n’a pas voulu m’indiquer à quel poste la recrue d’Ensemble Montréal se présentera. Mais le parti compte déjà un candidat à la mairie dans la plupart des 19 arrondissements.

Denis Coderre mise sur la conseillère d’arrondissement pour le district de Louis-Riel, Karine Boivin Roy, pour ravir la mairie de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Or, Mme Boivin Roy a une grande complicité avec Réal Ménard. Pourrait-on avoir offert à celui qui connaît à fond ce fief passé aux mains de Projet Montréal en 2017 de se présenter comme conseiller ? Ce serait un choix stratégique.

Réal Ménard a été élu deux fois à la mairie de cet arrondissement, en 2009 pour Vision Montréal, le parti de Louise Harel, et en 2013 pour Coalition Montréal, qui était dirigé par Marcel Côté. Lors de son second mandat, Denis Coderre l’a nommé responsable de l’environnement et des parcs au sein du comité exécutif. C’est ce signe de confiance et d’ouverture qui a amené Réal Ménard à se rallier officiellement à Denis Coderre lors des élections de 2017. Comme son chef, il n’a toutefois pas été réélu.

Les deux hommes se sont connus à Ottawa au moment où Réal Ménard était député pour le Bloc québécois, entre 1993 et 2009, et où Denis Coderre a été député et ministre libéral, de 1997 à 2013. Réal Ménard a toujours eu une grande admiration pour celui qui veut aujourd’hui reconquérir la mairie de Montréal.

Dans une entrevue qu’il m’a accordée en février dernier, Réal Ménard reconnaissait que Denis Coderre a son « franc-parler » et qu’il est un politicien « exigeant », mais il a surtout souligné « la grande loyauté » de cette bête de la politique. « Il n’a pas peur d’aller au front pour son équipe et de défendre son monde », m’avait-il dit.

Quelques semaines plus tard, j’ai reparlé à Réal Ménard. Il était en colère. Projet Montréal venait de lui signifier que son mandat au conseil d’administration du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV) n’allait pas être renouvelé.

En entrevue, il s’était vidé le cœur. « Je trouve ça mesquin, je trouve ça cheap ! C’est clair que c’est pour des raisons politiques. Au fond, je trouve cela triste. Ça renvoie à ce qu’est vraiment cette administration. Ils se sont toujours targués de ne pas faire de politique partisane et d’être au-dessus de ça. Or, on voit bien que ce n’est pas le cas », avait-il lâché.

Il faut dire qu’après ma chronique dans laquelle il ne cachait pas son admiration pour l’adversaire de Valérie Plante, Réal Ménard avait cosigné dans La Presse, en compagnie de Karine Boivin Roy, une lettre dans laquelle il défendait le projet de création d’un pôle logistique dans le secteur Assomption Sud.

Cette prise de position aurait fait, selon Réal Ménard, beaucoup de tort à Karine Boivin Roy, seule représentante d’Ensemble Montréal dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. « À partir de là, elle a été exclue de toutes les réunions touchant ce sujet, de même que toutes celles portant sur le REM. C’est une élue et elle ne peut pas participer à cela. C’est incroyable », m’avait-il alors confié.

Réal Ménard a également été très présent sur les réseaux sociaux durant cette période pour critiquer l’administration Plante, qu’il qualifie de « médiocre », particulièrement pour sa gestion de l’arrondissement qu’il a longtemps dirigé.

Reconnu pour être à l’écoute de ses citoyens, ce politicien de 59 ans n’a jamais digéré la mort d’un projet qui lui tenait profondément à cœur : la création d’un nouveau centre communautaire dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, un secteur de la ville qui est confronté à des problèmes sociaux divers et nombreux.

Ce projet aurait coûté 15 millions de dollars. Projet Montréal a préféré investir 7 millions afin d’agrandir les locaux du Centre communautaire Hochelaga (CCH) qui sont situés derrière l’église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge.

Lors de cet entretien, je lui avais demandé s’il envisageait de faire un retour en politique municipale. Il avait esquivé la question. « Mais si je fais un retour en politique municipale, c’est sûr que ça sera avec Denis Coderre. »

Pendant les élections de 2017, Pierre Lessard-Blais, de Projet Montréal, a poussé Réal Ménard vers la sortie. Autour de lui, on retrouve Éric Alan Caldwell, Suzie Miron et Laurence Lavigne Lalonde. On a appris en juin dernier que cette dernière briguera la mairie de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension pour Projet Montréal. À près de deux mois des élections, les deux principaux partis ont, en grande partie, placé leurs pions. Il ne reste plus que quelques cases à combler.