Y aura-t-il une quatrième vague carburant au variant Delta à l’automne ? On l’ignore. Mais des pays ont dû – légèrement – réviser leurs ambitions de retour à la normale à cause d’une hausse des cas d’infection par le variant Delta, comme Israël et l’Angleterre.

Prenons le cas de l’Angleterre : la majorité des gens infectés par le variant Delta n’ont pas été vaccinés. Pour la plupart de ces gens, c’est un choix, après des mois et des mois où ils auraient eu l’occasion d’être immunisés.

Oui, bien sûr, les gens vaccinés peuvent être infectés. Hors de l’univers parallèle du négationnisme sanitaire, ça n’a rien d’une surprise : les vaccins sont le meilleur rempart contre les infections… Mais ils ne protègent pas à 100 %.

Entre le 1er février et le 14 juin, sur 806 Anglais hospitalisés à cause du variant Delta, 65 % (527) n’avaient pas été vaccinés, 17 % avaient reçu une première dose et 10 % avaient reçu deux doses (1). Bref, en Angleterre, les non-vaccinés retardent le groupe.

Le système de santé anglais n’est pas au bord du précipice, loin de là. Mais la réticence vaccinale des 18-35 ans est une préoccupation pour les autorités de la Santé publique : c’est ce qui explique que les jeunes sont plus infectés par le variant Delta.

Revenons au Québec, maintenant. Y aura-t-il une quatrième vague causée par la réticence vaccinale ? On l’ignore, comme je le disais plus haut. Il faut quand même se préparer à l’automne.

Permettez un détour pour parler de préparation. L’été s’installe. Avec les vacances, l’été est une période de dormance pour la société. C’est normal et sain. Cependant, j’ai souvenir de l’été 2020, quand on savait que l’automne allait être difficile, quand on soupçonnait fortement que l’accalmie estivale n’était que ça, une accalmie…

Eh bien, le ministère de l’Éducation était en dormance, l’été dernier : on savait à l’époque que la ventilation serait un problème lors de l’année scolaire 2020-2021 et on n’a rien fait pendant l’été 2020 pour régler le problème. J’imagine qu’on a attendu que les fonctionnaires de l’Éducation reviennent de leurs vacances pour y penser.

Même chose dans certains CISSS-CIUSSS : au retour des vacances estivales 2020, certains de ces mastodontes bureaucratiques étaient encore et toujours incapables de communiquer des résultats de tests de dépistage du coronavirus de façon électronique. On s’en remettait encore aux appels téléphoniques faits par des infirmières… Les résultats par courriel sont venus à l’automne.

Fin du détour, pour continuer sur le sujet de ma chronique de samedi, le passeport vaccinal…

Ça va bien, au Québec, en ce moment. Les cas quotidiens d’infection sont au plancher, une autre preuve que la vaccination est capitale pour un retour à la normale. Mais il y aura des défis à l’automne, c’est certain. Notamment dans les cégeps et les universités, car les jeunes sont sous-vaccinés par rapport à la moyenne provinciale.

Pour une rentrée 100 % en présence en classe, Québec a mis la barre de la vaccination complète à 75 %, pour les 16-29 ans. Or, pour la première dose, ce groupe est vacciné à 67 %. Ce groupe sous-performe, sur le plan de la vaccination.

Dans les circonstances, ce sera un défi « pas banal » d’avoir une rentrée à 100 % en présence, a déclaré dimanche la Fédération des cégeps au Journal de Québec (2).

Il serait pour le moins consternant que la rentrée en présentiel soit mise en péril parce que trop de jeunes du groupe des 16-29 ont décidé de ne pas se faire vacciner, car ils font du pouce sur ceux qui ont choisi, eux, de se faire vacciner.

C’est précisément dans le cas des rentrées collégiales et universitaires qu’un passeport vaccinal pourrait être efficace.

Tu es vacciné, tu as ton code QR qui le prouve ?

Parfait, bienvenue dans les classes du cégep et de l’université.

Tu n’es pas vacciné, tu n’as pas ton code QR ?

Désolé pour toi, tu feras tes cours à distance.

Il sera difficile de plaider là-dessus une quelconque atteinte à quelque droit que ce soit : l’essentiel des mois d’enseignement depuis avril 2020 s’est déroulé à distance. Rien n’oblige la société à accommoder les récalcitrants à l’infini.

Si on n’utilise pas la vaccination comme laissez-passer pour l’accès des étudiants aux campus collégiaux et universitaires, permettez que je pose la même question que je posais samedi (3) : à quoi sert le code QR ?

On dirait qu’il y a un bras de fer au sein du gouvernement sur le passeport vaccinal…

D’un côté, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, qui débordait d’enthousiasme le printemps dernier pour parler du code QR à venir. Idem quand il l’a annoncé.

De l’autre, le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, qui fait la face d’un bambin à qui on doit faire avaler du sirop Buckley quand il est question dudit passeport vaccinal…

On ne sait pas si le variant Delta bousillera le rythme du déconfinement made in Québec. Espérons que non. Mais ce n’est pas à la fin d’août – lors de la rentrée collégiale – que le gouvernement devrait indiquer ses intentions quant à l’utilisation du code QR comme passeport vaccinal. C’est maintenant.

L’enjeu dépasse les seuls récalcitrants. Il inclut aussi – surtout – ceux qui ont choisi de se faire vacciner, pour leur bien et pour celui de la collectivité. Car si les non-vaccinés peuvent faire du pouce impunément sur les efforts des autres… Pourquoi se faire vacciner, au fond ?

Note de service au gouvernement : si les efforts de déconfinement sont bousillés par ceux qui ont choisi de ne pas se faire vacciner, s’il n’y a pas d’inconvénient dans le monde réel quand on rejette le vaccin…

Je ne suis pas certain que les vaccinés vont accepter de faire beaucoup d’autres sacrifices.

1. Lisez un article de la BBC sur le variant Delta (en anglais) 2. Lisez l’article du Journal de Québec 3. Lisez la chronique « À quoi sert le code QR ? »