(Ottawa) Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a dévoilé dimanche la plateforme électorale de son parti. La hausse des transferts en santé aux provinces, le prélèvement d’un impôt spécial sur les grandes fortunes, l’instauration d’une péréquation verte et la défense de la langue française figurent en tête de liste des priorités de la formation souverainiste.

Le Bloc québécois est ainsi devenu le troisième parti à publier l’ensemble de sa plateforme. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) l’a fait trois jours avant le déclenchement de la campagne électorale. Le Parti conservateur lui a emboîté le pas deux jours après que Justin Trudeau s’est rendu à Rideau Hall pour demander à la gouverneure générale Mary Simon de dissoudre le Parlement.

Les stratèges libéraux ont l’intention de dévoiler leur plateforme au cours des prochains jours. Cela devrait être fait à tout le moins avant le premier débat des chefs en français, qui aura lieu le 2 septembre sur les ondes de TVA. L’objectif est de donner au chef libéral les munitions nécessaires pour riposter aux attaques de ses adversaires devant les caméras au moment où les électeurs auront plus d’intérêt pour la campagne.

Samedi, Radio-Canada rapportait que Justin Trudeau consultait encore son entourage et ses candidats à la recherche d’idées qui auraient un effet « wow », même si c’est lui qui a décidé de provoquer des élections le 15 août.

Dimanche, M. Trudeau a réagi à ces informations en déclarant que « ce ne sont pas les idées qui manquent » et que la plateforme libérale expliquera en détail comment un gouvernement libéral réélu entend « bâtir une société plus propre, plus prospère et plus juste ». Il promet une plateforme chiffrée.

En présentant le programme électoral du Bloc québécois, à Saint-Hyacinthe, Yves-François Blanchet a pris soin de noter qu’il va détailler au quotidien chacune des propositions jusqu’au jour du scrutin. Ainsi, il se donne une marge de manœuvre pour étoffer cette plateforme avec des propositions qui répondent « aux besoins du Québec ».

Les ajouts à la plateforme bloquiste pourraient bien s’inspirer des demandes du premier ministre du Québec, François Legault.

Comme il l’avait fait en 2019, M. Legault présentera ses demandes à l’ensemble des leaders fédéraux dans le cadre de cette campagne, même si la gestion de la pandémie de COVID-19 continue d’accaparer l’essentiel de son temps.

Il y a deux ans, M. Legault avait exigé des chefs fédéraux qu’ils s’engagent à respecter la Loi sur la laïcité de l’État adoptée par le gouvernement caquiste, à transférer des pouvoirs en immigration, à assujettir les entreprises à charte fédérale à la loi 101 et à créer une déclaration de revenus unique administrée par Québec. Le Bloc québécois avait repris l’ensemble de ces demandes à son compte.

Cette fois-ci, on peut s’attendre à ce que M. Legault fasse de l’augmentation des transferts en santé sa principale requête. Le respect des champs de compétence du Québec en santé et sur le front linguistique pourrait aussi se retrouver sur la liste des demandes.

Déjà, le Bloc québécois compte faire de la hausse des transferts en santé « son principal cheval de bataille » durant la campagne. À ce chapitre, il utilise d’ailleurs les calculs de François Legault et des provinces.

Pour qu’Ottawa paie sa juste part, il faut que sa contribution au financement des soins de santé passe de 22 % à 35 %, affirme le Bloc québécois. Cela équivaut à une hausse de 28 milliards de dollars par année. Le NPD réclame aussi une majoration substantielle des transferts, tandis que le Parti conservateur promet de les augmenter de 6 % annuellement, et plus encore si la croissance économique le permet.

Durant une rencontre avec ses homologues provinciaux sur cette épineuse question, en décembre dernier, Justin Trudeau avait écarté toute hausse des transferts à court terme. Il avait promis d’aborder ce dossier après la fin de la pandémie. « J’ai reconnu que l’on va devoir augmenter les transferts en santé à long terme. Mais notre priorité maintenant, c’est d’aider les Canadiens à passer à travers cette pandémie », avait-il alors déclaré.

Alors que l’on entreprend la deuxième semaine de la campagne, le dévoilement de la liste des demandes de François Legault retiendra l’attention de tous les chefs. Encore très populaire dans les sondages, M. Legault, faut-il le rappeler, est le seul dirigeant provincial à jouir d’un tel rapport de forces durant les élections fédérales.

Déjà, la promesse des libéraux de Justin Trudeau d’investir 6 milliards de dollars pour améliorer les services dans les centres de soins de santé et les CHSLD, à condition que les provinces adhèrent à des normes nationales, a été très mal accueillie par François Legault, selon nos informations. S’il ne veut pas s’attirer publiquement les foudres du premier ministre du Québec d’ici au jour du scrutin, Justin Trudeau devra aussi promettre des milliards supplémentaires aux provinces pour la santé.