En visite surprise à Kyiv, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé samedi l’attribution d’une aide militaire de 500 millions de dollars à l’Ukraine, incluant l’envoi de missiles et de munitions supplémentaires.

Ce qu’il faut savoir

  • Le premier ministre Justin Trudeau s’est rendu à Kyiv samedi, au moment où la contre-offensive ukrainienne semble avoir débuté.
  • Le Canada accordera une nouvelle aide militaire à l’Ukraine totalisant 500 millions de dollars.
  • Des sanctions contre 24 personnes pour leur soutien à l’invasion russe ont aussi été annoncées.

Le premier ministre du Canada s’est rendu samedi dans la capitale ukrainienne, accompagné de la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland.

C’est la deuxième fois qu’il visite Kyiv depuis le début de l’invasion russe en février 2022.

Cette visite inopinée survient au moment où la contre-offensive ukrainienne, attendue de longue date, semble avoir débuté, d’après certains analystes. La professeure au département de science politique de l’Université McGill Maria Popova croit qu’il s’agit même probablement de la raison du passage de M. Trudeau, samedi.

« C’est une visite symbolique pour souligner le fait que le Canada soutiendra l’Ukraine alors qu’elle lance sa contre-offensive », dit Mme Popova. Cette opération est « très importante pour la population ukrainienne et pour l’issue de la guerre », ajoute-t-elle.

PHOTO SERGEI SUPINSKY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le premier ministre Justin Trudeau et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’une conférence de presse samedi

En conférence de presse, Justin Trudeau a annoncé samedi une nouvelle aide militaire totalisant 500 millions de dollars. Au côté du président ukrainien Volodymyr Zelensky, il a réaffirmé le soutien du Canada envers l’Ukraine, qui lutte non seulement pour son pays, mais « pour notre avenir à tous ».

Le Canada fournira notamment 288 missiles AIM-7 supplémentaires et 10 000 cartouches de munitions de 105 millimètres grâce à une réaffectation des fonds existants, a précisé M. Trudeau.

Le premier ministre a également annoncé l’attribution de 10 millions supplémentaires pour soutenir les personnes touchées par l’effondrement d’un barrage hydroélectrique cette semaine dans le sud du pays.

Depuis l’année dernière, Ottawa a consacré plus de 8 milliards aux efforts liés à la guerre en Ukraine.

Le Canada continuera à soutenir l’Ukraine quoiqu’il en coûte, aussi longtemps qu’il le faudra.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau

À son arrivée à Kyiv, Justin Trudeau a fait un arrêt au célèbre monastère Saint-Michel-au-Dôme-d’Or pour rendre hommage aux soldats ukrainiens morts au combat. Il s’est aussi promené dans le centre de la capitale, où sont exposées les carcasses de chars russes brûlés.

PHOTO VALENTYN OGIRENKO, REUTERS

Justin Trudeau et la vice-première ministre, Chrystia Freeland, accompagnés de responsables et de soldats ukrainiens, ont marché parmi les véhicules militaires détruits exposés dans la capitale.

Même si la ville se trouve loin du front, des missiles continuent de s’abattre sur elle sur une base régulière, rappelle le professeur titulaire de science politique à l’UQAM Justin Massie.

« Les défenses antiaériennes de l’Ukraine détruisent la vaste majorité des missiles », nuance-t-il. Tout de même : « le danger [encouru par Justin Trudeau et Chrystia Freeland] montre l’importance du soutien que le Canada veut accorder à l’Ukraine », souligne-t-il.

« Nous voulons la paix aux conditions ukrainiennes. La Russie doit retirer complètement et inconditionnellement toutes ses forces militaires d’Ukraine », a déclaré Justin Trudeau dans un discours de 25 minutes prononcé devant le Parlement ukrainien.

« Vous êtes la pointe de la lance qui détermine l’avenir du XXIe siècle », a poursuivi le premier ministre, ovationné à plusieurs reprises pendant son discours.

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre a déposé une couronne devant le mur commémoratif des victimes de la guerre en Ukraine.

De nouvelles sanctions

La visite de Justin Trudeau survient également tout juste un mois avant le sommet de l’OTAN à Vilnius, en Lituanie, où la question de l’adhésion de l’Ukraine doit être discutée.

Le Canada est favorable à ce que le pays rejoigne l’OTAN lorsque les conditions le permettront, a fait savoir Justin Trudeau samedi. Une déclaration « plutôt prudente » de la part du premier ministre, estime Maria Popova.

« Il aurait pu être plus proactif. Il aurait pu dire que l’adhésion de l’Ukraine devrait se faire le plus rapidement possible ou parler du sommet à Vilnius à venir », explique-t-elle.

En plus d’une nouvelle aide militaire, M. Trudeau a également annoncé de nouvelles sanctions à l’encontre de 24 personnes et de 17 entités pour leur soutien présumé à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Il a déclaré que le gouvernement fédéral tenterait de saisir un énorme avion-cargo Antonov 124 immatriculé en Russie que le Canada a immobilisé après son atterrissage à l’aéroport international Pearson de Toronto en février 2022.

La liste des personnes sanctionnées n’était pas immédiatement disponible au bureau de M. Trudeau, samedi.

Avec le président Volodymyr Zelensky, Justin Trudeau a également publié une déclaration commune comportant une douzaine de points qui réitèrent largement les actions du Canada en faveur de l’Ukraine. La déclaration mentionne « la nécessité de renforcer les efforts visant à assurer la mise en œuvre des sanctions et à prévenir et contrer leur contournement dans et par des pays tiers ».

« Batailles intenses » en cours

Cette visite coïncide avec l’intensification progressive des activités militaires de l’Ukraine. Moscou a affirmé que la contre-offensive promise depuis longtemps par l’Ukraine était déjà en cours, tandis que les hauts responsables de l’armée ukrainienne ont confirmé samedi que des « batailles intenses » étaient en cours et que la Russie lançait des frappes aériennes et d’artillerie dans les régions de Kherson et de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine.

Vendredi, le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré que Moscou déploierait certaines de ses armes nucléaires tactiques en Biélorussie le mois prochain, une décision que l’opposition biélorusse a qualifiée de tentative de chantage à l’égard de l’Occident avant la réunion de juillet de l’alliance militaire de l’OTAN.

Avec l’Agence France-Presse et Reuters