Laval accentue la pression sur les groupes criminalisés

Le Service de police de Laval (SPL) dit mettre le paquet pour éviter une recrudescence des fusillades sur son territoire cet été, mobilisant toutes ses équipes afin d’accentuer la pression sur le petit noyau dur de 30 à 40 criminels qui sont les plus grands responsables du phénomène de violence armée des dernières années.

Le corps policier relance cette année le projet Paradoxe, un effort concerté des différentes unités pour lutter contre la violence par armes à feu en période estivale. L’an dernier, l’expérience a été jugée concluante. Laval a enregistré une baisse de 44 % des fusillades et une diminution de moitié des coups de feu tirés sur le territoire.

« On a eu un impact significatif l’an passé. Mais on demeure prudents, car c’est un phénomène volatil. C’est important pour nous de ne pas revivre les évènements de 2019, 2020, 2021, où on avait vu un sommet dans ce phénomène-là », affirme l’assistant directeur Jean-François Rousselle, responsable des enquêtes à la police de Laval.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-François Rousselle, assistant directeur au secteur des enquêtes du Service de police de Laval

Dans leur rétroviseur

À l’approche de l’été, les policiers vont donc accentuer leur présence dans certains lieux jugés « potentiellement problématiques ». Ils vont garder à l’œil différentes rivalités et divers conflits qui peuvent mener à de la violence armée. Et ils vont accentuer la pression sur le noyau dur lié à la violence armée.

« Comme l’an passé, on n’attendra pas que ça tire dans les rues à Laval. On va être proactifs pour être dans le rétroviseur des criminels et les arrêter avant qu’il y ait des fusillades », annonce M. Rousselle.

D’ordre général, c’est une trentaine ou une quarantaine de sujets qui sont le noyau dur qui a généré ce phénomène à Laval et qui sèment la terreur quand il y a des fusillades. Évidemment, il y a plusieurs autres qui gravitent autour.

Jean-François Rousselle, assistant directeur au secteur des enquêtes du SPL

Encore cette semaine, dans une opération contre des revendeurs de stupéfiants, les policiers lavallois ont saisi un fusil d’assaut de type AK-47. Laval fait face aux mêmes dynamiques que Montréal en matière de gangs criminels, et un conflit né dans les rues de la métropole peut rapidement avoir des répercussions dans l’île Jésus.

« Ce n’est pas une rivière ou un pont qui les bloque. On voit des conflits intergangs, avec des gangs de Laval en alliance ou en conflit avec des gangs de Montréal », explique M. Rousselle.

La boxe comme outil de prévention

Le projet Paradoxe comprend aussi un volet de prévention pour éviter que des jeunes tombent dans l’engrenage des milieux criminels après la fin de l’année scolaire. Un projet sportif axé sur la pratique de la boxe offre notamment un exutoire positif à plusieurs dizaines d’entre eux.

L’hiver, les jeunes sont bien souvent à l’école, alors que l’été, ils sont dans les parcs et ils ne sont pas nécessairement tous pris en charge. On travaille fort pour cibler les jeunes qui auraient des facteurs de risque de délinquance et aller les rejoindre.

Jean-François Rousselle, assistant directeur au secteur des enquêtes du Service de police de Laval

Les ressources de la police n’étant pas infinies, la décision de mobiliser plus de ressources pour s’attaquer à la violence par armes à feu implique nécessairement de faire des choix. La direction du corps policier est réaliste à ce sujet.

« Quand on est frappés par un phénomène comme ça, on doit prioriser. Évidemment, quand on dit prioriser, ça veut aussi dire mettre certains types de crimes de côté pour les traiter plus tard. Surtout dans un contexte où c’est plutôt difficile de recruter des policiers en raison de la pénurie de main-d’œuvre », reconnaît M. Rousselle.

L’assistant directeur affirme toutefois que la motivation de ses troupes pour s’attaquer aux fusillades demeure exceptionnelle. « Ce n’est pas toujours facile au quotidien, évidemment. Parfois, on souhaiterait avoir plus de bras. Mais il y a une volonté incroyable de nos employés de mettre fin à ce phénomène. Ils nous ont suivis et ils livrent la marchandise », dit-il.