(Québec) Les chantiers préparatoires pour le tramway ont commencé avec le beau temps à Québec, même si la Ville ignore toujours le coût final du projet et alors même que des membres de l’opposition répètent que le tracé pourrait être amputé.

Des ouvriers s’affairaient jeudi sur la rue Canardière, bloquée à la circulation. Les travaux doivent permettre le passage du tramway à cet endroit précis entre les quartiers Vieux-Limoilou et Maizerets.

Pourtant le chef non élu de la deuxième opposition a affirmé plusieurs fois cette semaine, citant une source anonyme, que le projet d’une vingtaine de kilomètres serait amputé de six d’entre eux. Le cabinet du maire Bruno Marchand a réfuté catégoriquement les propos de Patrick Paquet dans un courriel à La Presse.

« C’est un scandale », s’époumonait le chef d’Équipe priorité Québec, lundi sur les ondes de Radio X. Le parti qui compte deux conseillers est le seul à l’hôtel de ville à s’opposer au plus important projet d’infrastructure de l’histoire de la capitale.

L’animateur Dominic Maurais en rajoutait. Citant lui aussi une source anonyme, il assurait que le projet annoncé à 4 milliards en coûterait finalement 10. Pour réduire la facture, la Ville en serait réduite à sacrifier le tunnel entre la Haute et la Basse-Ville.

IMAGE VILLE DE QUÉBEC

Le tracé du tramway de Québec doit parcourir 19,3 km.

« Le scénario privilégié, c’est d’arrêter au Grand Théâtre. On coupe le tunnel qui vaut 2 milliards. On est rendus à 8 », a-t-il dit en ondes. Dans sa première phase, le projet ne serait donc que présent en Haute-Ville, lâchait l’animateur, soit « du IKEA à Cartier ».

Et pourtant, jeudi, ils étaient là, en Basse-Ville, ces ouvriers en train de préparer Canardière à l’arrivée d’un tramway qui ne viendrait finalement pas ?

Le cabinet du maire a balayé d’un revers de la main ces rumeurs. « Il n’est pas question de couper le tracé du tramway », a assuré dans un courriel l’attaché de presse du maire Bruno Marchand, Thomas Gaudreault.

« Les groupes qui s’opposent au projet se plaisent à inventer toutes sortes de rumeurs provenant de “sources sûres », mais ils n’ont aucune confirmation. Même chose pour le prix. Ces fausses informations circulent alors que les enveloppes finales ne sont même pas ouvertes. »

Le cabinet du maire accuse le chef de la deuxième opposition de dire « une chose et son contraire sur les ondes ».

Le chef de l’opposition officielle, qui soutient le projet, s’interroge sur la sortie de Patrick Paquet. « Je ne pense pas que notre travail est de faire de la politique avec des sources anonymes », a dit cette semaine le chef de Québec d’abord, Claude Villeneuve.

« Ça ne ressemble à rien de ce que je peux avoir comme information et de l’état du projet quand j’ai quitté le comité de réalisation du tramway en octobre dernier, dit-il. Je veux bien croire que ça peut avoir bougé depuis ce temps-là, mais ce serait exorbitant comme changement. »

Le prix final encore inconnu

Si la machine à rumeur s’emballe, c’est en partie à cause de la campagne d’opposition menée par Équipe priorité Québec. C’est aussi à cause des délais qui s’additionnent autour du tramway, d’abord annoncé en 2018 par Régis Labeaume.

Promis au départ pour 2026, puis 2028, la Ville parle maintenant d’une mise en service en 2029.

Le prix total du contrat est aussi inconnu. L’ex-maire Labeaume parlait de 3,3 milliards en 2018. Le dernier montant évoqué par la Ville était de 3,9 milliards.

Mais dans un contexte inflationniste où le prix des projets explose (pont de l’île aux Tourtes) et d’autres sont abandonnés (troisième lien), il est certain que le coût final sera supérieur.

Québec s’est entendu en février avec Alstom pour l’achat de 34 rames au coût de 569 millions. La Ville pensait au départ débourser 400 millions.

La Ville négocie présentement avec deux consortiums pour le plus important contrat du projet, soit les infrastructures, incluant le tunnel de 1,8 km qui doit relier la Haute à la Basse-Ville.

« C’est la Ville qui devrait éventuellement faire une mise à jour, parce que les derniers coûts publics annoncés étaient de 3,9 milliards. Jusqu’à nouvel ordre c’est le prix qui circule », a dit récemment la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Québec devait déposer son dossier d’affaire au gouvernement en mai. Ce sera finalement en début d’été. C’est à ce moment qu’on en saura davantage sur le coût final du tramway.

« Il est impossible que quiconque soit au courant des coûts finaux du projet. Il serait hasardeux d’y aller de plusieurs règles de trois comme le fait la deuxième opposition à plusieurs reprises depuis la désignation de leur nouveau chef », a ajouté le cabinet du maire Marchand dans sa réponse à La Presse.

« Il est donc normal pour nous de réfuter ces informations complètement fausses et basées sur absolument rien de factuel. »

Avec Tommy Chouinard, La Presse