Les résidants de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, sont appelés à demeurer à l’intérieur tandis qu’un important brasier situé à une quinzaine de kilomètres au nord fait rage. Les incendies de forêt dans la région ont déclenché des « mécanismes de protection » sur le réseau d’Hydro-Québec, ce qui a plongé 250 000 clients dans le noir jeudi après-midi.

Vers 17 h, le nombre de foyers privés d’électricité avait diminué à un peu plus de 150 000, principalement à Montréal et en Montérégie.

Pendant ce temps, sur la Côte-Nord, les résidants sont sur le pied d’alerte.

« Fermez les fenêtres et l’échangeur d’air ; évitez toute activité physique intense à l’extérieur », prévient également le gouvernement, jeudi après-midi, en invitant les personnes victimes d’un malaise persistant à contacter le 8-1-1.

Le feu en question, actif depuis mardi, est situé au nord du lac Daigle et est toujours considéré comme « hors de contrôle » par la Société de protection des forêts contre le feu. Sa superficie est maintenant estimée à 534 hectares.

Environ 120 résidants situés sur le territoire non organisé de la MRC des Sept-Rivières ont été appelés à évacuer leurs habitations de villégiatures.

« Le bois est sec, sec, sec »

À Sept-Îles, les autorités locales ont mis en place un centre de coordination des mesures d’urgence qui devrait décider dans les prochaines heures si des mesures supplémentaires devront être prises. « On devra prendre des décisions en fonction de la sécurité des citoyens », explique le maire de Sept-Îles, Steeve Beaupré.

« Il y a le facteur météo qui ne joue pas en notre faveur. On nous annonçait de la pluie, on n’en a pas eu. Des journées chaudes et du temps sec. Avec la tordeuse d’épinette (une chenille destructrice), le bois est sec, sec, sec, donc c’est comme craquer une allumette dans une botte de foin », détaille le maire.

Ce dernier témoigne aussi des effets de la fumée sur les résidants. « Hier soir, je jouais au deck-hockey à l’extérieur, et ce matin nous avions tous mal à la gorge », raconte-t-il.

Un deuxième brasier est également actif dans la région en ce moment. Ce dernier est situé à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Sept-Îles et est beaucoup plus important. Il couvrait jeudi une superficie estimée de 17 828 hectares. Il n’est toutefois pas contrôlé actuellement puisqu’il se trouve en zone nordique.

250 000 clients d’Hydro-Québec touchés

Des interventions sont toutefois effectuées afin de protéger le chemin de fer desservant Shefferville, la pourvoirie de la rivière Moisie, ainsi qu’une tour de télécommunications d’Hydro-Québec, précise la SOPFEU.

« En plus des patrouilles régulières effectuées par les analystes en comportement d’incendie de la SOPFEU, de l’arrosage héliporté continue d’être effectué par la compagnie minière IOC. L’installation de réservoirs d’eau amovibles et d’asperseurs a également été faite pour protéger les infrastructures ciblées », explique-t-on.

Ces brasiers ont aussi eu des conséquences inattendues pour des résidants d’aussi loin que Montréal.

Hydro-Québec a annoncé en fin d’après-midi que 250 000 de ses clients étaient en panne d’électricité puisque deux de ses lignes de transport étaient rendues indisponibles par les incendies de forêt sur la Côte-Nord.

« La fumée et la chaleur ont déclenché des mécanismes de protection sur le réseau. La reprise du courant se fait de façon progressive », a précisé la société d’État sur Twitter en précisant que ses installations n’étaient pas endommagées.

Québec prie la population d’éviter les forêts

Ces derniers développements surviennent alors que Québec demande à la population d’éviter ou de restreindre au maximum les déplacements en forêt en raison de « l’indice d’inflammabilité extrême », au moment où la province traverse une première canicule.

Cette recommandation concerne l’ensemble du Québec et a pour but de « diminuer les risques d’incendie, de faciliter les opérations de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) et d’assurer la sécurité publique ».

Rappelons qu’il est présentement interdit de faire des feux à ciel ouvert en forêt ou à proximité sur tout le territoire québécois.

« Depuis le 28 mai, la province fait face à une situation propice aux incendies de forêt avec des températures élevées et sèches ainsi que de faibles précipitations sur l’ensemble du territoire », écrivent le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) et le ministère de la Sécurité publique (MSP), dans un communiqué conjoint.

De l’espoir pour Chapais

Jeudi matin, l’incendie de forêt qui a forcé l’évacuation de la moitié du village de Chapais, dans le Nord-du-Québec, soit environ 500 personnes, était toujours hors de contrôle, indique la SOPFEU.

« Des équipes sont quand même sur le terrain, parce qu’il y a du travail qu’on peut faire même si le feu est considéré comme hors contrôle », précise une porte-parole de l’organisation, Josée Poitras. « On est en train de préparer des plans de combat pour les prochains jours. »

Alors que l’incendie s’est approché à 4 km du village de Chapais, mercredi soir, un changement dans le sens du vent donne maintenant espoir aux autorités de voir le village être épargné. « Le feu pourrait se diriger probablement, légèrement, dans une autre direction que la ville de Chapais, et c’est ce qu’on espère », explique Josée Poitras.

« Hier soir il y avait énormément de fumée dans la ville à cause du vent, mais ce matin ça s’était beaucoup dissipé », indique la mairesse de la municipalité, Isabelle Lessard.

La Ville de Chapais a fait savoir jeudi matin que les deux écoles (primaire et secondaire) de la municipalité resteront fermées jeudi. « Aux citoyens qui ont été évacués : vous serez informés d’un retour éventuel à la maison au moment opportun », précise-t-on également.

« Ce n’est pas donné encore. Tant que le feu n’est pas maîtrisé, ça peut changer de bord, et ça se peut qu’on doive évacuer à nouveau des gens, donc tout ça reste incertain encore », dit Isabelle Lessard.

Un centre d’hébergement a été ouvert dans le complexe sportif de la ville voisine, Chibougamau, afin d’accueillir les évacués.

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, affirme de son côté que la situation est « sous contrôle », mais que l’incendie de forêt à Chapais reste « préoccupant ». « Ce matin, ça redevient un peu plus normal, mais on reste aux aguets. On espère un peu de pluie », a-t-il ajouté en point de presse à l’Assemblée nationale.

Avec Fanny Lévesque, La Presse