L’électrification des fameux autobus jaunes transportant des écoliers au Canada progresse « trop lentement », selon une nouvelle étude. À peine 1 % d’entre eux roulent à l’électricité actuellement, affirme un regroupement qui appelle les gouvernements à accélérer le pas en la matière.

L’état des lieux au Canada

À ce jour, il existerait environ 300 autobus scolaires entièrement électriques au Canada, selon l’étude pilotée par l’Alliance canadienne pour l’électrification des autobus scolaires (ACEAS), Équiterre et Green Communities Canada. Du nombre, 130 seraient au Québec, qui fait office de leader au pays, 84 à l’Île-du-Prince-Édouard, 52 en Colombie-Britannique et 20 en Ontario. Ces données ne sont toutefois que partielles, et excluent plusieurs acquisitions récentes. Le gouvernement Legault affirme en effet que le Québec dispose, en date de mai 2023, de 766 bus scolaires entièrement électriques. Quelque 530 autres seraient d’ailleurs déjà en commande. N’empêche, sur le parc total d’autobus, qui oscille entre 45 000 et 50 000 véhicules, c’est encore bien peu. « On est au début de tout ça, mais les opportunités sont grandes », affirme le directeur des relations gouvernementales d’Équiterre, Marc-André Viau. « Un autobus scolaire a un trajet prévisible pour la recharge. C’est un candidat très propice à l’électrification. »

Des cibles au Québec

Au Québec, le Programme d’électrification du transport scolaire vise « un taux d’électrification de 14 % d’ici mars 2024 » pour les autobus jaunes. D’ici 2030, l’électrification de 65 % du parc d’autobus scolaires permettrait d’éviter près de 800 000 tonnes de gaz à effet de serre (GES). Dans le secteur urbain, la transition est aussi en cours : Nova Bus, qui vient de décrocher un contrat de 2,2 milliards pour fournir 1230 autobus électriques aux sociétés de transport d’ici 2027, le démontre. À ce jour, la Société de transport de Montréal (STM) ne dispose que d’une quarantaine de bus entièrement électriques sur ses 2000 véhicules. Environ 150 nouveaux bus électriques arriveront toutefois d’ici 2027.

Hausser le taux de conversion

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

« Il y a de nombreuses actions qui peuvent être prises pour éliminer les obstacles et aider les opérateurs à augmenter le nombre de bus scolaires électriques sur les routes », affirme l’un des auteurs de l’étude, Jeff Turner, aussi directeur de la mobilité chez Dunsky Énergie. Parmi les pistes privilégiées, on suggère entre autres « d’augmenter le taux de conversion du parc d’autobus scolaires » pour atteindre 100 % d’autobus scolaires électriques d’ici 2040. Il faudrait commencer à en électrifier « au moins 2850 par an dès 2023 sur 17 ans » pour atteindre « une conversion moyenne de 48 450 autobus en 2040 », affirme le rapport.

1,25 milliard en capital annuel

L’étude fait aussi le constat qu’il faudra forcément augmenter les investissements annuels. Ses auteurs estiment plus précisément qu’il « sera nécessaire d’investir 1,25 milliard de dollars en capital annuel pour soutenir la transition en prolongeant les programmes de financement fédéraux existants pour les autobus scolaires électriques et l’infrastructure de recharge ». Les programmes devront aussi « devenir plus accessibles » pour rendre les autobus « plus abordables ». « Accélérer l’adoption des bus scolaires électriques est une occasion d’améliorer la santé des enfants et de les impliquer dans une solution climatique vitale », affirme en ce sens la directrice de Green Communities Canada, Brianna Salmon.

Éduquer, sensibiliser, financer

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Assemblage d’autobus scolaires électriques chez Lion Électrique

Selon Marc-André Viau, l’essentiel est d’avoir un cadre réglementaire « strict ». « Un objectif peut rester un objectif bien longtemps si tu ne mets pas en place des moyens pour y arriver », dit-il. Pour le reste, juge le responsable d’Équiterre, il faut « multiplier les programmes de sensibilisation » et d’accompagnement auprès des opérateurs, en matière de main-d’œuvre notamment. « Au Québec, la durée de vie d’un autobus scolaire est de 12 ans, mais on a étendu ça à 14 ans pour être capable d’acquérir des bus électriques. Parfois, il vaut mieux retarder pour ne pas être obligé de remettre des autocars au diesel sur les routes », conclut-il.