Des Autochtones forcent la fermeture de nombreux chantiers forestiers de la réserve faunique des Laurentides depuis mardi, réclamant l’arrêt des coupes en cours au sud du lac Kénogami.

Un groupe d’Innus et d’Atikamekws réunis au sein du Collectif Mashk Assi, appuyé par des non-autochtones, a bloqué l’accès à un chemin forestier menant à ces chantiers à la hauteur du kilomètre 216 de la route 175, au sud de Saguenay.

« On prévoit rester tant que les coupes n’auront pas cessé officiellement », a déclaré à La Presse Michaël Paul, porte-parole du Collectif Mashk Assi.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU COLLECTIF MASHK ASSI

Un groupe d’Innus et d’Atikamekws réunis au sein du Collectif Mashk Assi, appuyé par des non-autochtones, bloquent l’accès à un chemin forestier à la hauteur du kilomètre 216 de la route 175.

Le groupe dénonce le « saccage » du Nitassinan, le territoire ancestral, par les entreprises forestières à qui le gouvernement québécois a octroyé des autorisations de coupes.

« Jamais nous n’avons consenti à ces coupes forestières », affirme le Collectif Mashk Assi, qui a apposé des affiches sur la machinerie d’une dizaine d’entreprises durant la fin de semaine, les sommant de quitter le territoire, et envoyé des avis d’expulsion par courrier recommandé, lundi.

« En détruisant nos forêts, vous détruisez notre milieu de vie et vous violez notre droit de léguer notre territoire, notre identité, et notre mode de vie ancestral aux générations futures », mentionne l’avis d’expulsion, a indiqué le collectif dans une publication sur les réseaux sociaux.

La fermeture du chemin forestier s’est faite sans incident, a indiqué à La Presse Éric Rousseau, directeur général de la coopérative forestière Lignarex, une des entreprises touchées.

« On a pris la décision d’arrêter les opérations forestières en espérant une certaine ouverture de leur part », a-t-il expliqué.

On ne veut pas envenimer les choses, on ne veut pas de confrontation. Ce n’est pas dans nos valeurs de confronter les gens, on a choisi d’y aller avec la médiation.

Éric Rousseau, Lignarex

Le groupe Lignarex se dit prêt à « modéliser les opérations forestières » pour que chaque partie y trouve son compte, en évitant par exemple des secteurs « plus chauds », où il y a des « enjeux particuliers ».

La coopérative forestière est néanmoins étonnée du coup d’éclat du Collectif Mashk Assi.

« On tombe des nues, ça fait trois ans qu’on va récolter sur le même territoire », a déclaré M. Rousseau.

« Les cours des moulins sont vides, c’est du bois qui est essentiel pour alimenter les usines », poursuit-il.

Appui de non-autochtones

Les revendications du Collectif Mashk Assi ont reçu l’appui de l’Association pour la protection du lac Kénogami (APLK), qui réclame elle aussi l’arrêt des coupes forestières dans le secteur.

L’APLK « invite le gouvernement du Québec à entendre les préoccupations du Collectif Mashk Assi, dont la voix s’ajoute à celles de dizaines d’autres citoyens et groupes de la société civile qui réclament depuis des années la création d’une aire protégée au sud du lac Kénogami », a déclaré l’organisme dans un communiqué.

Ce projet d’aire protégée est appuyé par la Ville de Saguenay, les groupes environnementaux et différents scientifiques, rappelle l’APLK, qui interpelle la ministre responsable du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Andrée Laforest, et la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïtée Blanchette Vézina.

« Le gouvernement doit entendre les préoccupations des Innus et, plus largement, l’appel de la population », affirme le porte-parole de l’APLK André Douillard, cité dans le communiqué.

Le projet d’aire protégée vise notamment à préserver la qualité du lac Kénogami, qui est la source d’approvisionnement en eau potable de plus de 80 % de la population de la Ville de Saguenay.